Du symbole d’unité et d’union nationale de la marche du 11 janvier 2015 au symbole de division et d’inégalité de janvier 2016…
Par Emmanuel Marcilhacy , chroniqueur
Le débat sur la déchéance de nationalité a occupé une place importante dans la vie politique de ce début d’année après une année 2015 marquée par des attentats d’une rare inhumanité. Face à cette situation et après la marche du 11 janvier 2015 et les différents recueillements qui ont eu lieu lors des attentats de novembre dernier, la France et les français ont su faire ressortir ce qu’ils ont de meilleur : une humanité exprimée par une grande fraternité et une solidarité réelle avec une volonté affichée d’unité face à ces drames. Ce fût de très beaux symboles exprimés, allant chercher chez chacun d’entre nous ce qu’il avait de meilleur.
Puis il y a janvier 2016… Où l’on veut créer un autre symbole : la déchéance de nationalité pour les binationaux… Même si les arguties et les hypocrisies verbales font que cela ne sera pas écrit et voter en ces termes, le résultat sera le même. Alors l’un des fondements de notre République (je veux parler de l’égalité de statut en tant que français) ne sera plus. Car, en créant des conséquences différentes selon que l’on soit binational ou pas (déchéance de nationalité ou pas), cela revient à institutionnaliser deux catégories de français (les binationaux et les autres). Est-ce que notre chère nation, pays des droits de l’homme, puisse dans sa propre constitution être à l’origine du fait que l’on en arrive symboliquement à une telle différenciation ? Si tout le monde s’accorde à dire que cette notion de déchéance n’aura aucune incidence sur la sécurité de nos compatriotes face à la barbarie, si l’on sait qu’il existe déjà dans la loi des mesures fortes telles l’indignité nationale, l’interdiction des droits civiques alors pourquoi prendre une mesure symbolique (car c’est comme cela qu’elle a été présentée) qui divise et qui par là même crée un symbole négatif ?
Oui, l’on doit tout mettre en œuvre pour essayer d’éradiquer le terrorisme, oui l’on doit punir et mettre au banc de la société avec la plus grande fermeté ceux qui commettent ces actes odieux, oui ceux qui commettent ces crimes ne méritent pas d’être français, mais ne remettons pas en cause le symbole de l’égalité inscrit au fronton de toutes les mairies des villes et villages de France ! Ne créons pas dans notre constitution un symbole qui divise et qui différencie! Souvenons-nous du symbole d’union nationale qui nous a tant unit en 2015 face aux horribles attentats !
Alors Mesdames et Messieurs les politiques, de droite comme de gauche, ne mettez pas à mal ce qui fait la valeur de notre nation en votant un symbole négatif. N’oubliez-pas les beaux symboles de 2015, n’oubliez pas le symbole de l’égalité, restez fidèles à ce qui nous unit :
« liberté, égalité, fraternité » !