« Vers de nouveaux sommets », telle est l’ambition que se sont donné les 5 000 chercheurs et étudiants participant à la 85e édition du congrès annuel de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS), qui s’est déroulé du 8 au 12 mai. Cette année, c’est l’Université McGill qui accueillait ce grand rendez-vous multidisciplinaire de la recherche et de l’innovation.
Par Anne-Hélène Mai et Alizée Calza
Un congrès de renommée internationale
Depuis 1923, l’ACFAS permet à des chercheurs francophones du monde entier d’échanger leurs résultats de recherche et de faire prendre conscience de l’importance de leurs découvertes à la société. Si des activités sont proposées toute l’année à des étudiants, ce congrès est l’événement-phare de l’organisme. C’est l’un des seuls congrès multidisciplinaires au monde, version francophone de l’American Association for the Advancements of Science.
Son programme évolue constamment, au rythme des avancées de la recherche, mais aussi en lien avec les enjeux émergents. Cette année par exemple, de nombreux colloques abordent les changements climatiques et le développement durable. Frédéric Bouchard, président de l’ACFAS, prévoit que l’année prochaine sera marquée de sujets sur le populisme, symptôme du sentiment de perte de pouvoir des individus. Pour lui, le savoir est le remède.
Un moyen de s’adresser à la société
En plus de la communauté scientifique, des élus et citoyens sont au rendez-vous. Ce public divers oblige les chercheurs à adapter leur discours. Ce terme d’adaptation est cher à Frédéric Bouchard, qui le préfère à celui de « vulgarisation ». Selon lui, ce n’est pas une simplification, mais une traduction dans le but d’un possible dialogue.
Une des missions que se donne l’ACFAS est d’encourager les techniques de communication chez les chercheurs. Le concours Ma thèse en 180 secondes et l’exposition La preuve par l’image mettent au défi les scientifiques d’expliquer leurs recherches de façon concise et éloquente à un public non-initié.
Toujours dans cette intention de s’adresser aux plus de personnes possibles, l’ACFAS propose le programme Science-moi. Ces activités grand public sont gratuites et se sont déroulé du 4 au 11 mai sur des thèmes aussi variés que l’agriculture avec la visite de la ferme de McGill, que la musique ou l’urbanisme. Selon Frédéric Bouchard, le goût au savoir s’apprend, comme la gastronomie, dès le plus jeune âge.
« Lorsqu’on partage le savoir, on donne des outils aux individus pour prendre contrôle de leur propre destin. » Frédéric Bouchard
Des conférences spécialisées
Tous les domaines de la recherche sont représentés en marathon lors de ces quatre jours et il est impossible d’assister aux 213 conférences. Notre choix s’est arrêté sur l’éducation, domaine de recherche du Français Jean-Marc Lange.
Professeur à l’université de Montpellier, il a co-organisé avec Marc Barroca-Paccard, professeur à l’université du Québec en Outaouais, deux journées consacrées au thème « l’éducation à ». Ce terme désigne une forme d’éducation qui vise à pousser les apprenants vers l’action via une perspective généraliste. Par exemple, l’éducation à la santé, à l’environnement, à l’information rejoignent les agissements d’un individu dans ses multiples facettes, contrairement à « l’enseignement de » qui ne concerne qu’une discipline.
Dénonçant l’absence de reconnaissance de cette discipline et le manque de robustesse méthodologique dans leur conférence d’introduction, ils espèrent ouvrir des pistes de réflexions pour de futures recherches. D’ailleurs, l’un des buts principaux de ces congrès est d’encourager les rencontres entre confrères et de futurs partenariats. Au début de la conférence, les deux chercheurs proposaient d’inscrire son nom sur un carton vierge et de le relier à ses connaissances pour favoriser le réseautage.
Les différentes conférences des jours suivants offrent de creuser le sujet sur des points spécifiques à la matière et proposent de nouvelles problématiques pour faire évoluer cette science.
Les diverses approches propres aux nationalités des scientifiques enrichissent le dialogue sur « l’éducation à ». Selon Jean-Marc Lange, les chercheurs Québécois sont par exemple plus engagés et critiques que les Français, plus attachés à la neutralité dans la recherche.
(crédit photo: Alizée Calza et Anne-Hélène Mai)