En compétition dans la catégorie Focus de la 44ème édition du Festival du Nouveau Cinema (FNC), le film « ANNA« , réalisé par le Québécois Charles-Olivier Michaud, et avec pour premier rôle la Française Anna Mouglalis, a été présenté ce mardi 13 octobre à Montréal.
Par Rozenn Nicolle
Grand reporter et photographe pour un magazine québécois, Anna (Anna Mouglalis) enquête en Asie sur les femmes victimes du trafic humain, souvent capturées, torturées, vendues et réduites à l’esclavage sexuel par les Triades asiatiques, ces mafias modernes à la tête du crime organisé dans cette région du monde. Au fil de ses découvertes, et avec pour objectif de voir émerger la vérité pour que justice soit faite, la journaliste perd pied et se retrouve elle-même au cœur de cet engrenage de violence dont elle sort in-extremis. De retour à Montréal, Anna va devoir enquêter non plus sur l’histoire des autres mais sur sa propre histoire et va pour cela essayer de percer les secrets de Sam (Pierre-Yves Cardinal), un mystérieux québécois rencontré durant ses recherches en Asie, et compter sur l’appui de son amie et collègue, Sophie (Pascale Bussières).
[caption id="attachment_12253" align="aligncenter" width="640"] L’équipe du film ANNA lors de la Première à Montréal le mardi 13 octobre. (Rozenn Nicolle)[/caption]C’est avec cette histoire que Charles-Olivier Michaud boucle son 5ème long métrage. Mené d’un bout à l’autre par l’incroyable justesse de l’interprétation d’Anna Mouglalis, le film met le doigt sur le drame vécu par ces femmes à qui l’on détruit l’identité pour mieux les déshumaniser et les utiliser au sein des réseaux de prostitution. Une réalité à laquelle Charles-Olivier Michaud avait été confronté lors d’un voyage en Asie, comme il le confiait à La Presse lors du tournage en novembre dernier.
Mais pas seulement. Cette lourde question de société, qui fait toute la trame de fond du film, y est dépeinte comme aussi révoltante qu’ignorée, et c’est bien là l’autre point que le film cherche à dénoncer : l’indifférence occidentale de ces problèmes, trop exotiques et trop lointains pour dépasser les barrières de la loi de proximité de l’information. Mais, involontairement peut-être, la question de la vulnérabilité de la femme reporter passe presque avant ces deux enjeux tant le film est bâtit autour de la destruction et de la reconstruction de son personnage principal.
Marc-Olivier Michaud : « Je ne voulais pas que mes deux personnages soient québécois »Ce mardi 13 octobre, le film « ANNA » a été présenté pour la première fois au Québec, après avoir fait sa première mondiale lors du prestigieux festival international du film de Busan, en Corée du Sud, le 2 octobre dernier. En présence de l’équipe, le public montréalais a donc pu découvrir cette production dans le cadre du Festival du Nouveau Cinéma qui célèbre cette année sa 44ème édition.
« C’est délicieux d’être ici, car ce film, on s’est battus pour le faire, on l’a porté à bout de bras » prend le temps de nous confier l’élégante Anna Mouglalis. L’égérie de Chanel, dont la filmographie compte plus de 25 long métrages dont Merci pour le chocolat, de Claude Chabrol ou encore Gainsbourg, vie héroïque de Joann Sfar, avoue que c’est la première fois qu’elle tourne avec un réalisateur québécois, une expérience très positive selon elle : « Le système de hiérarchie est très différent avec celui de la France », explique-t-elle, évoquant la proximité avec les techniciens et toute l’équipe de tournage, notamment sa forte complicité avec le réalisateur. « En tout cas, c’est la première fois que je vois une équipe de tournage en combinaison de ski ! », conclut-elle dans un sourire.
Ce choix d’Anna Mouglalis pour le rôle d’Anna était une évidence pour Charles-Olivier Michaud : « Pourquoi Anna ? Mais parce qu’elle est sublime, elle m’inspire ! », nous confie-t-il avec enthousiasme quelques minutes avant le début de la projection. « C’est sa voix, son caractère, tout son personnage… et puis je ne voulais pas que mes deux personnages soient québécois, je voulais une interaction différente », a-t-il complété.
Une première association qui permettra donc aux Québécois de découvrir en salles, dès le 23 octobre, ce film puissant, dur parfois, mais presque poétique dans son rapport à l’image, tant dans la maîtrise des lumières et des prises de vue que dans le rapport à la photographie que développe la protagoniste. Le film sera également présenté une seconde fois dans le cadre du FNC ce vendredi 16 octobre au pavillon Judith Jasmin à 14:45.
Visionnez la bande-annonce du film : (Crédit photos : Rozenn Nicolle)]]>