La Vache, comédie française est arrivée sur les écrans du Québec, pour le plus grand plaisir de son acteur principal Fatsah Bouyamed. Lui, qui tient son premier grand rôle au cinéma a pu rencontrer les spectateurs québécois, venus très nombreux à la première du film au cinéma Beaubien de Montréal, le 12 octobre dernier.
Fatsah Bouyamed joue le rôle de Fatah, un paysan algérien qui rêve d’emmener sa vache Jacqueline au salon de l’agriculture de Paris. Après de nombreuses tentatives, il décroche son laissez-passer pour le salon, mais ne peut se payer un billet, que pour Marseille. Il décide alors de travers la France à pied, accompagné de sa vache. Un scénario qui paraît banal, mais qui révèle toute sa force dans l’interprétation de Fatsah Bouyamed. De la poésie, de la sensibilité, mais surtout l’image d’un homme avec une volonté de fer. « Je pense que c’est l’histoire d’un gars qui arrive à réaliser son rêve. On est tous un peu dans cette perspective-là, il faut juste prendre en compte qu’on ne peut pas y arriver tout seul. Il ne faut pas hésiter à aller chercher de l’aide. » Et c’est en demandant le gîte, le couvert, un peu d’aide que Fatah et Jacqueline progressent dans leur long périple à travers les régions de France. Des rencontres inédites, mais surtout un élan de solidarité qui tout en faisant sourire, fait perler de petites larmes sur les joues.
Un vent de solidarité
Cette solidarité, c’est l’essence même du film. Comme l’explique Fatsah, « Financer un film avec un acteur pas connu et une vache ce n’est pas évident. » C’est grâce à l’appui de son fidèle ami Jamel Debbouzze qu’ils ont pu réunir les moyens financiers nécessaires pour ce film. « Jamel a tout fait pour que les gens comprennent le film à la lecture. Parce que toute la poésie du personnage, elle ne se voit pas sur papier. » Deux ans plus tard, La Vache voit le jour, présenté et primé au festival de l’Alpe d’Huez. Un succès que l’acteur accorde au public « qui a su s’approprier le film. » Il n’est pas difficile de s’attacher aux personnages, à cette vache Jacqueline, aujourd’hui en retraite dans une ferme pédagogique pour animaux célèbres. « Tourner avec une vache c’est particulier. Ce n’est pas un animal qui se dresse. Elle a juste besoin de quelqu’un de confiance qui lui donne à manger, qui la nettoie et qui lui parle. On tisse un lien comme ça. »
L’immigration comme thème principal
Dans des temps où l’immigration peut sembler un sujet tabou pour certains, La Vache amène cette dose de fraicheur, d’humour sur un sujet qui s’y prête plutôt bien. « Nous, les immigrés |Fatsah Bouyamed est né en Algérie, mais à grandit en France|, on a envie d’en parler. On a beaucoup de choses à dire là-dessus. » Un sujet maitrisé par l’acteur, et délivré avec justesse et tendresse dans ce film, qui diffuse un beau message de tolérance. Mais pas que. « C’est aussi un film sur les rapports entre l’Algérie et la France. Même avec le passif. C’est un couple, ils se sont trompés, quitté, mais ils s’aiment toujours. »
La Vache, au-delà de sa mission presque éducative, rassemble les spectateurs autour d’un même sentiment : le bonheur. Le bonheur de voir cet homme, Fatah, se battre corps et âme pour mener à bien son rêve. Cet homme qui fera des rencontres qui bouleverseront sa vie. Si la vie de ce film dans les salles du Québec et du Canada pouvait être aussi longue que le nombre de kilomètres parcourus par Fatah et Jacqueline, ce beau message de tolérance et de solidarité persisterait.
(crédit photo : Conrad Vitasse)