La 21ème édition du festival international de courts-métrages Regard débute mercredi au Saguenay. Gaëtan Reine, un jeune cinéaste français étudiant à l’Université du Québec à Chicoutimi, présentera son film de fin d’études Hilarion dans le cadre de la compétition nationale du festival.
Finissant du baccalauréat interdisciplinaire en arts, Gaëtan Reine participe pour la première fois à la compétition officielle d’un festival international. Dans son documentaire poétique et intimiste que l’Outarde Libérée a pu découvrir en avant-première, il met en scène une après-midi à Paris avec son père Hilarion, qu’il ne voit que très rarement depuis leur séparation il y a plus de 20 ans.
Le réalisateur évoque avec pudeur sa relation compliquée avec ce père de 23 enfants. Au fil des séquences, le film dévoile un homme fantasque et charismatique, fier et intimidant. « L’idée de réaliser un documentaire sur mon père m’est venue assez naturellement, raconte Gaëtan Reine. Je le considère depuis toujours comme un personnage, quelqu’un de très complexe. »
Pendant 17 minutes, le vieil homme fait le show. Entre quelques pas de danse et une séance de lecture biblique, il évoque son enfance aux Antilles, son travail d’artiste amateur, ses infidélités.
Sa personnalité qu’on devine écrasante exerce une fascination certaine sur le spectateur, appuyée par les longs regards de défi mêlé d’amusement qu’il adresse à la caméra de son fils. La mise en scène sobre de Gaëtan Reine établit une proximité presque déstabilisante avec l’homme. « Je voulais que le spectateur ait le sentiment de rentrer avec moi chez mon père, d’être à mes côtés au moment de cette rencontre », explique le cinéaste.
Le film intègre des séquences d’animation en stop-motion réalisées par l’illustratrice saguenéenne Alexa Tremblay-Francoeur. Intégrés avec finesse, ces passages en noir et blanc renforcent l’aspect suggestif du film et appuient la voix-off du réalisateur lorsqu’elle évoque tout ce que le père et son fils ne se diront pas : la violence du foyer, la terreur de l’enfance, l’absence du père.
Des Antilles au Québec
De Paris à Chicoutimi en passant par la Guadeloupe natale d’Hilarion, le film s’enrichit des influences multiculturelles du réalisateur. « Mon père n’a rien de Saguenéen, et je ne pensais pas que l’exotisme de mon travail toucherait autant les gens ici », confie le réalisateur, agréablement surpris de sa sélection au festival Regard.
Cet exercice de cinéma-vérité constitue pour Gaëtan Reine une étape importante de son parcours, tant artistique que personnel. Après des années à travailler dans l’informatique et la réalisation de quelques courts-métrages amateurs, le jeune homme de 32 ans est arrivé à Chicoutimi en 2014 pour concrétiser ses ambitions cinématographiques.
La sélection d’Hilarion en compétition nationale du festival Regard représente l’aboutissement d’une démarche qui ne fut pas exempte de sacrifices, concède-t-il : « C’est la sortie d’un virage bien négocié. J’ai maintenant une grande ligne droite devant moi et l’envie d’appuyer à fond sur l’accélérateur. »
Déterminé à poursuivre son aventure cinématographique au Québec, il sait que le festival Regard donnera une visibilité inédite à son travail, et espère qu’elle l’aidera à concrétiser des projets encore plus ambitieux par la suite.
Le film sera projeté le mercredi 15 mars à 19h au Théâtre Banque Nationale dans le cadre de la soirée 100% Saguenay du Festival Regard.
https://vimeo.com/195540235
Infos festival : http://festivalregard.com/film/hilarion