L’innovation et la mobilité sont au cœur de la feuille de route, fixée par Émmanuel Macron à l’ambassadrice de France au Canada. Invitée du Conseil des Relations Internationales de Montréal (corim) hier devant un parterre de décideurs économiques, Kareen Rispal a esquissé les grandes lignes de la politique internationale et intérieure d’Emmanuel Macron, et tracé les axes des relations France-Canada.
L’innovation est l’un des quatre dossiers sur lesquels la France veut travailler avec le Canada. « On peut imaginer une collaboration fructueuse entre nos deux pays pour réguler les nouveaux acteurs du numérique », explique la diplomate française. Elle pense par exemple aux enjeux qui entourent l’intelligence artificielle, domaine dans lequel la France et le Canada sont très présents. « Le Canada et la France ont un savoir-faire et des technologies innovantes, et savent comment articuler le monde de la recherche et le monde des affaires », ajoute-t-elle.
Alors qu’elle a visité récemment MaRS, le gigantesque incubateur de start-up de Toronto, elle imagine des passerelles entre Station F, l’incubateur parisien lancé en juillet dernier, et les start-up canadiennes. « C’est une piste que j’ai lancée, pourquoi ne pas échanger les bonnes pratiques ? C’est le type d’action que je souhaite promouvoir », assure-t-elle.
La mobilité des jeunes et des chercheurs
À la mobilité des start-up entre les deux pays, Kareen Rispal ajoute aussi la mobilité des jeunes ou encore des chercheurs. Elle regrette que les étudiants canadiens ne soient pas aussi enthousiastes pour traverser l’Atlantique que le sont les étudiants français. Elle vante les qualités du programme Érasmus européen et suggère qu’un programme identique voit le jour entre la France et le Canada. « Il faut travailler aux partenariats entre universités françaises et canadiennes pour l’obtention d’un double diplôme », suggère la chef de la diplomatie française au Canada. Pourtant, elle rappelle que la France est engagée dans une vraie diplomatie étudiante, puisque l’Hexagone accueille 300 000 étudiants étrangers chaque année sur son sol.
Elle se réjouit en revanche d’une coopération très féconde pour les « post-doc » et les chercheurs, et souligne le récent accord entre les universités d’Ottawa, de Lyon et de Shangaï sur la neurochirurgie.
Climat, G7 et AECG
« La situation internationale et économique nous offre des opportunités pour développer les relations France-Canada », estime l’ambassadrice de France au Canada. Elle considère que les convergences de vues, notamment sur le climat, la lutte contre le protectionnisme, la lutte contre la fraude fiscale et le blanchiment vont y contribuer.
De plus, les présidences du G7, par le Canada en 2018 et par la France en 2019, vont permettre de travailler sur des dossiers portés par les deux pays : égalité des sexes, lutte contre le changement climatique, ou encore respect de la diversité. « Nos présidences vont montrer l’utilité des formats multilatéraux », ajoute la diplomate, pour reprendre le thème du multilatéralisme, cher au président Macron.
Elle se félicite de la mise en place de l’AECG. « Cet accord montre qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre le libre-échange et notre vision partagé d’un monde plus juste et plus respectueux en matière d’environnement », lâche la diplomate, en visant Donald Trump, « le voisin du sud, parfois facteur de complication ».
« Comme le Canada, la France a conscience que bons nombres de défis sont mondiaux : changements climatiques, lutte contre le terrorisme, vagues migratoires, et le développement technologique et numérique comme l’intelligence artificielle », considère la diplomate, qui a également défendu auprès de l’assistance, la politique intérieure, européenne et étrangère mise en place par Emmanuel Macron depuis son arrivée à l’Élysée.
Entrevue avec Kareen Rispal sur l’innovation:
(crédit photo: Nathalie Simon-Clerc)
Les conférences du Corim: www.corim.qc.ca/