Québécois depuis désormais plus de 25 ans, je m’insurge lorsqu’on me targue de « français » car j’ai tout fait pour m’intégrer au Québec ma nouvelle patrie. Je me sens plus québécois que canadien et plus canadien que français. J’apprécie donc lorsqu’on me dit « d’origine française ». Mais, aujourd’hui, les résurgences de mes ancestrales origines andorranes, ont fait bouillir mon sang mauresque (car comme disait ma mère « nous avons des descendances espagnoles, donc maures »). Je me suis senti d’un coup redevenu Français quand j’ai appris la nouvelle de l’attentat de Paris. Je me suis senti atteint au plus profond de mon corps. Un frère, des frères ont été lâchement assassinés par des gens sans scrupules, sans humanisme et sans patrie. Pacifiste viscéral, je sens subitement monter en moi le désir de vengeance, la haine et la colère s’éveiller, la clémence s’estomper. Mais non, ces gens abjects, ces fanatiques incontrôlés, ces kamikazes esseulés ne méritent même pas une pensée. Pourtant, désormais, des amis, des voisins, des inconnus qui n’ont rien à voir avec eux, vont devoir passer des contrôles plus sévères, vont être suspectés, vont subir l’affront de justifier leurs allées et venues, vont perdre leur liberté. Car il s’agit bien de liberté. Cette atteinte aux libertés d’expression, aux libertés de la presse, aux libertés individuelles, est une atteinte aux droits de l’homme, ces droits universels qui permettent à chacun de vivre en paix. Faites messieurs que ces droits vous permettent de vous exprimer dans le pacifisme, faites que ces droits vous autorisent à penser différemment, faites que ces droits vous interdisent s’assassiner des innocents sans défense qui ont eux aussi le droit de s’exprimer autrement. JE SUIS CHARLIE, moi aussi. Je demande moi aussi à pouvoir m’exprimer comme je l’entends, sans contraintes, sans bornes et avec humour si je le juge nécessaire. Je suis français, oui, de ceux qui défendent toutes les libertés, de ceux qui respectent les libertés de tous. André Librex, artiste peintre Par ailleurs, André Librex a fondé au Québec, la première exploitation de lavande, le Lavandou (Illustration : André Librex)]]>