Véronique Loiseau est une des femmes françaises les plus influentes du Québec. À la tête de la Chambre de Commerce et d’Industrie française au Canada depuis plus de 5 ans, elle a profité hier de la Journée internationale de la femme, pour revenir sur son parcours de femme dans un milieu d’hommes, et sur les différences entre sociétés française et québécoise.
Femme au parcours atypique, Véronique Loiseau a travaillé longtemps dans le domaine aérien. Anciennement négociatrice pour Air France, elle a voyagé beaucoup et partout, et s’est même expatriée en Chine puis aux États-Unis, avant de venir poser ses valises au Québec « un peu par accident » en hiver 2001. C’est ici où, quelques années plus tard, la belle opportunité de se charger des communications et des événements de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française au Canada (CCIFC) lui a été proposée. Elle a su remanier ce qui était à l’origine un travail de « junior », pour en faire un poste-clé, lui donnant ainsi une place de numéro 2 au sein de l’organisation. C’est donc naturellement qu’en 2010, suite au départ du directeur général, Véronique Loiseau reprend les rênes de la CCIFC.
« Ce que j’aime dans ce que je fais, c’est que chaque jour est différent. On arrive le matin, on ne sait pas ce qui va arriver, et on a des tas de missions à accomplir parce qu’on touche à tout : aux événements, aux activités, au service d’appui, au milieu des affaires. (…) Je suis purement et simplement une présidente de PME, mais une PME qui ne m’appartient pas », résume Véronique Loiseau. Et lorsqu’on lui demande quelles qualités sont nécessaires pour mener à bien une telle mission, la directrice générale sourit : « Cela demande une vision d’entrepreneur, un esprit politique et diplomatique, un esprit commercial également et puis il faut bien connaître le marché : s’informer dans les deux pays. Et du courage ! Il s’agit vraiment d’avoir une main de fer dans un gant de velours ». Des compétences qu’elle-même serait tentée d’attribuer à des « habilités particulièrement féminines ».
« Être une femme au Québec c’est tout de même beaucoup plus confortable »
Femme d’affaires à la tête d’une organisation dans un milieu réputé masculin, Véronique Loiseau se souvient de ses premiers temps à la direction de la Chambre de Commerce : « Lorsque j’ai été nommée, on me posait beaucoup de questions, il fallait que je rassure, alors qu’on mon prédécesseur, lui, n’en avait pas eu besoin ».
En ce dimanche 8 mars qui marque la célébration dans le monde de la Journée internationale de la femme, événement issue des luttes féministes en Europe et aux États-Unis du début du XXème siècle, Véronique Loiseau nous donne son sentiment sur cette journée particulière, et plus précisément sur les différences entre les approches françaises et québécoises : « Au Québec, la journée de la femme est quelque chose d’évident et d’agréable à fêter. Je ne sais pas si en France c’est le cas parce que j’ai l’impression qu’être une femme à la tête d’une organisation en France est beaucoup plus difficile ; on reste dans un univers très machiste », nous confie-t-elle. Puis d’ajouter : « Parfois j’oublie ma position de femme directrice générale, mais quand je rentre en France, les hommes ont tendance à moins me considérer (…) Être une femme au Québec, c’est quand même beaucoup plus confortable ».
Mais la femme d’affaires tempère tout de même : « Certes, ici ce n’est pas un combat quotidien, on n’a pas à se justifier d’être une femme comme on peut le faire en France, mais les salaires sont tout de même moins importants; il n’y a pas assez de femmes dans les conseils d’administration, il y a encore beaucoup de choses à améliorer, beaucoup de choses à faire » conclut-elle.
(crédit photo : Rozenn Nicolle)
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