Candidate des Insoumis aux élections législatives pour la circonscription d’Amérique du Nord, Clémentine Langlois fait ici ses premiers pas en politique. Éléonore Gachet, candidate choisie en janvier dernier, a été évincé au profit de la candidate d’Ottawa au début du mois de mai. Motif officiel? Le mouvement s’est considérablement agrandi depuis janvier (il compte désormais plus de 300 adhérents en Amérique du Nord) et de nouvelles élections étaient devenues nécessaires. Eléonore Gachet n’était plus candidate, c’est Clémentine Langlois qui a été élue.
Par Yan Brassard et Camille Balzinger
Installée à Ottawa depuis 2016, la candidate de 44 ans est spécialiste en épidémiologie et active dans le domaine de la santé, ainsi que créatrice de l’association Fongwama oeuvrant au développement d’applications open source au Congo tant dans le domaine de la santé que de l’éducation.
Clémentine Langlois a découvert le mouvement des Insoumis à Paris dans le 15ème arrondissement, le premier groupe actif. Engagée dès les prémices de ce dernier, elle participe activement aux actions menées et aux consultations citoyennes du rassemblement. Lorsqu’elle s’expatrie au Canada, elle devient co-animatrice du groupe des Insoumis local. Son désir de s’engager comme élue lui vient d’une envie de changement, de mise en oeuvre des solutions proposées par les Insoumis et qu’elle considère universelles, consensuelles et idéales. C’est aussi de l’envie d’assurer un avenir plus brillant pour ses deux enfants que lui vient cette volonté de promouvoir et d’incarner l’engagement citoyen.
Relancer l’économie française
Ce qui motive l’engagement politique des militants de la France Insoumise est le désir de construire une société plus humaine, selon elle : “Il n’y a aucune négociation qui pourra remettre en cause ce sujet”.
C’est d’ailleurs sur la base de ce postulat qu’elle remet en question le CETA, l’accord de libre-échange signé entre le Canada et l’Union européenne. Elle affirme que la priorité du mouvement de gauche radicale est de relancer les petites et moyennes entreprises françaises alors que “l’objectif de cet accord est d’encourager les multinationales à inonder le marché français de produits qui ne sont ni écologiques ni respectables”.
Sur les préoccupations des entreprises françaises établies à l’étranger qui voudraient exporter leurs produits en France, elle rétorque que le programme de son parti est de relancer l’économie française.
L’impôt universel
Questionnée sur l’impôt universel annoncé par Jean-Luc Mélenchon au cours de l’élection présidentielle, elle se veut rassurante : “Si la personne a payé plus d’impôts dans son pays de résidence, elle n’aura pas à s’acquitter des impôts en France”. Selon elle, la majorité des Français résidant en Amérique du Nord ne sont pas touchés par cette imposition différentielle puisque la majorité d’entre eux paient déjà plus d’impôts ici.
La candidate, novice en politique, met beaucoup l’accent sur le rôle de la Francophonie : “Nous proposons des bourses d’échange du type Erasmus entre les étudiants qui habitent en France et ceux qui habitent dans les circonscriptions des Français de l’étranger”. Pour elle, c’est un moyen de renforcer les liens, déjà forts, entre la France et le Québec d’une part, et entre la France et l’ensemble du continent nord-américain. Elle remarque d’ailleurs que le programme de l’Avenir en commun offre du soutien aux lycées français à l’étranger.
Solidarité parlementaire
Elle n’a pas été tendre à l’endroit de son adversaire, candidat d’En marche, Roland Lescure. Elle lui reproche de “défendre un programme qui est tout sauf celui des Français à l’étranger”. Il ne lui fait aucun doute qu’il a des visées nationales, et qu’il n’a aucune chance d’avoir un ministère important.
Quant à savoir comment elle comptait mieux défendre les Français d’Amérique du Nord, elle s’est appuyée sur la solidarité des futurs députés Insoumis. « Cette solidarité, dit-elle, est un gage que la voix des députés de l’étranger sera renforcée. C’est tout le sens de notre engagement autour d’un programme commun”.
Elle conclut en insistant sur le caractère collectif de son action politique : “Ma candidature est celle d’un mouvement et je n’en suis que le porte-parole”.