Didier Farré est arrivé au Québec en 1970 sans emploi et sans un sou en poche. Aujourd’hui, il célèbre les 20 ans du Festival du film de l’Outaouais qu’il a créé par amour du cinéma. Pendant 30 ans, il a oeuvré à distribuer des films d’auteurs au Canada. Aujourd’hui, il est décoré par le Canada et par la France à un mois d’intervalle.
Cette 20ème édition s’annonce bien. Les salles sont pleines d’amoureux du cinéma, comme Didier Farré, qui « aiment le bon cinéma et la diversité ». Didier Farré voulait apporter un autre cinéma à Gatineau en créant ce festival. « Quand on arrive dans la trentaine, on réalise qu’un autre cinéma existe, souvent meilleur que le cinéma américain », justifie le directeur et fondateur du festival.
Par contre, il est exigeant sur les critères: « Il faut que ce soit des bons films, qui ne soient pas ennuyeux et qui les incitent à revenir », explique M. Farré. C’est ainsi qu’il a programmé dans le passé Intouchable ou Les Cerfs Volants de Kaboul.
Une 20ème édition de haut niveau
Pour cette 20ème édition du Festival du film de l’Outaouais, Didier Farré a fait les choses en grand: du 22 au 30 mars, les spectateurs peuvent voir 22 premières nord-américaines, parmi 73 films de haut niveau provenant de plus de 20 pays, ainsi que 80 films étrangers et 13 longs métrages québécois. L’année dernière, plus de 24 000 entrées avaient été enregistrées. Cette année, ce chiffre devrait être largement dépassé. Au fil du temps, le festival est devenu la deuxième source de revenus pour les producteurs québécois après Montréal, mais devant Québec.
D’ailleurs il pose un regard bienveillant sur le cinéma québécois « sur la bonne voie ». Il vante les qualités du scénario de « De père en flic ». Il espère bien un jour convaincre Xavier Dolan de prendre la présidence d’une édition du festival. Tous ses films, sans exception, ont été présentés au Cinéma 9. « J’aime beaucoup ce que fait Xavier même si j’attends un film ou ses acteurs seront moins énervés », s’amuse-t-il.
La naissance de Cinéma 9
Ce natif du Sud-Ouest de la France, arrive à Montréal dans les années 70 par hasard, le temps d’obtenir un passeport britannique pour retourner travailler en Angleterre, pensait-il… Didier Farré s’installe dans la métropole québécoise et crée une société de distribution de films. C’est lui qui propose Nikita, Le Grand Bleu, 37.2 Le matin, Bagdad Café, … en tout plus de 2 000 films dont certains tiennent l’affiche plusieurs mois à Montréal. En Outaouais, ça se gâte! Les films ne tiennent pas plus que deux ou trois jours…
C’est alors qu’il demande à Robert Labine, maire de Gatineau dans les années 90, de bâtir des salles de cinéma. Cinéma 9 est né. Didier Farré veut diversifier la programmation pour les habitants de la région. Il crée la Nuit du cinéma pour tester l’intérêt du public. « 23 films en un jour et une nuit sur deux écrans », se souvient-il. Si le public salue la programmation, il demande surtout au directeur du cinéma de mettre les films « à des heures normales » (!) C’est gagné, Didier Farré a conquis son public, le festival est né.
Une reconnaissance française et canadienne
Le 20 février dernier, il a été décoré des mains de la Gouverneure générale du Canada, Julie Payette. « J’étais très impressionné car j’ai été décoré en compagnie de gens qui ont accompli des actes de bravoure incroyables », s’étonne M. Farré. Le 23 mars, c’était au tour de la France d’honorer l’un des siens. Il a été élevé au grade de chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres par la France, pour sa contribution au développement du cinéma français. La décoration lui a été remise par Kareen Rispal, ambassadrice de France au Canada.
« Je ne cours pas après les décorations et je ne fais que mettre en valeur le talent des autres, mais je l’accepte volontiers, au nom des habitants de la région de l’Outaouais », fait valoir Didier Farré.
Festival du film de l’Outaouais, du 22 au 30 mars 2018: http://www.offestival.com/
C’est aussi des conférences, des classes de maîtres, des expositions et une compétition relevé puisque cinq films, inédits sur le territoire québécois, vont se disputer le Prix du jury: LE BRIO d’Yvan Attal, JUSQU’À LA GARDE de Xavier Legrand, JALOUSE du duo David Foenkinos et Stéphane Foenkinos, LES ENFANTS DE LA CHANCE de Malik Chibane, ainsi que MARVIN ET LA BELLE ÉDUCATION de la cinéaste Anne Fontaine.