Le résultat des Élections européennes a accéléré l’histoire. La dissolution surprise de l’Assemblée nationale annoncée dès dimanche soir par le président Macron a renvoyé les députés dans leur circonscription pour y mener campagne. Roland Lescure, ministre délégué de l’Industrie et de l’énergie, et député sortant, a annoncé qu’il briguait un nouveau mandat en Amérique du Nord. C’est un véritable challenge qui attend l’ancien Montréalais, dans une circonscription ou la gauche a fait plus de 47% des voix le 8 juin dernier.
L’ancien vice-président de la Caisse des Dépôts et Placements du Québec (CDPQ) se dit « inquiet et déçu » du score du Rassemblement national (RN) de Jordan Bardella, dont il compare le programme à celui de Donald Trump.
Les électeurs d’Amérique du Nord, qui ont élu Roland Lescure par deux fois, ont cette fois-ci plébiscité les trois partis de gauche.
Une circonscription à haut risque
À Montréal, le PS (22,22%), LFI (20,78%) et les écologistes d’EELV (18,97%) s’installent durablement dans le paysage politique avec 62% des voix. Largement en tête en 2019, les écologistes cèdent les deux premières places aux socialistes et aux insoumis en 2024.Le parti de Roland Lescure est loin derrière avec 15% des voix (la moitié des voix d’Émmanuel Macron en 2022). L’extrême-droite reste stable à 10%.
À Québec, la gauche s’installe en tête du paysage politique avec 46% des voix, reléguant le parti de Macron à 15% des voix (30% pour le président Macron en 2022). C’est également la progression de l’extrême-droite qui marque cette élection puisque Jordan Bardella et Marion Maréchal cumulent presque 22% des voix (20% lors de l’élection présidentielle).
La tendance est la même dans la circonscription de Roland Lescure dont la réélection va être difficile. La candidate Renaissance, Valérie Hayer, est arrivée en tête avec 25,52% des voix, talonnée par Raphael Glücksman (21,08%); mais les trois partis de gauche, qui ont noué un accord national lundi soir (10 juin 2024), ont rassemblé 47,76% des électeurs. Le risque de l’extrême-droite, agité par Roland Lescure, est peu probable puisque les partis de Marine Le Pen et de sa nièce cumulent 12,50% des voix.
Dans une entrevue donnée à Patrick Lagacé hier sur 98.5FM, Roland Lescure se place déjà dans l’hypothèse d’une alliance avec des partis « raisonnables » de centre droit et de centre gauche, pour trouver « une autre majorité », et qualifie les résultats de « pas bons ».
« C’est un virage historique, une élection historique »
Roland Lescure sur 98.5FM
Commentant les 35% pour les partis d’extrême-droite, Roland Lescure s’interroge: « Est-ce un vote de colère ou un vote d’adhésion » ? « C’est un virage historique, une élection historique », assure le député sortant, qualifiant la dissolution du président Macron de « choix audacieux ».
Du côté de Christopher Weissberg, suppléant de Roland Lescure, qui a siégé 22 mois à l’Assemblée nationale, l’heure est au « front républicain, des communistes aux LR, en excluant LFI, le RN et Reconquête ». « J’ai toujours cru à un chemin pour une coalition » expliquait-il aujourd’hui sur France-Info.
Avec une participation de 15% lors de ces élections européennes, Roland Lescure espère certainement réveiller son camp et inciter les électeurs à retourner aux urnes. Pari courageux mais risqué.
La déclaration de candidature de Roland Lescure: https://x.com/RolandLescure/status/1800465414662803829
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