La 18ème édition des Journées Québec a rencontré un franc succès à Paris les 26 et 27 mai derniers. Plus d’une centaine d’employeurs québécois ont recruté directement dans la capitale française, alors que l’économie de la province est au beau fixe et que la pénurie de main-d’oeuvre est criante dans certains domaines. De nombreux candidats français sont repartis avec un contrat en poche et s’apprêtent à rejoindre la province.
Par Romain Lambic
Un chômage très bas au Québec
Deux fois par an, depuis 2008, les Journées Québec à Paris permettent à de nombreux candidats français de rencontrer des employeurs québécois et de trouver un travail une fois sur place. La Délégation générale du Québec en France et ses partenaires, Montréal International, Québec International, Sherbrooke Innopole et la Société de développement économique de Drummondville (CLD Drummond), organisent ce rendez-vous bi-annuel, au printemps et à l’automne, qui attire toujours plus de candidats et de recruteurs. « Nous sommes passés de quelques dizaines d’entreprises participantes l’année dernière à une soixantaine en novembre et une centaine aujourd’hui, précise Claude Fradette, responsable de l’événement pour la Délégation générale du Québec. Cela reflète bien le contexte de l’emploi dans la province. Le chômage y est très bas, il avoisine les 5 %. Le revers de la médaille, c’est que les employeurs dans certains domaines rencontrent des difficultés à trouver de la main d’oeuvre pour combler les postes créés ».
Même constat du côté de Montréal International et de son directeur, David Lebel, présent sur place: « L’économie va très bien depuis une dizaine d’années, les entreprises ont donc de plus en plus de projets et il leur arrive d’avoir besoin de dizaines de profils spécifiques qu’elles ne trouvent pas forcément au Québec. Nous accompagnons sur cet événement une quarantaine d’entreprises qui recherchent des profils et des talents sur des postes spécifiques et pointus. Nous aidons ces entreprises à recruter sur la scène internationale des candidats qu’elles ne trouvent pas localement ».
Contrat de travail en poche !
Pour avoir accès aux Journées Québec, les candidats devaient s’inscrire en ligne et remplir leur profil en indiquant le métier recherché et ses compétences, ainsi que mettre un CV en ligne. Après une présélection réalisée par les organisateurs de l’événement, les recruteurs ont choisi les candidats à convoquer pour un entretien le jour J. Ainsi, la matinée des Journées Québec était réservée aux entretiens d’embauche, les candidats faisant souvent face à des recruteurs issues de secteurs en pénurie de main d’oeuvre. Ces candidats avaient la possibilité de revenir l’après-midi pour rencontrer librement les recruteurs qu’ils souhaitaient, de même qu’une sélection de candidats non convoqués. « Parmi les gens qui se sont inscrits sur la plateforme, nous regardons tous les profils qui semblent correspondre à des emplois proposés, nous les invitons à venir en formule libre, ainsi, ils peuvent se présenter librement aux entreprises », détaille Claude Fradette.
Plusieurs candidats sont repartis de l’événement avec un contrat de travail en poche, à l’image d’une candidate dans le domaine de la santé. « Je suis venue aux Journées Québec pour rencontrer le Groupement santé Québec pour un poste d’infirmière. J’ai passé un entretien au cours lequel le recruteur et moi sommes revenus sur mon parcours professionnel, sur mes compétences, ainsi que mes objectifs. Après un petit temps de délibération, j’ai été acceptée, j’ai eu ce poste au bout de 40 minutes !» D’autres n’ont pas eu la même chance, mais ne comptent pas s’arrêter là pour autant. « Je suis venu sur les Journées Québec pour passer un entretien dans le domaine pharmaceutique, nous raconte Ali. Je cherche un emploi en recherche et développement, en milieu académique ou dans le privé, mais l’entretien que j’ai eu ne correspondait pas à mes attentes, ils cherchaient plutôt quelqu’un pour la production. Toutefois, l’entretien s’est bien passé, l’approche québécoise est différente de l’approche française, c’est moins stressant. J’ai déjà travaillé au Québec pendant cinq ans à l’Université de Laval, mon but est de retourner au Québec, je continue d’y chercher un emploi ». Pour sa part, Jennifer, qui travaille en consultation informatique en tant qu’incident manager, n’a pas décroché de contrat. « Même s’il n’est pas concluant, l’entretien s’est bien passé, c’est un bon entraînement et cela me permet de savoir précisément quels sont les profils recherchés. Je suis revenue l’après-midi pour tenter ma chance auprès d’autres entreprises, qui ont peut-être des postes similaires à celui que je recherche. Dans tous les cas, avec mon conjoint, nous sommes déterminés et sommes prêts à entamer les démarches pour l’immigration ».
« Nous sommes surpris par la qualité des candidats »
Comme expliqué plus tôt, les recruteurs sont de plus en plus nombreux, le bouche-à-oreille et quelques organismes régionaux les ayant aidé à franchir le pas. « Chez Acces Industriel (vendeur, loueur et fabricant d’équipements spécialisé dans l’industrie minière), nous avons eu connaissance des Journées Québec par le biais du centre local de développement de notre région,Rouyn-Noranda, explique Daniel. Nous sommes venus à la précédente édition en tant que visiteur et cette fois, nous sommes venus en tant que recruteur. Nous sommes très agréablement surpris par la qualité des candidats et par leur intérêt pour la région ».
Pour Dollarama, le plus gros détaillant de produits vendus entre $1 et $3,50 au Québec, c’est le réseau qui leur a permis de participer pour la première fois aux Journées Québec. « Si nous venons recruter ici, c’est pour la même raison que beaucoup de recruteurs ici, confirme Carole. Le faible taux de chômage du Québec et la création de postes engendrent une pénurie dans certains domaines. Nous avons besoin de profils techniques et pointus, avec des compétences très spécifiques dans les technologies de l’information, nous avons également des besoins en logistique. Il y avait de belles candidatures avec des expériences variées, les candidats ont beaucoup d’intérêt pour la région ». Même son de cloche du côté de Giro, développeur de logiciels au service des transports en commun. « Cette année, le niveau des candidats est très bon, nous avons déjà un certain nombre de personnes que nous voulons voir dans le cadre d’une seconde entrevue via Skype, pour aborder les questions techniques. Si tout est bon, nous proposons le contrat et accompagnons le candidat dans ses démarches pour venir au Québec ».
« Il y a un vrai intérêt et dynamisme de la part des candidats, confirme David Lebel. À chaque mission, nous constatons que les gens viennent ici avec un projet concret. Pour la plupart, ils sont déjà décidés à venir au Québec, ils sont ici pour trouver un emploi. Je suis toujours impressionné par le niveau de préparation des candidats qui sont ici et qui préparent leur projet depuis un moment, ils viennent presque ici avec leurs valises ». Afin de permettre aux candidats recrutés de préparer d’ores et déjà leur venue au Québec, des partenaires de l’événement tels Desjardins étaient présents pour répondre à leurs questions.
Pour celles et ceux qui ont tenté leur chance pour cet événement, mais qui n’ont pas été retenus ou pour les personnes qui souhaitaient participer à la prochaine édition, le rendez-vous est fixé courant novembre 2018.
(crédit photo: Romain Lambic)