Les dernières décisions du gouvernement Philippe ont soulevé la controverse : de nombreuses voix se sont élevées pour exprimer un profond sentiment d’abandon vis-à-vis des Français de l’étranger. L’absence de ministre des Français de l’étranger, la suppression de la réserve parlementaire, additionnée aux récentes coupes budgétaires, témoignent d’une certaine indifférence de la part d’Emmanuel Macron, pourtant plébiscité par une écrasante majorité des électeurs établis hors de France.
Par la Rédaction (1)
« On a un sentiment d’abandon, on est passé sous les radars », se désole Olivier Piton, responsable des Républicains en Amérique du Nord et conseiller à l’AFE pour les États-Unis.
L’annonce faite au Journal Officiel le 21 juillet dernier, supprimant plus de 100 millions d’euros de crédits budgétaires au Ministère des Affaires Etrangères (MAE), fait l’effet d’une douche froide chez les Français de l’étranger en cet été caniculaire.
Pourtant, l’élection d’Emmanuel Macron en mai dernier avait soulevé un vent d’espoir chez les expatriés qui l’ont plébiscité à plus de 90% dans les urnes.
“L’annonce faite au Journal officiel du 21 juillet, annonçant des coupes importantes dans le budget du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, est à l’opposé des annonces du Président”, regrette Hélène Conway-Mouret, sénatrice socialiste et ancienne ministre des Français de l’étranger, sur son site Internet.
« Ce n’est même pas du mépris, c’est du déni ! », s’inquiète Olivier Piton, en rappelant que le président de la République n’a même pas cité une seule fois les mots « Français de l’étranger » dans son discours à Versailles, ni même le Premier ministre dans son discours de politique générale.
Alors que Jean-Yves Le Drian a assuré hier que l’enseignement ne serait pas touché, Olivier Piton reste dubitatif : « On a supprimé des budgets et on va trouver du financement pour l’enseignement par un coup de baguette magique ? ».
Disparition du secrétaire d’État dédié
En plus de ce décret, le poste de secrétaire d’État dédié aux Français de l’étranger n’a pas été renouvelé par le gouvernement Philippe. Créé sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy en 2011, il avait pourtant été maintenu sous les gouvernements Valls et Ayrault jusqu’au 10 avril 2017.
En revanche, le gouvernement Macron a réinstauré le poste de Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, disparu depuis l’ère Chirac. Jean-Baptiste Lemoyne hérite de cette fonction et œuvrera, entre autres, pour les citoyens vivant hors de France, a annoncé Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, hier, lors de la séance de questions au gouvernement.
« Jean-Yves le Drian, qui est lui-même très sensibles aux préoccupations des Français de l’étranger, a tenu à ce que Jean-Baptiste Lemoyne ait une responsabilité privilégiée sur ce sujet », précise Roland Lescure, député LREM des Français d’Amérique du Nord.
Le parlement ne dépensera plus
La suppression de la réserve parlementaire, annoncée le 28 juillet dernier, est perçue comme un signe de trop par les élus des Français de l’étranger, de l’indifférence du gouvernement à l’égard des Français établis hors du territoire français. Cette mesure, votée dans le cadre de la loi pour la confiance dans la vie politique, concerne toute la France mais pénalise plus particulièrement les expatriés.
Olivier Piton dénonce cette suppression et rappelle que les associations françaises à l’étranger, et notamment en Amérique du Nord, ne peuvent pas s’appuyer sur les collectivités locales, comme dans l’Hexagone. Il indique que le Sénat a proposé des solutions alternatives pour les Français de l’étranger, rejetées par la majorité en place. « On est dans un absolutisme borné », regrette M. Piton.
« On a demandé la mise en place de financements alternatifs, contrôlés par une commission sénatoriale, dans des domaines spécifiques, comme l’éducation, la culture ou la francophonie », fait valoir le conseiller à l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE) Les Républicains, par ailleurs candidat à l’élection sénatoriale.
[pullquote]« Que les sénateurs soient responsables d’une « cagnotte », j’ai l’impression qu’on se trompe de siècle, voire de millénaire », rétorque Roland Lescure.[/pullquote]
Le député LREM maintient que le parlement n’a pas vocation à dépenser. « Tout cela va continuer, mais de manière moderne », affirme celui qui préside également la Commission des affaires économiques de l’Assemblée Nationale.
Conscient que de nombreux organismes internationaux ont besoin de ces financements publics, le parlementaire LREM affirme que le gouvernement est déjà en train de chercher des solutions de remplacement: « La ministre, Nicole Belloubet, que nous avons interrogée dans le cadre de l’examen sur la loi confiance, a assuré de trouver les moyens pour continuer de financer ces organismes d’ici la loi de finance. »
Si la majorité des députés des Français de l’étranger (dont 10 sur 11 sont macronistes) étaient d’accord pour supprimer la réserve parlementaire, Meyer Habib, député UDI pour le pourtour méditerranéen, s’y est fermement opposé.
Même Frédéric Lefebvre, pourtant battu lors des dernières élections législatives, y va d’une pique dans un courriel adressé hier aux Français d’Amérique du Nord ; il s’en prend notamment aux députés LREM, disant d’eux “qu’ils ont mésestimé l’incapacité de l’Etat à être au plus près de notre réalité à l’étranger et notamment en Amérique du Nord.”
Au moment où nous interrogions Roland Lescure, l’hémicycle entrait en débat pour une dernière relecture de ce projet de loi « qui divise les modernes et les anciens » selon lui.
Le projet de loi de de finances sera débattu à l’automne. De nombreux sujets seront discutés en plus de l’attribution des fonds, comme la CSG-CRDS.
(1) Alizée Calza, Anne-Hélène Mai, Mathias Chevalier, Nathalie Simon-Clerc
(crédit photo: Nathalie Simon-Clerc)
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Annulations de crédits budgétaires : décret du 20 juillet 2017
Le gouvernement d’Édouard Philippe a décrété le 20 juillet dernier une compression budgétaire de plusieurs programmes relevant du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, ce qui affecte directement les Français de l’étranger. Voici les faits saillants :
- 22,5 millions (sur les 370 millions alloués en 2016) ont été coupés du programme “Français de l’étranger et affaires consulaires”. Ce programme concerne les services consulaires et administratifs en dehors de l’Hexagone.
- 120 millions (sur les 712 millions alloués en 2016) ont été coupés du programme « Diplomatie culturelle et d’influence ». L’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger (AEFE) est le principal bénéficiaire de ce programme qui touche également le tourisme et la promotion de la francophonie à l’étranger; la coopération culturelle et promotion du Français; l’enseignement supérieur et les recherches à l’étranger; la diplomatie économique et développement du tourisme.
J’oubliais les Lycées Francais de l’ Etranger la plus belle institution de développement de la langue française et de l’influence Française à l’étranger. Allez y démanteler ce réseau messieurs les politiques. Pour avoir vécu à l’extérieur de la France pendant toute ma vie active combien de fois ais-je vu les fils de Diplomate de tous les pays mettre leurs enfants dans ces Lycées et vu ces enfants dont les parents ne parlaient que la langue de leur pays ou l’anglais de « cuisine » avoir des enfants parfaitement francophone. Voila un investissement sérieux et profitable aussi bien intellectuel que mercantile. Coupons les budgets de ces établissements, grignotons ces financements pour des résultats pathétiques. De 5 ou 6 em puissance économique au monde avec de telles courtes vues nous arriverons facilement à la 10em ou 11em place. Voila votre façon de servir serviteurs qui « detruisez » la nation et son rayonnement.
Corrigez vos fautes de français SVP !
Savez-vous qu’il est impossible pour un citoyen Francais de l’étranger d’ouvrir un compte dans une banque Francaise !!! Qui est capable d’aider ces citoyens à régler le problème ?
Aucun élu depuis que les élus de l’étranger existent. Est-ce normal ??
Le panurgisme des électeurs me laisse pantois. Vous avez choisi vos élus, à vous de prendre vos responsabilités. Depuis le début ces Femmes et ces Hommes « nouveaux » étaient clairs sur leurs ambitions : être élu . Vos petits problémes , vos soi-disant difficultés ils s’en lavent les mains. Ils sont élus. Dans 5 ans ils reviendront avec des promesses, et vous les élirez.
Quand les électeurs votent maintenant pour les «beaux minois » qui ont bien pourtant annoncé leur programme mais les respectent plus ou moins en fonction des réalités politiques qui s’imposent à eux ou des pressions de la grande finance…
Résultat aussi de l’ère actuelle des infos instantanés en continu sans véritable analyse et d’une mémoire générale raccourcie de 5 ans,des retournements de veste à la dernière minute ,des défections opportunistes… …Il fallait s’y attendre non ? …CP
Si c’est pas une information tronquée, je me demande comment ça s’appelle !!