Alors que la Haute Autorité officialisait le rejet du recours déposé par Frédéric Lefebvre, le député d’Amérique du Nord a indiqué mercredi à Montréal, qu’il n’irait pas plus loin dans la procédure. Bien décidé à se représenter dans la circonscription en dépit de la mise en attente de son investiture aux législatives, il a réaffirmé son ancrage à droite.
Par Théodore Doucet et Yann Nopieyie
Frédéric Lefebvre est définitivement sorti de la course à la primaire. Suspendu au résultat de son recours, alors qu’il animait la réunion de rentrée des Républicains (LR) de Montréal, mercredi au restaurant Plein Sud, le député n’a pas voulu s’étendre sur cette décision, en précisant qu’il renonçait : « Je ne veux pas fragiliser le processus de la primaire. Je suis parfaitement respectueux des règles. » Dont acte. Quelques heures avant, la Haute Autorité de la primaire de la droite avait rejeté son ultime réclamation.
Malmené par ce qu’il a nommé les « péripéties de campagne », il était venu « prendre de l’oxygène et sortir de l’ambiance lourde qui règne en France » lors de cette rencontre avec une quinzaine de sympathisants LR et de l’UDI. Deux heures durant, il a défendu ses positions politiques : « Les deux choses qui me paraissent essentielles pour le pays sont le modèle social et la vision mondiale. Presque tous les candidats à la primaire ont repris le revenu universel, idée que je présente depuis le début.» Refontes totales du système social et du Régime social des indépendants (RSI), nécessité de replacer la France dans le concert des grandes puissances, les idées de l’ex-bras droit de Nicolas Sarkozy ont fusé: « Tous les relents identitaires et faux-débats qui animent la primaire sont assez embêtants. Dans ses propositions, Frédéric Lefebvre avance de réelles idées qui sont compatibles avec le centre, analysait Élias Ouannou, membre de l’UDI Montréal. »
« Les législatives ? Bien sûr que je me représente!»
« Mis en attente » par le bureau politique LR pour les prochaines législatives, l’élu des Français de l’étranger a balayé les doutes sur sa candidature à son propre siège de député à l’Assemblée nationale : « Bien sûr que je me représenterai, la question ne se pose pas. La règle dans ma famille politique c’est que les députés sortants sont automatiquement réinvestis. »
[pullquote]Bien sûr que je me représenterai, la question ne se pose pas.[/pullquote]
Frédéric Lefebvre a annoncé qu’il tiendrait ses administrés les premiers informés de ses futurs projets « dans les semaines et mois qui viennent, malgré les obstacles qu’on peut mettre sur ma route. » Pourrait-il quitter Les Républicains et rejoindre par exemple, Emmanuel Macron enclin à lui « tendre la main » pour intégrer son mouvement En Marche ! lors de leur rencontre à Lyon samedi dernier ? « Il n’a jamais été question de ça, réplique-t-il. La droite est ma famille politique depuis que j’ai 16 ans. J’entends bien y rester car je m’y sens très bien. »
Rester dans le parti LR malgré le « cynisme politique »
À son aise quand certains lui demandaient d’expliquer les grandes lignes de son programme, il en a profité pour s’insurger contre le « cynisme » des clivages politiques, lui qui a régulièrement voté en faveur des textes proposés par l’opposition. À demi-mot, il a fait comprendre que ses quelques prises de position contre la ligne de son parti lui ont valu de se retrouver dans cette situation. « J’ai le sentiment que vous n’êtes pas audible », a lancé une des membres de l’assistance. Réponse de l’intéressé : « On a un système médiatique qui ne s’intéresse pas aux idées. Ils veulent que les politiques se tapent dessus, cela ne m’intéresse pas. » Tout en regrettant que « la droite joue le jeu et se caricature en entretenant le débat identitaire. En tant qu’homme libre, j’essaie d’amener un changement d’attitude politique». Libre certes, mais peut-être hors des prochains débats de la droite.
(crédit photo : Théodore Doucet)