Jeanne Cartillier et Brigitte Badina présentent à Montréal,
une démarche de concertation menée sur le projet du Parc Blandan à Lyon.
Crédit photo : Nathalie Simon-Clerc
La langue française permet de nombreux échanges entre le Québec et la France. Au nombre de ceux-ci, les bonnes pratiques en matière de consultation publique. Depuis plus de deux ans, l’Office de Consultation Publique de Montréal (OCPM) et la Mission Participative du Grand Lyon (agglomération lyonnaise composée de 58 communes) échangent leurs expériences et s’enrichissent mutuellement d’idées nouvelles.
« C’est très enrichissant! On a beaucoup à apprendre l’un de l’autre », s’exclame Louise Roy, présidente de l’OCPM. Elle a accueilli la semaine dernière, une délégation lyonnaise de sept personnes de la Direction de la Prospective et du dialogue public du Grand Lyon, pour un séminaire de réflexion et d’observation sur les pratiques de consultation publique. À l’heure du bilan de cette troisième rencontre, Louise Roy veut s’inspirer des pratiques françaises qui placent le citoyen en amont du projet, et fait appel à sa créativité et son implication tout au long du processus. En France, le citoyen peut être porteur d’alternatives, ce qui n’est pas le cas au Québec. La présidente rappelle le cadre rigoureux et indépendant de l’OCPM qui permet de demander l’avis du public, afin que l’élu prenne une décision éclairée à l’issue de la consultation.
C’est précisément cette rigueur et cette indépendance que Jeanne Cartillier, Responsable de la Mission participative du Grand Lyon, veut introduire dans les pratiques de consultation à Lyon. « Nous sommes impressionnés par les règles claires et la transparence de l’OCPM », explique Jeanne Cartillier. Alors qu’en France, il y a une « confusion plutôt nocive des phases d’information et d’expression des points de vue », au Québec ces deux étapes sont distinctes. La délégation lyonnaise voudrait s’inspirer de cet exemple pour consolider une vraie phase d’information.
Jeanne Cartillier se dit également impressionnée par le respect du rôle de chacun dans le processus québécois : élu, fonctionnaire et citoyen. « À Lyon, on est dans la culture de la confrontation et de la polémique », ajoute-t-elle. En France, l’élu est porteur du projet, alors qu’au Québec il se retire de la consultation publique. Louise Roy envie pourtant le temps dont disposent ses homologues français, qui permet d’impliquer le citoyen très en amont, durant de nombreux mois, voire des années. « Ici, on a seulement trois mois », regrette-t-elle.
Les deux femmes s’entendent pour constater que, de part et d’autres de l’Atlantique, elles partagent les mêmes valeurs de participation citoyenne.
À son retour, et à la lumière de ce qui se pratique à Montréal, la délégation lyonnaise veut plaider en faveur d’un « tiers » indépendant pour la métropole de Lyon, qui permettrait de conduire des démarches participatives sur de grands projets. « Mais ça ne dépend pas de nous… », conclut Jeanne Cartillier, fataliste.