Numéro deux de la Fédération des Français de l’étranger du Parti socialiste (FFE-PS) et responsable de la section de Montréal, Ramzi Sfeir a déposé sa candidature aux prochaines primaires internes pour les élections sénatoriales, qui auront lieu dans un an et renouvelleront la moitié des 12 sénateurs des Français établis hors de France. Ce plurinational, Franco-palestinien, Canadien et Colombien confie à L’Outarde Libérée les idées qu’il défendra durant sa campagne auprès des militants socialistes, puis auprès des grands électeurs, et évoque son éventuel mandat pour les « concitoyens du monde entier », avec un accent particulier sur l’immigration.
Par Théodore Doucet
Quels sont les axes que vous défendez pour les Français établis hors de France ?
« On est très bien placé chez les Français de l’étranger pour regarder ce qui se fait à l’extérieur, pour lutter contre la radicalisation et le terrorisme, de quelle manière on peu importer cette lutte en France, comment créer des emplois. Ce que je veux faire c’est faire peser cette voix des Français de l’étranger qui sont citoyens à part entière.
Réformer l’immigration de A à Z
Je pense notamment à la CSG qui préoccupe la droite comme la gauche. J’ai eu l’occasion d’en parler lors de la réunion de la FFE-PS à Paris avec plusieurs ministres. Cette CSG, à l’étranger, est vécue comme une punition, alors que partout la communauté française s’implique, et contribue au rayonnement de la France partout ou elle est. Les dirigeants doivent enfin comprendre que la France se trouve là où sont les Français, et que les Français de l’étranger ne sont pas des exilés fiscaux.
Je veux me pencher aussi sur la question des visas que les États-Unis ont imposé aux Français originaires de certains pays ou qui ont séjourné dans certains pays. Eux discriminent, alors qu’en droit, tous les Français se valent. J’ai donc demandé au secrétaire d’État, Matthias Fekl, ce qu’on compte faire sur ces visas.
Enfin, et c’est ma grande priorité, je souhaite réformer l’immigration en France de A à Z, en partant de l’accueil en consulat jusqu’à l’obtention de la nationalité française, tout ça doit être codifié et être clair afin d’accueillir les gens convenablement. On se plaît à dire qu’on est un pays d’accueil , ce n’est pas forcément vrai : à partir de ce que l’on voit sur le terrain, nombre de personnes immigrantes se retrouvent à la marge de la société française à causes de nombreuses discriminations et stéréotypes qu’elles subissent. »
Le gouvernement français a déclaré la semaine dernière ouvrir ses portes à 24 000 nouveaux réfugiés, selon votre vision, que mettriez-vous en place pour les accueillir ?
« La question qu’il faut se poser est celle de la perspective pour ces gens là : Est-ce que ce sont des personnes qu’on reçoit temporairement jusqu’à ce que quelqu’un décide de les renvoyer chez eux parce que ça va mieux en Syrie ou ailleurs ? Il faut instaurer un processus pour faire en sorte que ceux qui veulent rester puissent le faire et leur fournir de l’aide pour qu’ils puissent créer des choses en France, par exemple des entreprises, parce que ce sont des gens qualifiés, qui ont eu une vie, des rêves, des expériences, et souvent plusieurs carrières avant d’être forcés de quitter leur pays. La France a besoin de ces talents. À titre personnel, je suis internationaliste, je considère qu’on a un devoir d’aider ces réfugiés à continuer leur vie chez nous, parce qu’ils n’ont plus de pays. Si on les accueille chez nous, qu’on le fasse correctement. Le Canada l’a fait dans le discours, on attend à ce qu’il le fasse sur le terrain. »
Ce thème de l’immigration vous tient à cœur…
« Je suis né en Palestine d’une mère colombienne et j’ai grandi en France et vécu au Canada. Je suis pleinement Palestinien, pleinement Français, pleinement Colombien et pleinement Canadien. Je n’ai aucun problème à marier toutes ces cultures ensemble et à sortir quelque chose qui s’inspire de chacune. Si on peut prendre le bon de toutes ces cultures ensemble, on se fera le plus beau pays au monde. »
Les polémiques sur la déchéance de nationalité et le burkini : « des erreurs »
La gauche enchaîne les défaites électorales depuis 2012, quels espoirs portez-vous sur celles de 2017 ?
« On se présente à des élections pour les gagner. Ce ne sont pas les sondages qui font les élections, ce sont les citoyens qui votent, et parfois, ils font mentir les sondages. Maintenant il faut leur présenter un projet de société viable. Ça fait un moment que la gauche n’a pas gagné, avant c’était la droite qui ne gagnait pas, la politique est un cycle. Ça ne veut pas dire qu’on va perdre, je nous souhaite de gagner nous à gauche. On a un bon projet de société, on n’a pas fait que des bêtises depuis qu’on est au pouvoir. Néanmoins il y a des projets comme la déchéance de nationalité [projet constitutionnel abandonné par François Hollande] sur lequelle je m’inscris complètement contre, tout comme les paroles de Manuel Valls sur le Burkini : ce n’est pas son rôle de diviser mais de rassembler. Sans soutenir le Burkini, c’était difficile de voir cette photo de policiers municipaux en train de contrôler des femmes vêtues d’une manière qui n’était pas approuvée par un conseil municipal qui agissait en toute illégalité… Il y a encore du travail à faire pour promouvoir le vivre ensemble, j’espère que le PS et la gauche auront l’occasion de le faire. »
(crédit photo : Ramzi Sfeir – Gracieuseté)
170 sièges au Sénat seront renouvelés à la suite des élections sénatoriales le 24 septembre 2017. Parmi eux, six sénateurs représentant les Français de l'étranger seront élus par un collège formé des députés élus par les Français établis hors de France, des conseillers et délégués consulaires.