Robert Frosi est la voix du sport sur Radio-Canada. Ce franco-canadien, arrivé au Québec il y a 28 ans par amour, ne se borne pas à commenter des résultats mais porte aussi un regard sociologique sur un monde sportif en pleine évolution.
Les affaires de dopage, Robert Frosi fut l’un des premiers journalistes à les rapporter au Canada. C’est ainsi qu’il a commencé à s’intéresser à l’environnement du sport. L’économie, la sociologie, la médecine, les portraits humains lui ont permis de couvrir le sport d’une manière différente. « Le monde du sport est devenu une machine, et on est obligé d’aborder tout ça », justifie le journaliste, qui concède également que le métier de journaliste sportif a évolué à cause de cela. Il garde un souvenir de ses premiers reportages révélant des affaires de dopage : « on m’a dit que je crachais dans la soupe! »
Aujourd’hui M. Frosi regrette que l’Agence mondiale anti-dopage, créée pour confondre les tricheurs, soit surpassée par les autorités judiciaires et policières. « La judiciarisation du dopage amène beaucoup plus de résultats », lance-t-il. Il en veut pour preuve les enquêtes initiées par le FBI sur la FIFA depuis plusieurs mois.
« Le Canada pourrait bien embêter la France dans son premier match »
En spécialiste du sport, Robert Frosi se prépare à vivre la Coupe du monde de rugby qui débute aujourd’hui en Angleterre. Selon lui, les AllBlacks (Nouvelle-Zélande) reste la meilleure équipe du monde, par la constance de ses résultats, mais l’Angleterre et le Pays de Galles, jouant à domicile, pourraient également aller loin. Alors que le Canada et la France se trouve dans le même groupe de qualification, le journaliste y va de son pronostic : « Le Canada pourrait bien embêter la France dans son premier match ». Selon lui, avec ses joueurs costauds, l’équipe canadienne en pleine construction pourrait étonner et surprendre une équipe française, en proie à des problèmes d’égos et de clans. Il n’exclut pas non plus des surprises venant de l’Argentine et de l’Italie sur quelques matchs.
Le soccer canadien en pleine progression
[caption id="attachment_11922" align="alignleft" width="300"] Crédit photo : Ici Radio-Canada – Gracieuseté[/caption]Observateur du sport canadien depuis trois décennies, M. Frosi estime que le sport canadien est en pleine mutation. Le hockey reste le sport-phare mais il cède de plus en plus de place à d’autres sports dans les média, comme le soccer et prochainement le rugby. La Coupe du monde de soccer féminin qui s’est déroulé cet été au Canada a apporté de la visibilité à cette discipline. Pourtant le journaliste regrette le manque de vision et de moyens de Canada Soccer qui « n’a pas encore compris que le soccer est un sport mondial ». Il s’insurge : « Le Zimbaoué est devant nous (au classement FIFA), ce n’est pas normal! ». Il ajoute que d’excellents joueurs canadiens évoluent en ligue anglaise et que la MLS suscite de plus en plus d’intérêt. « On a des qualités de jeu équivalente à du soccer européen », assure M. Frosi.
Le journalisme canadien est plus ouvert qu’en France
Arrivé au Québec en 1987 pour épouser une Québécoise, le journaliste Robert Frosi est reparti de zéro. Il fait ses premières chroniques radiophoniques en 1990. « J’avais un petit pied dans la porte, j’ai fait en sorte qu’elle ne se referme pas », ironise-t-il. En 2014 encore, il animait Culture Physique à la radio de Radio-Canada, qui reste l’une des meilleures émissions sur le monde du sport.
Il porte un regard bienveillant sur le monde journalistique canadien, qu’il estime plus ouvert et moins hiérarchisé que dans l’Hexagone. « En France, les journalistes s’octroient des titres, c’est assez dingue », regrette le journaliste. Il dénonce également le népotisme dans les média français. « Je suis convaincu que je n’aurais pas fait la même carrière en France », conclut-il.
(crédit photo Une : Rugby World Cup 2015)
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