Guérir le cancer avec des jus de fruits et légumes… C’est l’objet du documentaire sur la méthode Gerson réalisé par la journaliste germano-tunisienne, Sarah Mabrouk, intitulé The Food Cure. Présenté en Amérique du Nord cet été, et au Cinéma du Parc à Montréal, le 22 juin dernier, le documentaire pourrait également être distribué en France sous peu.
C’est son scepticisme de citoyenne et sa curiosité de journaliste qui ont poussé Sarah Mabrouk à suivre six patients atteints d’un cancer de stade 3 ou 4, et quasiment condamnés par la médecine pour certains. Les six malades ont décidé de se détourner de la chimiothérapie traditionnelle pour expérimenter durant deux ans, la méthode Gerson, qui booste le système immunitaire pour permettre au corps d’éliminer les cellules cancéreuses.
La méthode Gerson
Les six patients, du Québec, de l’Ontario, de Suisse, de France ou encore des États-Unis, sont suivis durant cinq ans par la caméra de la réalisatrice, période nécessaire à la médecine traditionnelle pour déclarer une éventuelle rémission. Un camionneur de 70 ans, des femmes atteintes de cancer du sein ou encore un bébé de cinq mois, nous livrent leur quotidien, face à la maladie et aux contraintes de la méthode Gerson.
Mise au point dans la première moitié du XXe siècle par le professeur de médecine allemand Max Gerson, la cure consiste à presser et boire toutes les heures, des jus de fruits et légumes frais, et à faire des lavements de café plusieurs fois par semaine. Le professeur allemand aurait ainsi soigné plusieurs milliers de malades du cancer. Le nazisme va interrompre sa pratique; il s’exile aux États-Unis; les autorités américaines sont prêtes à financer une véritable étude scientifique sur sa méthode, puis … plus rien. Plusieurs parlementaires y renoncent. Le projet n’aboutira jamais. À ce jour, aucune étude scientifique n’a encore été menée pour valider les hypothèses du médecin allemand.
L’ombre de l’industrie pharmaceutique
« Les groupes pharmaceutiques n’ont aucun intérêt à financer ce genre d’études, mais les fonds publics des gouvernements, oui! », réclame la réalisatrice.
Tout au long du documentaire, le spectre de l’industrie pharmaceutique et le malaise des médecins face aux méthodes alternatives sont évidemment présents. Mais la réalisatrice reste dans son rôle de journaliste et n’émet ni avis ni conclusions. Elle présente des faits, même si on regrette l’absence de témoignages de Santé Canada, Bayer ou de la FDA.
« Je veux montrer au public qu’il y a d’autres choix et pousser les médecins et les chercheurs à considérer ce genre d’approche pour réaliser des études scientifiques », explique Mme Mabrouk. Elle ajoute que chaque année aux États-Unis, 5.7 milliards de dollars sont consacrés à la recherche contre le cancer, et « pas un centime pour les approches naturelles ».
Europe-Amérique, des approches différentes
Le documentaire met également en lumière les approches différentes suivant les pays. En Amérique du Nord, l’obligation de suivre les traitements de la médecine traditionnelle est forte. Les parents du petit Jeremiah ont dû s’exiler pour faire soigner leur bébé de cinq mois sous peine de poursuites légales avec contrainte.
En Europe, la loi est plus souple et permet aux patients d’envisager d’autres thérapies. Par contre, en France, il y a très peu d’informations en français sur les méthodes alternatives. Christine, la patiente française du documentaire, s’est vu refuser un suivi par le corps médical avec la méthode Gerson.
La réalisatrice ajoute que les situations européennes restent disparates. En Allemagne, le public et les médecins sont très ouverts aux thérapies alternatives contrairement à la France.
Une distribution sous peu en France ?
Le documentaire, en anglais et en français, pourrait bien également traverser l’Atlantique. « Je souhaite une sortie en salle sur les écrans en France, ou avec la formule sur demande », avance Mme Mabrouk. Cette formule permet aux citoyens de demander une projection via la plate-forme Fan-Force.com, qui s’occupe ensuite de l’organiser.
Un distributeur français s’est montré intéressé pour projeter le documentaire en salle, « mais rien n’est encore signé », précise la réalisatrice.
Sarah Mabrouk va maintenant se consacrer à l’écriture d’un livre pour compiler les nombreuses informations qu’elle a accumulé durant ces huit ans de recherche et de tournage, notamment de la part de plusieurs chercheurs.
Le site de Fan-Force: https://fan-force.com/
La page Facebook: https://www.facebook.com/thefoodcurefilm/
(crédit photo: Facebook)