Lors du festival Cinémania, qui a eu lieu du 3 au 13 novembre, Virginie Efira est venue présenter le dernier film de Justine Triet, Victoria. Un rôle sur mesure pour l’actrice qui a vécu une belle expérience de tournage.
Virginie Efira campe le rôle de Victoria, une mère de famille en début de quarantaine, célibataire, qui jongle entre vie professionnelle intense, rencontre d’un soir et vie de famille. Une vie très actuelle, dans laquelle beaucoup de femmes pourraient se retrouver. Pour Virginie Efira « Y’a quelque chose dans le film qui est très contemporain, on parle de réseaux sociaux, d’internet qui s’infiltre dans nos vies en 2016, l’ex qui met tout sur internet, le rapport entre l’intime et le public. » Des sujets qui semblent tout droit sortis de nos vies. Victoria, elle, cherche à tout prix à avoir le bon mot, à penser à tout, qui laisse très peu de place à ses vraies émotions « Pour les femmes, comme pour les hommes, c’est une société de résultats et de performances. C’est une fois qu’elle est au fond du trou que Victoria prend conscience de sa fragilité et de sa vulnérabilité. »
« Ce qui est misogyne c’est de penser que toutes les femmes sont des victimes par nature » est la phrase clé prononcée par Victoria. Pour Virginie Efira « Cette citation est excessivement juste. Victoria, ce n’est ni une Wonder Woman ni une soumise. C’est juste une femme. » Le film, qui ne se veut absolument pas moralisateur, met en avant une femme, 40 ans, belle, qui vit une vie à 1000 à l’heure, loin des préjugés.
« Tourner avec Justine Triet est une véritable expérience »
Être dirigé par une femme sur un tournage ne change pas grand-chose. Mais tourner avec Justine Triet est une véritable expérience que Virginie Efira a adorée: « Justine est animée par les choses, elle fait en sorte qu’on ne soit pas dans notre petit confort. Il faut qu’il y ait du bordel. » On peut retrouver cette folie dans le film avec la présence d’animaux, notamment un singe, ou un chien témoin d’agression. Rien n’est codifié, Justine Triet semble scénariser en mélangeant certains aspects de la vie, ajoutant une touche de drame, de comique par-ci par-là, qui crée un véritable lien entre le spectateur et le personnage de Victoria. Mais pas que! Virginie Efira était très attachée au personnage de Victoria, qui était un intelligent mélange entre la réalisatrice, l’actrice et l’inconnu. « Elle gomme un peu les frontières entre la fiction et le réel. J’avais parfois l’impression que c’était vraiment moi. Elle faisait en sorte que tu sois perturbé par les émotions de ton personnage. » Avec plus de 25 prises (environ) par scène, les acteurs ont le temps et l’occasion de donner différentes interprétations, tout en faisant confiance à Justine Triet pour le choix final.
Une longue scène d’amour (…) absolument superbe
Même si Victoria semble dénuée de tout sentiment par moment, telle une machine programmée pour travailler, on peut percevoir la fragilité et la beauté de cette femme dans une scène d’amour absolument superbe. Cette scène légèrement prolongée est probablement l’un des moments les plus puissants du film « Il y a un vrai moment d’abandon pour Victoria dans cette scène. Il y a quelque chose qui est raconté par le corps, pour une fois ce n’est pas sa tête qui prend le contrôle. » Justine Triet, encore une fois très présente, a pu guider Virginie Efira et Vincent Lacoste dans cette scène torride, et en même temps si sensuelle. « La scène d’amour était incroyable. Justine était à côté, parfois plus à poil que nous, à regarder l’écran en donnant des ordres. » On peut sentir le lâcher-prise de Victoria à travers cette scène, son regard tendre, pour une fois. Elle se laisse aller dans une étreinte passionnée qui la rend incroyablement belle.
Victoria, c’est un film terriblement actuel, qui dresse le portrait d’une femme bien ancrée dans la société telle qu’on la connaît. Elle fait face à des enjeux, elle surmonte des difficultés tant professionnelles que personnelles. Elle doit faire face à des sentiments qu’elle s’était interdit de ressentir depuis très longtemps. Un rôle sur mesure pour une Virginie Efira épatante. Vincent Lacoste, 23 ans à peine tire son épingle du jeu avec brio.
Une comédie dramatique (si l’on peut le rentrer dans une case) qui mélange parfois l’absurde au comique, la tristesse aux rires. Mais qui surtout peut nous laisser admiratifs devant la force de caractère de Victoria.
En salle au Québec à partir du 25 novembre.
(crédit photo: Manon Lefevre-Mons)