crédit photo : Rozenn Nicolle – Tous droits réservés
Après avoir annoncé sa candidature début avril, Nicolas Druet prépare sa campagne. Nous l’avons rencontré au bar Le Massilia à Montréal lors d’un “Café démocrate”. Entouré de quelques sympathisants et militants du Mouvement Democrate (MoDem), il travaille à rassembler les électeurs autour du vrai centre indépendant.
“Élire un député MoDem ce serait envoyer un signal fort à Paris, surtout dans la situation actuelle où le pays se trouve très divisé”, estime Nicolas Druet, candidat MoDem.
Pourtant, les instances nationales du MoDem ont tardé à présenter un candidat et c’est Louis Giscard d’Estaing qui a créé la surprise, en annonçant en premier sa candidature sous l’étiquette de l’Union des Démocrates et Indépendants (UDI), le nouveau parti centriste de Jean-Louis Borloo. Nicolas Druet justifie cette attente : “ Nous avions comme préoccupation principale que les idées du centre soient présentes dans cette élection. C’était important que les personnes qui avaient voté François Bayrou (arrivé en troisième position dans cette circonscription lors des présidentielles de 2012 ndrl) soient représentées. Or, nous n’avons pas entendu dans le discours du candidat UDI quelque chose qui diffère du discours de l’UMP.”
Ni de droite, ni de gauche
Nicolas Druet insiste : son parcours n’est pas celui d’un politicien professionnel. Avec une candidature “100 % locale” aux côtés de sa suppléante, Martine Volard, il souhaite incarner le renouveau de la vie politique française au coeur du programme de son parti, et revendique pour lui seul l’identité centriste. “La définition du centre c’est d’être indépendant vis-à-vis des partis de gauche et de droite. C’est la condition première pour avoir une voix à l’Assemblée nationale, car un député UMP ou PS de plus ne changera rien à l’équilibre des forces dans l’hémicycle”, juge-t-il.
Nicolas Druet estime en effet qu’un nouveau rapport de force se dessine à la droite comme à la gauche de l’échiquier politique. Selon lui, cette élection symbolisera un choix de société : celui de la radicalisation des opinions voulue par les grands partis ou celui de la modération et du réformisme. “Ce qu’on veut dire aux électeurs, c’est de regarder au centre plutôt que vers l’extrême droite ou les radicaux de gauche”, affirme-t-il. La stratégie du MoDem pourrait se traduire ainsi : reconquérir les voix centristes en proposant un discours d’union.
Un programme de portée nationale
Alors que la plupart des candidats s’accordent à dire que cette élection s’articule sur des enjeux locaux, Nicolas Druet souhaite au contraire lui donner une dimension nationale. “Dans sa vie quotidienne, le député est celui de tous les Français, il s’occupe des lois qui s’appliquent à tous”, explique-t-il. Ainsi, son programme se décline autour quatre thèmes généraux : la moralisation de la vie publique, le rassemblement par delà les clivages politiques, la stimulation de l’économie et la protection des intérêts de la France et des Français.
Toutefois, ce franco-canadien installé à Montréal depuis 2000 considère son statut d’expatrié comme une force, “une valeur ajoutée” comme il le décrit. À ses yeux, les députés des Français de l’étranger ont un rôle à jouer devant des partis nationaux qui méconnaissent la réalité des expatriés et les stigmatisent. Il propose de constituer un intergroupe des députés des Français de l’étranger pour parler d’une même voix dans les dossiers qui les concernent.
Le candidat entend aussi prendre exemple sur le Canada et le Québec pour témoigner des effets positifs de la flexibilité sur le marché du travail et les transposer en France. Au sujet de la suppression de la PEC, il dépasse la simple question du non-maintien du niveau de subvention promis par la réforme socialiste, et s’interroge plus généralement sur les disparités de la prise en charge des élèves français dans les milieux majoritairement anglophone ou francophone. ll promet également d’être inflexible sur la défense de la double nationalité et sur les questions de mobilité.
Bataille des centres
Nicolas Druet donne l’apparence d’un homme confiant. Il avance, serein, que “dans la tête des gens le centre n’est pas loin d’être majoritaire. Tous ceux qui placent la liberté et l’égalité au coeur de leur choix peuvent se retrouver dans le MoDem”. Cependant, dès que l’on aborde les projections du second tour, ce sont les vieilles habitudes partisanes qui reviennent. Tout laisse alors à penser que Louis Giscard d’Estaing est bien l’épine dans le pied de la famille centriste, et le principal adversaire du MoDem dans ces partielles. “J’ai peur que la candidature de Louis Giscard d’Estaing divise le vote centriste et de droite (…) Il y a une alliance naturelle à droite entre UDI et UMP”, lâche le candidat.
Pour l’instant la campagne du MoDem n’en est qu’à ses débuts. Une grande réunion publique devrait avoir lieu à Montréal le 13 mai. En attendant, le principal défi du parti sera de mobiliser des soutiens. “On n’a pas un réseau bien établi au niveau local, mais on a des personnes très actives sur le Web et les réseaux sociaux à travers le groupe des Démocrates Amérique du Nord”, reconnait Nicolas Druet. “Il faut surtout souligner le soutien très actif du siège national du MoDem qui fait entièrement confiance à une candidature locale par comparaison à d’autres partis”, lance-t-il comme un dernier camouflet. Cette semaine le candidat sera en déplacement au Canada et sur la côte-est des États-Unis. La bataille des centres est lancée.
Reportage vidéo de la réunion publique et entrevue avec le candidat après le 13 mai
Il va créer la surprise, et ça se sent !