crédit photo : Rozenn Nicolle
Céline Clément et son suppléant Jean-Baptiste Plouhinec étaient à Montréal samedi pour rencontrer les électeurs. Ensemble, ils dénoncent “le renoncement” du gouvernement PS-EELV, et entendent faire valoir leurs positions spécifiques dans cette campagne.
“Si le siège de Corinne Narassiguin ne doit pas repartir au Parti socialiste, ce sera la faute de la politique du gouvernement. Nous sommes sur le premier tour, nous faisons notre campagne, c’est la démocratie. Il y a plusieurs courant à gauche, et il n’y a aucune raison qu’on ne se présente pas, et qu’on nous fasse porter la responsabilité d’un éventuel échec du candidat socialiste”, lance Céline Clément à ceux qui auraient la tentation de railler ou de détourner sa candidature à des fins électorales. Pour la candidate du parti anticapitaliste Front de gauche, être présente dans cette campagne relève de la cohérence.
“Le Parti communiste (PC) m’a sollicité dans le cadre de l’accord avec le Front de gauche, raconte-t-elle. J’ai à mon tour rapidement pris contact avec mes camarades du Parti de gauche (PG) qui avaient été très actifs lors de la précédente campagne, et j’ai proposé qu’on fasse un ticket PC-PG. Ce n’était pas un coup l’an passé, il y a une continuité dans nos propositions, on a des choses à dire, et cette candidature est logique.” Déjà candidate en juin 2012, Céline Clément avait récolté 2,85 % des suffrages.
Le gouvernement du renoncement et alternative
Bien que l’issue de ces partielles pour la première circonscription d’Amérique du nord reste incertaine, la candidate du Front de gauche considère que le bilan de la première année du gouvernement socialiste est celui du renoncement, des promesses non tenues. “À gauche, il y a un certain nombre de déçus qui viennent vers le Front de gauche, observe la candidate, sans doute qu’un certain nombre de socialistes vraiment convaincus ne peuvent plus accepter la défaite devant la finance et le renoncement du Parti socialiste et d’Europe-Écologie Les Verts.” Elle déplore notamment la politique de rigueur menée par le gouvernement Ayrault, et un Traité européen ratifié sans avoir été renégocié. Localement, elle met en avant une réforme menée partiellement et dans l’urgence de la prise en charge des frais de scolarité.
Dans la continuité de juin 2012, Céline Clément présente un programme d’alternative à gauche, conçu comme un mélange d’enjeux nationaux et locaux. Quatre thèmes centraux organisent sa campagne : la finance et l’austérité, l’éducation, les droits sociaux et les droits des personnes. Elle insiste également sur sa propre condition d’expatriée que pour se positionner comme une Française de l’étranger s’adressant aux Français de l’étranger.
“J’ai vécu à Montréal pendant deux ans et demi dans le cadre d’un échange professionnel. Mon conjoint est québécois et ma fille franco-canadienne. Je connais les problèmes de visas, de logement, d’ouverture de compte bancaire, et de retour en France”, explique la candidate. En lutte contre toute forme de domination et de discrimination, le ticket PC/PG affirme à cet égard défendre des positions spécifiques dans cette élection.
Un positionnement spécifique
À propos de la loi sur le Mariage pour tous, Céline Clément rappelle que son parti militait pour une ouverture plus large des droits des homosexuels et personnes LGBT (Lesbienne-Gay-Bisexuel-Transexuel): “nous voulions aller plus loin sur la PMA (procréation médicalement assistée), lancer le débat sur les droits des personnes LGBT, et en finir avec la discrimination pour les homosexuels à donner leur sang”.
C’est toutefois au sujet de la réforme de la PEC (prise en charge des frais de scolarité) que la candidate du Front de gauche se distingue le plus de ses adversaires. “La question de l’éducation ne se résume pas aux lycées français même si la réforme de la PEC a été très brutale pour les parents. J’entendais Frédéric Lefebvre dire qu’il faut développer le réseau des établissements français. C’est aussi prétentieux que d’imaginer que notre système d’éducation est meilleur à tous les autres partout dans le monde.” La candidate rappelle en effet que deux tiers des enfants français ne sont pas scolarisés dans le réseau de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger. “Si vous habitez dans le fin fond du Minesota vous aurez plus de mal à trouver un lycée français qu’à Montréal”, précise-t-elle. Elle suggère la mise en oeuvre d’une politique publique et globale de l’éducation qui prenne en considération autant la réforme des bourses scolaires, que la reconnaissance des diplômes ou tout simplement l’accès à l’enseignement en langue française à travers une rénovation en profondeur du CNED (Le Centre national d’enseignement à distance).
Tous deux professeurs d’université, Céline Clément (actuellement en poste à Strasbourg) et Jean-Baptiste Plouhinec (chargé de cours à l’UQAM) jonglent entre la campagne électorale et leurs activités professionnelles. Pour le moment peu de déplacements sont prévus en Amérique du nord, néanmoins ils ont organisé plusieurs réunions publiques à Gatineau, Montréal, Washington, et Portland. Ils animent aussi un blogue dans lequel ils détaillent leurs propositions. Là encore, c’est l’occasion pour Céline Clément de marquer sa différence. “Nous sommes parfois étonnés de la capacité des candidats à se libérer de leurs obligations professionnelles. Je ne sais pas comment ils font (…) Jean-baptiste et moi avons un vrai travail, nous ne sommes pas des professionnels de la politique ce qui explique peut-être des éléments moins élaborés de notre campagne comme notre blogue, mais nous ressemblons aux électeurs que nous voulons représenter.”
Pourtant, on pourrait légitimement s’interroger sur la force de persuasion d’une candidature d’extrême gauche dans une circonscription, berceau du libéralisme et du capitalisme moderne. Là encore, Céline Clément se montre déterminée : “ Il y a eu un Parti communiste américain pendant très longtemps, souligne-telle avant d’ajouter, un parti comme Québec solidaire n’est pas si éloigné du nôtre, et l’Amérique n’est pas qu’un repère d’ultra-libéraux réactionnaires”.
On aimerait effectivement plus de transparence sur l’activité professionnelle actuelle des deux candidats principaux, à savoir UMP et PS…!