Le 14 juin dernier, le slameur français Grand Corps Malade était en concert au Théâtre Maisonneuve, dans le cadre de la programmation des Francos de Montréal.
En première partie, le Québécois David Goudreault, ami de Grand Corps de Malade et premier québécois à avoir gagné dernièrement la coupe du monde de slam à Paris, a fait un carton dans une prestation où le slam et l’humour ont fusionné à parts égales. Poète et travailleur social qui donne des ateliers de poésie dans les écoles, les hôpitaux et les prisons, David Goudreault jongle avec les mots et les rimes pour donner du rythme à ses textes, avec beaucoup de sourire et d’intelligence.
Dans une seconde partie, Grand Corps Malade a offert au public montréalais une prestation pleine de chaleur et d’humour. Alors, autant le dire tout de suite, cette critique ne sera pas objective tant j’aime Grand Corps Malade et tout ce qu’il fait. En effet, quand on aime les « belles lettres », comment résister à quelqu’un qui jongle avec les mots et les maux, qui sent le sens et le fait ressentir avec infiniment de plaisir ?
Le plan B de Fabien
Même s’il nous a offert des titres de ces anciens albums, son actuelle tournée s’appuie sur son dernier album « Plan B ». En effet, après son accident, Fabien qui aurait dû être basketteur, a opéré un virage sur « son plan B », le slam. Mais, pour notre plus grand bonheur, son plan B est de catégorie A. C’est ainsi qu’avec toujours autant de finesse dans ses textes, il nous offre une magnifique prestation, tout-à-fait complice avec un public qui lui est acquis d’avance… Ne partage-t-il pas, comme nous, le désir de promouvoir et de défendre le français… mais pas n’importe quel français, un français de poésie, un français où les mots, en plus de leur beauté intrinsèque, ont un sens et une fonction… ne serait-ce que dans ses chansons « Roméo kiffe Juliette », « Le bout du tunnel » « Au feu rouge »… C’est ainsi que, selon moi, Grand Corps Malade est un mélange détonnant entre Boris Vian et Jacques Brel car Fabien manie les mots, les sens, et les doubles sens comme Boris Vian tandis qu’il possède, comme Jacques Brel, une sensibilité à fleur de peau qu’il offre à son public, « Définitivement ».
Avec beaucoup d’humour, il a fait scander à la salle « Tout seul je vais vite. Ensemble, on va loin. Esprit d’équipe, comme un besoin ». Et cela résume bien son état d’esprit, lui que beaucoup d’amis accompagnent sur scène ou dans les coulisses depuis ses débuts. C’est un état d’esprit qui le fait grandir, qui nous fait grandir. Ne dit-il pas dans « Mille vies »: « Je suis perdant de cette vie-ci, mais pour celle-là, j’suis lauréat. » ?
Quand Grand Corps Malade chante…
De plus, dans ce spectacle, Fabien innove puisqu’il chante, comme un défi supplémentaire dans son plan B, et qu’il nous fait découvrir Ehla, une de ses protégées, qui l’accompagne pour le duo de « Poker ». La chanteuse interprète aussi l’une de ses propres chansons écrite par Grand Corps Malade. Mais qu’on se rassure, même avec cette incursion vers le chant, Grand Corps Malade ne risque pas de délaisser un jour complètement le slam puisqu’il avoue : « J’adore le slam, j’adore les textes scandés, parlés. C’est ce que je fais le mieux, je pense. Mais voilà, j’ai ouvert une petite porte qui est très plaisante à faire sur scène. »
Bref, une fois de plus, Grand Corps Malade a ravi la foule, surtout au moment des rappels quand il a entonné « Montréal » vêtu du chandail du Canadien. C’est une nouvelle page qui s’ajoute à l’histoire d’amour qui lie Grand Corps Malade au slam et au public québécois.
(crédit photo: Francos de Montréal – Grand Corps Malade Officiel)