Le Belge Stromae, qui collectionne les prix et distinctions en France, avait deux bonnes raisons de mettre le feu au Centre Bell hier soir : son équipe de football, la Belgique, a battu l’Algérie en match de groupe de la coupe du monde, et surtout, le public montréalais lui a réservé un accueil digne des plus grandes rock-stars.
Nullement impressionné par les 11.000 spectateurs du Centre Bell, Stromae dialogue avec le public et vit sa vie sur les planches. Durant l’un des rares moments ou il s’assoit, il retire chaussures et chaussettes et boit un verre. Puis, bondissant d’un bout à l’autre de la scène, il enchaîne ses tubes, sous les cris assourdissants d’un public très disparate. De 7 à 77 ans, on est venu en famille ou entre amis, voir le phénomène qui a raflé tant de prix en France.
Sous cette apparente nonchalance, le spectacle est parfaitement rodé, avec une mise en scène impeccable ou se marient harmonieusement vidéos et lumières. Sur des rythmes tantôt électro, tantôt afro, voire rumba congolaise, le public danse dans l’univers unique de Stromae. Comédien hors pair, il dialogue avec son public, et bientôt s’insurge contre l’appellation « french fries » que l’on utilise pour désigner les frites. « Ce n’est pas le jour ou on a gagné contre l’Algérie qu’on va me la faire à moi! », explose-t-il avec un sourire. Les drapeaux belges fusent du public. Provocateur, il se lance dans une explication dans le temple du Canadiens de Montréal : « C’est comme si on disait que le hockey a été inventé à Toronto! » Succès garanti !
Accompagné de quatre musiciens, trois claviéristes, tantôt guitaristes et bassiste, et un batteur, le phénomène belge offre un show d’une heure trente, ou sa présence et les effets vidéo servent ses chansons rythmées, même si elles abordent parfois des sujets difficiles, comme le cancer, avec une magnifique mise en scène en vidéo. Puis, le clin d’œil au visuel orangé des Français de Daft Punk ramène plus de légèreté. Il ne résiste pas non plus à l’envie d’évoquer quelques chapitres des leçons qui ont fait son succès sur YouTube.
Tantôt en bermuda, tantôt en costume, avec son traditionnel nœud papillon, il égraine les titres, aux styles si différents, de son dernier album « Racine Carrée », mais aussi le célèbre « Alors on danse » du premier album « Cheese ». Ce deuxième album s’est écoulé à un million quatre-cent mille exemplaires en France, et s’est classé numéro un des ventes en Belgique, en France, en Suisse et au Québec. Il a remporté trois prix aux Victoires de la musique de 2014 : Victoire de l’artiste interprète masculin, Victoire du vidéo-clip pour « Formidable » et Victoire de l’album de chansons (variétés).
Acclamé aux FrancoFolies en 2011, Stromae aura réussi la performance de « remplir deux centre Bell » trois ans plus tard. Élevé au rang de rock-star des deux côtés de l’Atlantique, il a fait son entré aux Guignols de l’Info l’hiver dernier, et aura son effigie de cire au Musée Grévin l’automne prochain.
Stromae, au Centre Bell de Montréal, les 17 et 18 juin 2014
(crédit photo : Nathalie Simon-Clerc)