Lorsqu’il est arrivé en 1969 au Canada, le Français Philippe Pointard ne se doutait qu’il deviendrait Chef accessoiriste de l’Opéra de Montréal. Ce « patenteux » comme il aime à se définir, sera intronisé dimanche au Panthéon canadien de l’art lyrique.
« Accessoiriste, c’est une manière d’être, il faut être un ramasseux », lance Philippe Pointard. Il avoue ne rien jeter et avoir un atelier qui ressemble à un capharnaüm. « Tout peut servir… », se justifie-t-il. Actuellement, il travaille sur les dizaines de colliers de la prochaine production de l’Opéra de Montréal, Samson et Dalila.
Depuis 1980, il imagine, invente et façonne des centaines d’accessoires qui donnent vie aux scènes québécoises.
Dimanche 14 décembre, lors du 19e Gala de l’Opéra de Montréal, il ira rejoindre les 55 personnalités intronisées au Panthéon canadien de l’art lyrique, pour souligner son apport remarquable à cet art.
« J’ai déjà fait des couronnes avec des bols à chien »
Chez lui, un étage complet lui sert d’atelier, pour donner une deuxième vie à toutes sortes d’objets. « J’ai mes outils, mes patentes », explique Philippe Pointard. Couture ou menuiserie, rien n’effraie l’accessoiriste qui avoue cependant ne pas aimer la soudure. Quand il rentre dans une quincaillerie, il regarde tout, car il a l’habitude de « partir de rien » pour faire toutes sortes de choses. « J’ai déjà fait des couronnes avec des bols à chien, il n’y a pas de limites », s’amuse-t-il.
Être manuel et avoir le sens de l’observation. Voilà les conseils qu’il donne aux jeunes qu’il guide à l’école supérieure de théâtre de l’UQAM. Auparavant, il a enseigné pendant 19 ans à l’école nationale de théâtre.
Quant à ses créations, elles ont fait l’objet d’expositions à la Place des Arts, au Théâtre du nouveau monde, à la Maison de la culture du Plateau Mont-Royal et à la Place Bonaventure.
Dimanche, Philippe Pointard sera sur le devant de la scène
Rien ne prédestinait ce Français de Rouen à devenir accessoiriste. Après des études aux Beaux-Arts à Paris, il émigre au Canada en 1969 et devient étalagiste. « Je voulais voir autre chose, et je suis resté », avoue Philippe Pointard. Il a alors 22 ans, et devient concepteur d’accessoires par hasard, au Festival de Stratford. C’est au Centre national des arts d’Ottawa qu’il continue sa carrière. Les plus grandes compagnies, le cinéma et la télévision, ont travaillé avec lui. D’ailleurs, il s’émeut de la prochaine disparation de l’atelier de costumes de Radio-Canada. « C’est une grand tristesse, ça me démolit », commente Philippe Pointard.
Dimanche, lui qui n’aime pas être sur le devant de la scène, sera sous les feux des projecteurs pour son intronisation. « Ça fait plaisir, on a pensé à l’artisan qui travaille dans le fond de sa cave », conclut Philippe Pointard.
Un ben bon gars ce Philippe Pointard…………..