Le français est la 5e langue parlée dans le monde par 274 millions de personnes, derrière le mandarin, l’anglais, l’espagnol et l’arabe ou l’hindi. C’est le constat établi par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), dans son rapport intitulé « La langue française dans le monde« , éditée chez Nathan, et sorti le mois dernier.
Michaëlle Jean, la nouvelle Secrétaire générale de l’OIF veut faire de la francophonie un outil de développement économique, notamment pour les pays d’Afrique. C’est précisément sur ce continent que le nombre de locuteurs francophones augmente le plus. Si le monde compte 7% de francophones de plus qu’en 2010, l’Afrique en compte 13% de plus, avec des gains plus importants encore au Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Congo, Gabon et Sénégal. Dans la galaxie des francophones qui vivent en français au quotidien, près de 55% se trouvent sur le continent africain, 36% en Europe et moins de 8% en Amérique et Caraïbes.
Le Québec, ou vivre en français en Amérique
Parmi les américains s’exprimant en français, les Québécois viennent au premier rang, et fêtent cette année le 40e anniversaire du français comme seule langue officielle de la province. Le gouvernement libéral de Robert Bourassa fait adopter la loi 22, le 31 juillet 1974. Plus tard, la loi 101 (Charte de la langue française) fera notamment obligation aux immigrants d’envoyer leurs enfants à l’école francophone, dans un souci de protection de la langue française. L’actuelle ministre libérale Hélène David, précisait lors du 40e anniversaire cet été : « « La loi 22 a été la première brique dans cet édifice formidable du français au Québec, alors sachons célébrer, et sachons être fiers de cette magnifique langue […] Il faut toujours être vigilant, nous avons les outils, mais il faut vraiment s’assurer qu’ils sont très très bien appliqués. » Le français, est également l’une des deux langues officielles au Canada, et les leaders politiques ont l’obligation morale de savoir s’exprimer dans les deux langues.
Le français, comme langue étrangère
Comme l’anglais, le français est enseigné sur les cinq continents. Sur les 274 millions de francophones dans le monde, 62 millions ont appris le français comme langue étrangère, principalement au cours de leurs études. Parmi eux, 46 millions se trouvent en Europe. C’est pourquoi, en 2015, 45% des francophones sont européens, contre 32% en Afrique subsaharienne et dans l’Océan indien.
D’après le rapport de l’OIF, « sur les 125 millions de personnes en situation d’apprentissage impliquant le français, près de 49 millions suivent un enseignement de français langue étrangère », grâce aux trois grands réseaux : l’agence universitaire de la francophonie, les alliances françaises, et les instituts français.
Le français, une langue vivante
Le rapport met également l’accent sur l’évolution et l’innovation de la langue. En 50 ans, le dictionnaire de l’Académie française est passé de 40 000 à 60 000 mots. La langue présente toutefois des différences d’un bout à l’autre de la planète. Au Québec, l’Office québécois de la langue française veille jalousement sur les possibles anglicismes, tellement « tendance » en France, et propose un grand dictionnaire terminologique (GDT). Pourtant des termes comme « patenteux » sont déjà passés dans le langage courant, et Usito propose un dictionnaire nord américain français pour intégrer les termes québécois.
Accompagner le développement économique et les nouvelles technologies avec des mots français constitue un défi pour les pays francophones, pour enrichir la langue française et faire face à l’anglais.
Le français, outil économique
Les 77 états qui composent la francophonie, comptent 14% de la population mondiale, 14% du revenu brut mondial et 20% des échanges commerciaux mondiaux. Le français est la 3e langue d’affaire après l’anglais et le chinois. Le rapport note également que « même si l’ensemble de ces pays (francophones) connaît une croissance économique moyenne moins importante que celle enregistrée par les autres pays, la crise financière de 2008 y a eu un impact plus faible. »
De plus le rapport souligne que « la langue française recèle une valeur économique en soi en tant qu’élément constitutif d’un produit ou d’un service (un livre, un film ou un contenu de formation) (…). D’ores et déjà, on constate que les pays francophones pèsent fortement dans le commerce mondial de produits culturels. »
Au mois d’août dernier, Jacques Attali a remis au président Hollande un rapport intitulé « La francophonie et la francophilie, moteurs de croissances durables ». Il démontre notamment tout l’intérêt économique pour la France et les pays francophones à étendre « l’aire culturelle », et à « cibler les secteurs clés liés à la francophonie pour maximiser la croissance de la France et des autres pays francophones ».
Sur internet, le français se classe 4e en nombre d’internautes pianotant dans cette langue. Les médias en langue française se multiplient, et le premier d’entre eux, TV5 Monde, compte 55 millions de téléspectateurs chaque semaine.