Un rapport issu de la commission sénatoriale des finances et dirigé par MM. Rémi Féraud (PS – Paris) ainsi que Vincent Delahaye (UDI – Essonne) a été publié ce mercredi 29 août pour tenter de répondre à la question « le réseau de l’enseignement français à l’étranger a-t-il les moyens de ses ambitions ? ». Selon les deux sénateurs, « des adaptations du réseau sont nécessaires pour satisfaire les objectifs de croissance ambitieux » affichés par Macron.
Par Jacques Simon
Décidément, la rentrée est rude pour l’équipe macroniste. Après un été refroidi par l’affaire Benalla et la démission surprise de Nicolas Hulot, voilà un rapport sénatorial qui fait douter de la capacité de l’AEFE à répondre aux objectifs annoncés par le Président—du moins dans les conditions actuelles.
Une situation qui se dégrade
En effet, alors que le président Macron avait affirmé vouloir « doubler » les effectifs de l’AEFE d’ici 2025, les sénateurs Féraud et Delahaye ont présenté un document de 118 pages qui s’avère être très critique vis-à-vis de la gestion et des modalités de financement de l’agence.
La situation budgétaire de l’AEFE s’est vue « fragilisée » des dernières années notamment par une « augmentation des changes » liée à un accroissement des effectifs, une augmentation des dépenses, et un immobilier vieillissant rapporte le document. En parallèle, l’agence a été assujettie à un « désengagement progressif de l’État » qui a mécaniquement mené à une augmentation des frais de scolarités pour les familles des enfants scolarisés dans ces établissements français.
Comme on peut le constater dans le tableau ci-dessous, les subventions publiques dont bénéficie l’AEFE ont connu cinq années de baisses successives depuis 2013. Une tendance qui n’est pas prête à s’inverser, puisque le gouvernement a coupé 10% du budget de l’agence l’été dernier tout en augmentant le taux de participation forfaitaire complémentaire des établissements. Pour compenser cette chute, les frais de scolarité sont passé de 4 290 euros en moyenne et 2012 à 5 300 euros en 2017, soit une augmentation de 23,5%.
Des recommandations variées
Pour tenter de contenir la dégringolade, le rapport propose 14 pistes de réflexions. Parmi celles-ci, limiter l’embauche de personnel nouveau en faveur de recrutés locaux, fixer le montant des subventions publiques dont bénéficie l’AEFE pour les cinq années à venir et limiter la participation financière des familles à 60% des coûts. Au-delà du financement, le rapport suggère de « rendre plus transparente l’aide financière versée aux établissements » et d’« adapter le réseau » pour permettre la croissance envisagée par Macron.
Malgré cela, c’est surtout un travail de fond qu’il va falloir effectuer à en croire les deux sénateurs. Cité dans un article des Échos, Rémi Féraud déplore une « absence de stratégie » pour l’agence, alors que celle-ci reçoit 455 millions des trois milliards d’euros qui sont allouées à l’action extérieure de l’État. Pour combler ce manque, le rapport suggère d’« établir une cartographie des besoins de l’enseignement français à l’étranger, afin de tenir compte des évolutions de la population expatriée, des priorités diplomatiques et de mener une appréciation qualitative de la demande locale ».
Attentes sur le rapport Cazebonne
Ce rapport a été publiée deux jours après que le président ait annoncé qu’une réforme de l’AEFE serait présenté en automne, et un mois après qu’un rapport similaire sur le « doublement du nombre d’élèves scolarisés dans le réseau d’enseignement français à l’étranger » ait été commandé à la députée Samantha Cazebonne. Celle-ci doit s’intéresser aux « mesures susceptibles de favoriser l’accroissement du nombre d’établissements partenaires », ainsi qu’à la « possibilité de nouvelles stratégies partenariales avec le secteur éducatif privé », avant de rendre son rapport au Premier Ministre Édouard Philippe le 15 décembre prochain.
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