Face à un public absorbé par l’énergie vibrante de la salle du café l’Inspecteur Épingle, Carole Renaud, expatriée française et écrivaine, récite un poème intitulé Le cœur de l’ire. Elle fait partie des 28 candidats retenus dans le cadre du concours Antidote 2016 « 10 heures de poésie » présenté lors du festival Nuit Blanche, le 27 février dernier.
Par Karina Sanchez
Les uns après les autres, les participants livrent leur cœur et leurs pensées, sans filtre, et réinventent le monde par la poésie devant un jury officiel composé de Jean-Paul Daoust, Hélène Dorion et Jean-Luc Proulx. Quand vient le tour de Carole Renaud, émue, elle partage d’une voix tremblotante, son ressenti à l’égard des évènements marquants de Charlie Hebdo. « J’ai été blessée dans ma spiritualité et j’ai voulu faire face à ces évènements avec mes armes », fait-elle savoir.
Elle s’est éprise de cette arme qu’est la poésie à l’âge de 16 ans en lisant les vers de Baudelaire. À la lecture de ce poème surgit alors une sensation incomparable qu’elle décrit « comme une connexion profonde qui a ouvert quelque chose dans mon cœur ».
C’est alors qu’elle est confrontée, entre autres, à une remarque de sa professeure ressassant le dicton populaire qu’« un artiste ne peut pas vivre de son art ». Cela l’a fait hésiter à s’investir sérieusement dans la poésie. Elle se tourne alors vers des études de droit et travaille en sciences politiques. Mais comme elle demeure toujours interpellée par les arts, elle continue d’écrire à temps perdu et s’enrôle dans l’une des chorales d’enfants les plus connues de France, Les Petits Écoliers Chantants de Bondy.
Au Québec, c’est plus facile d’oser et juste d’être
Avant qu’elle ne renoue un lien avec cette passion perdue, Carole Renaud a rencontré plusieurs embûches le long de sa route. « Le jugement des autres peut nous rendre malheureux et nous bloquer parfois. Il faut savoir se protéger des insécurités et des maladresses des autres », fait-elle entendre.
Les choses prennent une tournure différente une fois installée au Québec. Des rencontres avec des personnes du milieu artistique lui font réaliser qu’elle peut tenter son talent, même si elle n’a pas réalisé d’études dans ce sens. « Ce que j’apprécie au Québec c’est que c’est facile de se refaire une carrière. C’est plus facile d’oser et juste d’être ». Depuis qu’elle a replongé dans le monde de la poésie, cette émotion unique et saisissante qu’elle a vécue à ses 16 ans lui revient lorsqu’elle écrit ou qu’elle écoute des poètes. « Je me sens connecté à eux et cela dépasse le « j’aime ou je n’aime pas », explique-t-elle. La poésie c’est comme un canal qui permet de me sentir proche de quelqu’un ou quelque chose ».
Ce que Carole Renaud valorise par-dessus tout à l’égard de la poésie est l’authenticité qu’elle permet de véhiculer, la mise à nu des poètes et le don de soi. « Il n’y a rien de plus beau que celui ou celle qui offre et partage sa vulnérabilité, sa sensibilité et son humanité », affirme-t-elle.
(crédit photo : Karina Sanchez)
A venir :
Le 28 mai 2016, dans le cadre d’un projet international Les Éditions mp tresart publieront le recueil de poésie Fragile et Katrina, où figureront deux poèmes de Carole Renaud.
Le 28 septembre 2016, à 19h30, aura lieu le spectacle Émotions poétiques et musicales, chez art[o] à Saint-Jean-sur-Richelieu, avec Carole Renaud, poète et écrivaine, Carole Meneghel, violoniste et Robert Len, multi-instrumentiste, dans le cadre de la série de spectacles art[o] musique en collaboration avec les productions Apollonia