À moins d’un mois seulement de la tant attendue COP21 qui aura lieu à Paris fin novembre, le groupe d’études et de recherche sur l’international et le Québec (GÉRIQ) organisait lundi dernier à Montréal, un colloque en partenariat avec le consulat général de France à Québec intitulé villes et changements climatiques.
Par Jacques Rivard
L’élection d’un gouvernement libéral majoritaire au Canada suscite tous les espoirs chez les écologistes, gouvernements et négociateurs internationaux qui se dirigent vers la rencontre sur le climat de COP21 à Paris début décembre. Déjà, le nouveau premier ministre désigné Justin Trudeau a invité les leaders des partis d’opposition, des groupes écologistes, les premiers ministres des provinces à accompagner le gouvernement du Canada à Paris, un geste impensable sous le gouvernement conservateur du premier ministre sortant Stephen Harper. En effet, le Canada avait perdu sa réputation de pays vert lorsque le gouvernement Harper a décidé de quitter les engagements de Kyoto en 2005 pour privilégier l’industrie du carbone centralisée en Alberta, grande productrice de pétrole à partir de sables bitumineux, dénoncés par les écologistes comme étant les plus polluants.
Pendant ce temps, profitant de la campagne électorale canadienne, les représentations diplomatiques Françaises au Canada ont poursuivi leur travail de sensibilisation envers la grande messe de l’environnement à Paris. Ainsi, au Québec, après l’ambassadeur de France Nicolas Chapuis qui rencontrait les candidats en campagne électorale à Montréal il y a quelques semaines, ce fut au tour du consulat de France à Québec d’organiser à Montréal une journée intensive de débats sur les Villes et les Changements Climatiques, en étroite collaboration avec le GÉRIQ, le Groupe d’études et de recherche sur l’international et le Québec. Les maires de plusieurs agglomérations municipales de France et du Québec y sont venus discuter des meilleures façons pour les villes de participer à la réduction souhaitée des GES, les gaz à effet de serre responsables de la hausse des températures terrestres.
Pour le consul de France à Québec, Nicolas Chibaeff, le rôle des collectivités locales est primordial lors des rencontres internationales comme COP 21, car c’est à ce niveau qu’on peut commencer à régler le problème du réchauffement climatique, en organisant mieux les transports en commun, en repensant les villes pour une meilleure économie sociale. Des discussions qui trouvent d’ailleurs leurs échos dans une étude de la Commission mondiale sur l’économie et le climat, qui estime que la décarbonisation des centres urbains pourrait générer des réductions significatives des émissions de GES d’ici 2050, si les villes du monde se joignaient à l’association mondiale Compact of Mayors, dont Montréal est membre depuis avril dernier. Ainsi, comme le rapportaient plusieurs organes de presse récemment, l’implication des villes en transport en commun et en réaménagement des villes pourrait représenter des économies de 1700 milliards de dollars. En ce sens, Oslo, en Norvège, prévoit le banissement des voitures en son centre-ville d’ici 2019, une décision écologique courageuse quand on sait que seulement 1000 citoyens y habitent, et que 90000 y viennent travailler.
Climat : ce sera difficile à Paris, après Bonn…
Les négociateurs de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques qui seront à Paris en décembre ont mis fin à cinq jours de négociations à Bonn fin octobre, des sessions qui laissent sur leur faim les autorités du groupe écologiste Greenpeace, qui s’interrogent sur le sérieux des discussions, qui, précisent-ils, se sont déroulées comme s’il n’y avait pas d’urgence d’agir. Pour le chef de l’unité internationale de politiques climatiques de Greenpeace, Martin Kaiser, les preuves des changements climatiques ne cessent pourtant de s’accumuler, citant le typhon qui s’est abattu sur les Philippines, la 12ème tempête à frapper ce pays cette année, et l’ouragan Patricia, le plus puissant jamais enregistré dans l’hémisphère ouest.
Ainsi, on est loin d’avoir réglé l’aide aux pays en développement, le talon d’Achille des dernières rencontres sur le climat. Ainsi, 47 des 54 pays Africains qui ont publié leurs engagements de réduction des GES chiffrent leur effort financier pour leur réduction des GES à 724,6 milliards de dollars US, ce qui est loin des 100 milliards de dollars US promis par an par les pays développés dans le cadre du Fonds Vert, dont la majorité ira à la Chine et à l’Inde, selon ces pays Africains. Et on part de loin en Afrique, qui voit 700 millions de citoyens toujours utiliser le charbon pour la cuisson, et plusieurs états produire du pétrole, comme le Nigéria, l’Angola, l’Algérie, ces derniers craignant de voir leurs économies pénalisées par des mesures contraignantes en matière de contrôle des GES.
Enfin, autre nouvelle peu encourageante à un mois de COP 21 à Paris, le dernier rapport de négociation de l’ONU sur le climat au premier octobre, impliquant 146 pays, laisse entendre que les efforts ne sont pas encore suffisants pour réduire à 2 degrés celcius l’augmentation des températures d’ici 2100, un chiffre crucial pour éviter des modifications qualifiées de catastrophiques pour le climat par les scientifiques du monde. En fait, les engagements annoncés à ce jour par l’ensemble des pays développés et les trois quarts des pays en développement responsables de 86% des GES parlent plutôt d’une augmentation des températures de 2,7 degrés, ce qui est loin des 2 degrés projetés pour 2100. Le rapport tient toutefois à souligner que l’accord de principe sur la table comprend déjà des engagements quatre fois supérieurs à ceux du Protocole de Kyoto signé en 1997 et entré en vigueur en 2005.
(Crédit photo : Jacques Rivard)
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