La ministre de l’Environnement et du Changement Climatique du Canada, Catherine McKenna serrant la main du président de la conférence COP 21 et ministre des Affaires Étrangères de France, Laurent Fabius… Une image étonnante pour une diplomate du Canada dans le dossier de l’environnement, surtout qu’il s’agissait d’une pré-conférence à COP 21 prévue début décembre et que la ministre McKenna venait d’être nommée au nouveau cabinet de Justin Trudeau seulement quelques jours auparavant.
Par Jacques Rivard, journaliste spécialiste des questions environnementales
Une image forte qu’a voulu donner le Canada de Justin Trudeau, après une décennie d’absence en environnement du gouvernement conservateur précédent, qui avait préféré baser son économie sur l’exploitation pétrolière très polluante des sables bitumineux de l’Alberta. Une nouvelle ministre qui arrivait impromptue à Paris avec les engagements faibles du gouvernement précédent, soit une réduction des gaz à effet de serre de 30% en 2030 par rapport à 2005, alors que les écologistes canadiens demandent plutôt à la ministre McKenna de réduire les GES de 50% en 2030, et de 100% en 2050, des engagements qui doivent être légiférés, en plus d’éliminer totalement les subventions aux énergies fossiles actuelles. C’est ce qu’ils ont tenu à préciser lors d’une télé-conférence pan-canadienne tenue cette semaine.
Un message officiel des écologistes canadiens qui avait été programmé pendant la tenue à Paris d’une pré-conférence sur le climat, la pré-COP, à laquelle assistaient 60 ministres de l’environnement et de l’énergie de 70 pays. « La tâche qui reste est considérable », a admis le président de la COP 21 et ministre des Affaires Étrangères de la France, Laurent Fabius, à l’issue de la rencontre, précisant que des avancées avaient été faites sur cinq points, notamment sur le principe d’une hausse des engagements, d’une révision quinquennale de ces derniers, et au chapitre du financement des politiques climatiques des pays du Sud par les pays du Nord. On parle ici de 100 milliards de dollars US par année à l’horizon de 2020.
Amérique Europe : un portrait plus clair…Et, à moins d’un mois de la COP 21, Laurent Fabius a été gêné par une déclaration du secrétaire d’État américain, John Kerry, qui a mis en doute le caractère contraignant des engagements de la conférence de Paris en décembre. Pour Laurent Fabius, il s’agissait de la part du diplomate de Washington d’« une formulation qui aurait pu être plus heureuse ». Une déclaration américaine qui arrive au moment où on apprend que la France, ses citoyens et son industrie ont déjà dépensé 34 milliards d’Euros en 2013 pour des investissements en faveur du climat, selon l’Institute for Climate Economics, et où, déclaration choc : la France pourrait se passer complètement du nucléaire d’ici 2050 et fonctionner avec une électricité complètement renouvelable sans surcoût significatif. C’est ce que vient de conclure une étude de l’ADEME, l’Agence française de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie. Du côté du Canada, les écologistes établissent à quatre milliards de dollars d’ici 2020 les investissement en réduction des GES et en adaptation à ces derniers.
(Crédit photo : Marie-France Rémillard)]]>