La place des femmes dans la société gagne de plus en plus de terrain sur des métiers masculins, même si beaucoup reste à faire. Dans la religion, de plus en plus de femmes officient au temple, à la synagogue ou encore à la mosquée devant leur communauté. Une religion résiste encore à cette révolution spirituelle : la religion catholique.
Par Yann Nopieyie & Nathalie Simon-Clerc
En effet, la religion catholique reste la plus conservatrice pour l’intégration des femmes. Même si les femmes constituent encore la part la plus nombreuse et la plus active des croyants et des pratiquants, l’ordination des femmes prêtes a fait l’objet d’un « non définitif » de Jean-Paul II en 1994. Interrogé en novembre 2016, le papa François a botté en touche : « Le saint pape Jean-Paul II a eu le dernier mot limpide sur ce sujet et il tient, il tient. »
Le pape François a pourtant semblé ouvrir une perspective, puisqu’il a nommé le 2 août dernier une commission d’étude sur le rôle des femmes diacres dans l’histoire, dans une démarche d’ouverture sur la place des femmes dans l’Église catholique.
Des femmes Imam au Canada dès 2005
La place de la femme est également remise en question par les traditionalistes et les conservateurs dans les religions juive, islamique et protestante, bien que ces religions permettent à des femmes de célébrer des offices.
Très décriée pour la place qu’elle accorde aux femmes, l’islam permet pourtant à des femmes d’être Imam. Dès 2005 au Canada, des femmes imam président les offices dans les mosquées. En 2015, une mosquée réservée aux femmes ouvre ses portes à Los Angeles. Mais c’est aussi la question de la mixité du lieu religieux dont il est question. Alors que les plus conservateurs avancent qu’« un peuple qui confie le pouvoir à une femme ne prospérera jamais. », les plus féministes répliquent en rappelant qu’il n’y a pas de séparation entre les hommes et les femmes à la grande mosquée de La Mecque.
Quant aux femmes pasteurs, elles seront vraiment autorisées dans certaines Églises protestantes à devenir pasteurs dans la seconde partie du XXème siècle. En France, on observe déjà en 1930 la consécration d’une femme pasteur, Berthe Bertsch, dans l’Église réformée d’Alsace et de Lorraine. Au Canada, c’est en 1936 que l’on nomme la première femme au ministère pastoral, Lydia Gruchy.
Des femmes Rabbin dès le début du XXe siècle
La religion juive accorde une place aux femmes dès le début du XXe siècle. Régina Jonas, originaire de Berlin, fut la première à être nommée rabbin en 1902. Au Canada, les femmes le sont depuis les années 50.
Aujourd’hui, Delphine Horvilleur, femme rabbin au Mouvement juif libéral de France, fait partie d’une des trois rabbins qui exercent en France. Dans une entrevue donnée à Radio-Canada le 28 février dernier, elle explique que « c’est beaucoup plus normatif en Amérique du Nord par rapport à la France ». Néanmoins, Delphine Horvilleur avance que de plus en plus de femmes rabbins sont en formations notamment quatre femmes rabbins francophones en Angleterre, d’autres en Allemagne et en Israël. Elle concède cependant qu’elle a dû voyager aux États-Unis car il y a peu de modèle de rabbinat féminin en France. « La culture française n’ouvre pas cette porte-là facilement. », justifie Mme Horvilleur.