La comédie A la belle étoile prend l’affiche ce vendredi 7 avril dans les cinémas du Québec. Réalisé par Sébastien Tulard, le film raconte une histoire vraie ; l’histoire de Yazid qui, parce que sa mère n’est pas en mesure de l’élever correctement, est placé en famille d’accueil où il découvre les joies de la pâtisserie. Placé, ensuite, en foyer jeunesse à l’adolescence, il parvient à se faire recruter par un chef étoilé qui voit son potentiel créatif. Malgré un tempérament parfois problématique, Yazid parvient à s’inscrire au Championnat mondial de pâtisserie.
Premier long métrage de Sébastien Tulard, À la belle étoile est l’adaptation du livre autobiographique Un rêve d’enfant étoilé (sous-titré Comment la pâtisserie lui a sauvé la vie et l’a éduqué), de Yazid Ichemrahen.
Quand Laurence Lascary m’a appelé j’étais à l’hôpital, je guérissais d’un cancer. À ce moment-là, je n’avais plus qu’une chose en tête : sortir de là pour commencer à travailler sur le film. J’ai eu, grâce à ce projet, la meilleure rééducation pour me remettre.
Sébastien Tulard – Réalisateur
Le film condense, en 1h50, trente ans d’une vie ; ce qui inévitablement entraine des choix sur ce qui est mis en évidence, des raccourcis et même certaines longueurs : par exemple, les relations tumultueuses entre Yazid et sa mère sont largement décrites alors qu’elles n’influencent que fort peu sa relation avec la pâtisserie. À l’inverse, son apprentissage du travail en cuisine est survolé, comme si, dès sa première apparition en cuisine, il avait été un génie en herbe. Il est, dès lors, parfois un peu difficile de croire en cette histoire ou, en tout cas, à la manière dont elle est racontée. De plus, les thématiques du racisme, de l’autoritarisme et du sexisme en cuisine sont à peine effleurés alors qu’il parait évident qu’ils ont dû influencer le jeune pâtissier dans sa construction de vie et l’apprentissage de son métier.
Le film fonctionne sur des images clés, des faits réels marquants de la vie de Yazid. Entre chacune de ces scènes, on a romancé grâce à des techniques de scénario, en ajoutant des ingrédients pour rendre le personnage principal plus empathique, en accentuant la présence de sa mère pour appuyer le fait qu’elle soit nocive pour lui.
Sébastien Tulard – Réalisateur
Notons que Marwan Amesker, qui joue le rôle de Yazid enfant, offre une performance émotionnelle puissante, toute en finesse tant ses expressions faciales font vraiment ressentir le milieu de vie difficile auquel il est confronté. Ensuite, faire endosser le rôle de Yazid adolescent et adulte à un influenceur était une démarche audacieuse, mais Riadh Belaïch qui a entrepris, à cette occasion, une formation de pâtissier et de sculpteur sur glace a relativement bien tenu le pari.
Majoritairement tourné à Épernay et sur la Cote d’Azur, le film rend, en fait, hommage à l’acharnement et à l’esprit combatif de Yazid, parfois en proie aux rivalités exacerbées de certains collègues (par exemple, le rôle d’Estéban, par exemple, qui parvient, tout au long du film, à canaliser contre lui une certaine haine tant il sait se montrer odieux.)
Enfin le mélange de musique est intéressant car la musique classique est utilisée lorsque Yazid prépare ses desserts alors que le rap est joué lorsqu’il est dans les quartiers difficiles et le foyer collectif où il vit adolescent. Cette juxtaposition est intéressante, plutôt inusitée et finalement, bien réussie.
Bien que le film tombe quelque fois dans le piège de la comédie à tout prix, il constitue un biopic honnête et léger. Cependant, il ne faut, pas le regarder l’estomac vide car, avec ses ralentis et ses zooms sur de délicieuses créations de desserts, il ne fait que susciter et renforcer l’envie de déguster d’appétissantes pâtisseries!
Crédit photo de Une: Alessandro Clemenza