L’île Sainte-Hélène, théâtre de l’Exposition universelle de 1967, ne se défera jamais de nostalgie que l’on éprouve dès que l’on foule le site. Cet évènement grandiose s’inscrit parmi la vague de réalisations audacieuses de l’administration Jean Drapeau et a marqué le Montréal du XXe siècle comme nul autre. Le pavillon de la France, particulièrement novateur pour l’époque, abrite aujourd’hui le Casino de Montréal.
Par Anne-Hélène Mai et Camille Balzinger
D’avril à octobre 1967, l’île a été pour quelque 50 millions de visiteurs le théâtre du monde moderne à son meilleur, vantant les progrès technologiques par des créations architecturales plus recherchées les unes que les autres. Parmi elles tiennent encore debout la Biosphère, Habitat 67 et le Pavillon de la France (entre autres), reflétant chacune à leur façon le thème-titre de l’exposition : « Terre des Hommes », en hommage à Antoine de Saint-Exupéry.
Symbole d’une ouverture au monde, Expo 67 fût l’occasion, exceptionnelle à l’époque, de contempler des performances d’artistes venus de partout, les activités culturelles s’enchaînant à un rythme effréné.
Aux dates exactes de son 50e anniversaire, le musée Stewart offre cet été un parcours immersif, au cours duquel on revit cette fête mythique à travers projections, réalité virtuelle et pièces de collection. Grâce aux archives de l’Office nationale du film du Canada (ONF) et de Radio-Canada, ainsi qu’aux collectionneurs Roger La Roche et Bruno Paul Stenson, l’exposition « Rêver le monde » invite ses visiteurs à s’imprégner de l’ambiance si particulière de l’année 1967.
Une scénographie fidèle aux édifices sobres mais innovateurs de l’Expo 67
Des vidéos d’archives sont projetées sur des blocs rappelant l’incontournable Habitat 67. Moshe Safdie, architecte de renommée internationale depuis, en fit l’une des expérimentations architecturales les plus remarquables, tirée des problématiques du monde moderne : trouver des solutions novatrices pour loger les citoyens.
La réalité virtuelle, fait également son entrée au musée, pour donner au visiteur une impression au plus proche du réel du Labyrinthe, l’attraction la plus mystérieuse de l’exposition. On raconte qu’il fallait patienter entre trois et quatre heures pour y pénétrer, puisqu’une fois sortie, on ne trouvait pas les mots pour raconter ce qu’on y avait vu. Cette reconstitution nous fait réaliser qu’il est de ces choses intergénérationnelles, et que l’expérience de l’un est transmissible à l’autre, grâce à la technologie.
Pour combler notre curiosité, on découvre aussi des pamphlets originaux de différents pavillons, des scénarios inédits de projets de film, et des archives témoignant, malgré les festivités, des tensions de la Guerre Froide.
« Rêver le monde » fait renaître le sentiment de l’époque. C’est une passion contagieuse qui anime les collectionneurs, un vécu surréel qui fascine le spectateur, frappe son imagination. Et les anecdotes tout le long du parcours ne font qu’embellir l’histoire joliment racontée. On sort de l’exposition anniversaire, touché, à un tel point qu’on regrette un peu de n’être pas né plus tôt.
Le Pavillon de la France, recyclé en Casino de Montréal
Développé autour du thème Tradition et Invention dans le génie français, c’était le plus grand bâtiment de l’Expo. Il comptait 8 étages d’exposition dont un entièrement dédié à la ville de Paris. Au rez-de-chaussée, les visiteurs étaient transportés dans les rues de la capitale, grâce à des jeux de projections et des boutiques éphémères de luxe parisien.
L’édifice est l’œuvre de l’architecte français Jean Faugeron et ses collègues québécois de la firme André Blouin Architectes (aujourd’hui les Architectes FABG). Sa structure est composée entièrement d’acier et de béton, ce qui était relativement rare encore à Montréal à l’époque, et constituait donc une expérimentation technologique sur un échéancier serré.
Son design travaillé fit qu’on décida de ne pas le démonter à l’automne 1967. Les immenses baies vitrée surmontées d’un jeu de lames brise-soleil en aluminium lui donnaient une apparence sculpturale majestueuse.
En 1990, la société d’état Loto-Québec choisit d’y installer le Casino de Montréal, et réaménagea ses vastes espaces en planchers entiers de machines à sous.
Du 5 juillet au 24 août, le Casino présentera le spectacle Un jour, un jour – Expo 67 : 50 ans, durant lequel seront chantées les plus grandes chansons de cette année emblématique.
Un jour, un jour, est originalement le titre de la chanson thème de l’Expo 67. Stéphane Venne y chante l’enthousiasme et la naïveté assumée qui émane de cette kermesse des Trente Glorieuses.
A voir également, le documentaire-thriller, Expo 67 Mission Impossible:
Expo 67 – Rêver le monde – JUSQU’AU 8 OCTOBRE 2017
En complément, une visite guidée extérieure sur l’île Sainte-Hélène pour redécouvrir les anciens sites d’Expo 67 sera aussi proposée au public.
Enfants (moins de 12 ans) : gratuit
Aînés / étudiants : 8 $
Admission générale : 10 $
Le Musée Stewart est situé au dépôt militaire britannique de l’île Sainte-Hélène, au Parc Jean-Drapeau : 20, chemin du Tour-de-l’Isle, Montréal (Québec) H3C 0K7.
(crédits photo: Musée Stewart – Courtoisie – Flickr – Archives de la Ville de Montréal)