L’accord de reconnaissance mutuelle des diplômes (ARM) infirmiers entre la France et le Québec, officialisée et signée en grandes pompes en février 2014, bat de l’aile. L’ARM est aujourd’hui un obstacle pour les Français et engendre des situations sociales difficiles.
Par Charlotte Lopez et Nathalie Simon-Clerc
D’ici quelques semaines, Agnès Cardamone devra quitter la province et rentrer en France avec son fils de 16 ans, si elle ne trouve pas d’emploi. « J’arrive à court de mes économies », lâche-t-elle. Arrivée pleine d’espoir en août 2015 à Sherbrooke, l’infirmière-anesthésiste voit son rêve québécois virer au cauchemar. Recrutée en France par l’hôpital de Sherbrooke, elle quitte le vieux continent pour embrasser une nouvelle vie. D’ailleurs, son fils Jean-Baptiste, champion de tir à l’arc, est sélectionné pour les prochains Jeux du Québec. Elle-même est devenue bénévole dans le club de son fils. Pour des raisons personnelles, elle échoue au stage d’embauche de l’hôpital qui, selon elle, ne s’est pas déroulé dans les règles de l’art. Elle perd sa promesse d’emploi, et n’a obtenu depuis, que trois entrevues dans des hôpitaux québécois. « Humainement, c’est dur à vivre. À 44 ans, après 22 ans de pratique, rater un stage et voir les portes se fermer, c’est très dur à vivre. », convient l’infirmière.
On n’a pas les moyens d’embaucher des infirmières françaises
Selon elle, la reconnaissance des diplômes entre la France et le Québec, a créé un obstacle de taille : le stage de 75 jours imposé aux infirmiers français, qui nécessite une personne supplémentaire pour superviser. « Seuls les CHU peuvent financièrement se le permettre », explique Mme Cardamone. D’ailleurs, elle assure que beaucoup d’établissements de santé n’embauchent plus de Français. « On est en pleine réforme, et on n’a pas les moyens d’embaucher des infirmières françaises », entend-elle régulièrement. De plus, les nouvelles contraintes d’Immigration Canada, imposant des frais de 1 400$, de nombreuses formalités administratives et la preuve que l’embauche d’un infirmier étranger est préférable à un infirmier canadien, sont un obstacle supplémentaire à l’application de l’ARM.
D’autres situations sont plus difficiles encore. Pour cette infirmière qui, avec son conjoint et un bébé de un an, doit prendre son poste au Québec le 22 avril, toujours pas de visa d’immigration… Ils ont démissionné et ont tout vendu (maison, voitures, meubles), en vue de leur prochaine immigration qui pourrait ne jamais se concrétiser. Ils vivent à l’hôtel en France et font de l’intérim en attendant le précieux sésame.
Il faut supprimer le fameux stage de 75 jours
Du côté du Regroupement des infirmiers français au Québec (RIFQ), on tient le même discours. Nagia Idel Mehdaoui, infirmière française en dispensaire dans le Grand Nord, qui a bataillé pour la reconnaissance du diplôme français au Québec, est plutôt amère. « le fameux stage de 75 jours » est trop long selon elle, et constitue un frein. La conjoncture explique aussi la désaffection des employeurs vis-à-vis des infirmières françaises. « Entre 2010 et 2015, on a recruté 200 à 300 infirmières françaises par an, explique Mme Idel Mehdaoui, mais aujourd’hui, il n’y a plus de pénurie ». Elle ajoute que la réforme des CSSS engendrée par la loi 10, crée beaucoup de contraintes budgétaires sur les établissements de santé, qui trouvent moins d’intérêt à recruter des infirmières françaises, alors que chaque année une cohorte d’infirmières québécoises sort de l’école. « De plus, avec l’ARM, on a été reconnu comme bachelier, donc on coûte plus cher », fait également valoir la professionnelle de santé.
Pour relancer un ARM à bout de souffle, Nagia Idel Mehdaoui propose de supprimer le stage de 75 jours, comme c’est déjà le cas en France pour les infirmières québécoises, qui peuvent exercer dès leur arrivée.
Mais c’est également, selon elle, deux philosophies qui s’affrontent au sein de l’accord bipartite. « Du côté français, on voulait favoriser la mobilité, du côté québécois, c’était pour répondre à un besoin du marché du travail. Aujourd’hui on ferme les vannes, c’est dommage », considère Mme Idel Mehdaoui.
RSQ ne recrute plus
Du côté de Regroupement Santé Québec (RSQ), « mandaté par le MSSS (ministère de la santé et des services sociaux) pour recruter des professionnels de la santé et des services sociaux ayant obtenu un diplôme hors du Canada afin notamment de combler les besoins de main-d’oeuvre du réseau de la santé québécois », on se fait discret, puisque nos demandes d’entrevues ont été déclinées.
D’une autre source, on apprend que RSQ ne s’est pas rendu au salon des infirmières en France cette année, alors que l’organisme faisait le voyage tous les ans. Le voyage aurait été annulé au dernier moment à cause du faible nombre de contrats à proposer (une trentaine pour Sainte-Justine, et trois pour le CHUM). Selon RSQ, 400 professionnels de santé ont été recrutés à l’étranger entre 2012 et 2014, 221 en 2015 et 26 en 2016.
Le titre de l’article peut être changé https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1098339/penurie-infirmieres-etablissements-quebecois-recrute-france
Dommage! Je comprend bien que de quitter son pays en passant par toute les démarches d’immigration pour arriver dans un pays ou tout est différent doit être difficile. Par contre le Québec est ce qu’il est avec ses qualités et ses défauts. On aime ou on aime pas. Je trouve dommage que certaine personne n’ait pas le sens de la répartie. Tant les québécois que les français ou que n’importe quel autres nationalité. Je répond a David qui clame haut et fort que les inf. Québécoise sont incompétentes. En fait des incompétents il y en à partout. Je répond aussi à Christophe, tourne ta langue 7 fois avant de parler. Au Québec on n’est ni français ni Anglais, on est Québécois tout simplement. Pour le comprendre il faut y avoir voyagé, il faut s’y être intégrer , il faut avoir partagé et compris son peuple. À ce que je vois tu n’en à rien fait. La preuve c’est que je ne parle pas anglais et que je suis née ici et travail depuis longtemps, il ne faut pas généralisé. Je n’ai jamais senti ce soit disant besoin de me convaincre que je suis pas anglais en m’identifiant à un pays qui n’est pas le mien. Aussi, comment peut tu prétendre avoir compris nôtre devise alors que nous même débattons encore sur la suite de ces trois mots, « Je me souvient », que seul un homme née en 1836 à gravé sur une pierre du parlement et peut être certain de la suite. Nous ne somme pas que de simple mots. Au canada y a de la place pour ceux qui ont l’étoffe de s’en faire une. Enfin, ne voyer pas dans ce mémo une attaque contre un peuple, un pays ou un autre. Voyer y réponse à l’ignorance et la aine qu’elle engendre. Longue vie et prospérité à tout mes amis francophones. Et surtout « VIVE LE Québec! VIVE LE QUÉBEC LIBRE! » Parole d’un grand homme. ( français 😉 )
Je réponds à Christian,
Je n’ai jamais écrit que les infirmières françaises étaient toutes compétentes. Ce que j’ai écris c’est qu’à la différence de la France, au Québec, le rythme de travail est nettement moins soutenu au niveau des soins infirmiers (Au Québec c’Est du 1 pour 1 en soins critiques, alors qu’en France c’est du 1 pour 4).
Peu de discussions cliniques sur le plancher entre infirmières au Québec, peu d’intérêt pour lire les recherches et s’informer des nouveautés. (Ça c’est le « rôle » des conseillères en soins)
En fait, le fait que les infirmières françaises aient l’impression de ne pas être les bienvenues dans le réseau québécois de la santé ne vient probablement pas de leur nationalité.
Ce sont tous les nouveaux employés qui ne sont pas les bienvenus dans le réseau québécois.
La culture assez présente du « pas trop vite, pas trop fort, laissez-moi le temps de parler de mon week-end, de mes enfants avec mes collègues de travail pendant 4h sur 7h » fait que beaucoup de Québécois et Québécoises voient d’un mauvais oeil tous ceux et celles qui viendraient perturber leur petite routine.
C’est aussi sans compter la peur de se faire pointer du doigt leur incompétence, le principe de Peter est assez fréquent ici.
Maintenant, qu’il existe de la francophobie est un fait. Il faut se faire une carapace tout comme les arabes doivent s’en faire une en France j’imagine. C’est en ayant vécu le « racisme » systémique qu’il est possible de le combattre.
Le fait que les infirmières françaises soient reconnues au niveau d’un Bac nord-américain fait qu’effectivement elles coutent plus cher que des infirmières techniciennes formées dans l’équivalent d’un IUT. Mais comme l’OIIQ prône l’embauche presqu’exclusive d’infirmière bachelières pour mettre fin définitivement au double standard de la porte d’entrée à la profession, beaucoup d’établissements hospitaliers ne font que recruter des infirmières bachelières ce qui génère énormément d’anxiété chez les infirmières dites « techniciennes » (en passant, sur le plancher, il est impossible de faire la différence entre les deux « titres d’emploi ».)
Donc à plus ou moins court terme, il y a fort à parier qu’au Québec, les infirmières bachelières occuperont bien plus des postes de gestion (cadre, assistante, infirmière-chef) et que les infirmières auxiliaires (formées au niveau « lycée ») soient finalement obligées de suivre la formation IUT actuelle. Ainsi tous les titres d’emploi se verront obligé de suivre 1 ou 2 années d’études supplémentaires et les payes seront finalement encore plus élevées qu’actuellement.
Mais il est vrai aussi que le Québec est très très loin d’être un eldorado. Il faut vraiment venir faire un tour d’une durée de 6 mois à 1 an comme PVtiste pour prendre une décision éclairée.
Surtout ne vendez aucun bien matériel en France tant que vous n’êtes pas certains de vouloir rester au Québec.
Il y aura toujours des histoires de réussites, ça va de soit. Il faut avoir un esprit ouvert, flexible, curieux et une très très grande capacité de lâcher-prise sur son éducation à la française pour y parvenir. Mais il faut savoir qu’encore en 2017 50% des français ayant immigrés au Québec retourne en France dans les 5 ans. C’est énorme. Je ne sais pas combien y retournent après 10, 15 ou 20 ans. Mais il n’en reste plus beaucoup c’est certain.
Je suis toute à fait d’accord avec toi. Je suis americaine et je suis venue en France faire ma formation infirmiere surtout pour appremore me français. L’erreur de ma vie. La maltraitance des étudiants en stage est au rendez vous au quotidien SURTOUT si tu es étrangère tu ne maitrises pas trop bien le français. Te font la misère, puis quand eux se retrouvent dans un pays étrangers, ils veulent faire la loi et en plus se plaignent. C’est bon.
Je trouve incroyable cet article, limite too much. Je suis infirmière au CHU de Sherbrooke depuis un peu plus d’un an, et je n’ai pas éprouvé autant de difficultés. Oui il faut une certaine adaptation qui n’est absolument pas facile tous les jours. Oui les nouveaux arrivants ont plus de difficultés encore, mais c’est comme ça. On ne part pas à l’aventure dans un autre pays dans l’espoir que tout soit tout beau tout rose, c’est utopique ! Le Quebec est une région très accueillante et j’y ai rencontré des personnes formidables. Le personnel n’est pas là pour mettre des bâtons dans les roues, bien au contraire, mais comme dans tout nouveau il faut savoir parfois se faire petit et doubler d’efforts pour s’intégrer. Ça forge de l’expérience, et c’est bénéfique au final. On râle souvent de certaines conditions de travail, mais on reste lucide, si on pese le pour et le contre, il y a quand même beaucoup plus de points positifs que négatifs par rapport à la situation en France. Bref, le Quebec et son système médical, on aime ou on aime pas. Comme partout dans le monde, il est question d’économies , il y a des coupes budgétaires etc… Donc oui le Quebec a tendance à moins recruter, mais c’est parce que la pénurie d’infirmières n’est plus tellement d’actualités, a force de recrutement plus ou moins intensif ces deux dernières années.
N’est-il pas légitime qu’un pays stoppe l’engagement de diplômes étrangers lorsqu’il n’a plus (ou moins) d’emploi à offrir.
Partir à l’étranger est un risque à prendre de faire partie des premiers à quitter le pays d’accueil lorsqu’il n’y a plus d’emploi. Le Canada forme ses infirmières et se doit de leur garantir un emploi, avant d’en garantir à un à un diplôme étranger.
La France investi des millions pour former des infirmières et est face à une pénurie de personnel. Celles-ci veulent s’en aller vers des pays où l’embauche est difficile ! Un non-sens. Et en plus arrivée là-bas, elles sont confrontées à des problèmes linguistiques.
Chères infirmières françaises réjouissez-vous de pouvoir travailler dans ce pays qui a investi pour vous former, et qui attend la mise sur le marché de vos compétences pour soigner ses citoyens. Le peuple français a besoin de vous ! Vous avez en plus la chance d’exercer une profession où le chômage est rare. La France est un grand pays et du boulot il y en a !
Voilà enfin assumé le sentiment trop souvent dissimulé envers les « maudits français » ! Ce qui confirme ce que je dis depuis longtemps: la meilleure province pour travailler pour les français et l’Ontario et au QC pour travailler il FAUT PARLER ANGLAIS ! Je suppose aussi que pour dire que la France déborde d’emplois il y’a des chiffres à l’appui… Et en passant, la francophobie québecoise ne se limite pas qu’aux diplômes d’infirmières, mais c’est l’exemple le plus flagrant de la lenteur de reconnaissance entretenue pour ensuite s’arranger pour que cela ne fonctionne plus quand cela est en place. C’est aussi ridicule dans le cas des ingénieurs. Les Québécois sont ouverts sur le monde, mais fermés sur eux-mêmes… En fait ils n’aiment l’Europe que pour y faire un tour après le CEGEP et se convaincre qu’ils ne sont pas anglais. Leur devise ? Je ne me souviens pas que je suis né sous le Lys et que je grandis sous la Rose… C’est pas grave: au Canada y’a de la place pour tout le monde.
Je suis complètement d’accord sur ce que vous dites quant au fait qu’il est normal que le Canada emploie d’abord des infirmières canadiennes. C’est juste.
Par contre, dire qu’en France, en 2016, en tant qu’infirmiere, on trouve du boulot comme on veut, non. Il y a 10 ans oui, on était les reines. En fin de formation, on ne se faisait aucun soucis pour trouver du travail une fois le diplôme en poche, on avait même l’embarras du choix. Aujourd’hui, les étudiantes n’ont plus du tout cette certitude, certaines restant plusieurs mois sans travail. Non pas parce qu’il n’y a plus besoin, mais parce que tous les hôpitaux n’ont plus les moyens donc restriction drastique. Et si emploi il y a, c’est de cdd de 3 mois en cdd de 3 mois…
Bonjour,
Je suis Patricia, infirmière, j’étais à Sherbrooke en même temps qu’Agnès et j’ai eu le même vécu qu’elle, par contre je suis partie avant la fin des 75 jours, j’ai rompu mon contrat, après 30 ans de carrières, des démarches depuis 2ans, l’envie de découvrir d’autres façons detravailler et un rapprochement familiale, mais la pression de la restructuration et la coupe se fait ressentir sur le personnel qui va leur couter.
J’ai rembourser les 2000$ et suis rentrée au bout de 3mois. J’ai du repartir 15 jours à Montreal pour suivre ma fille qui s’est fait opérée d’une tumeur, et maintenant je fais de l’intérim en France…Je ne suis pas une chialeuse mais triste. J ‘aime toujours cette contrée, ce continent, je ne mélange pas tout,Bonne chance à ceux et celles qui attendent leur résidence.J’aimerai bien avoir des nouvelles et reprendre contacte avec elle,une belle personne.
PS: ce qui prouve encore que lorsque l’on est gouverné par une reine ou un roi et que l’on est aussi mal organisé pour entretenir des ponts il ne faut pas s’attendre à des comportements franchement démocratiques et clairement républicains de vrai liberté, de véritable égalité et surtout de fraternité professionnelle. Ne leur en voulez pas: leur révolution à été trop tranquille pour être achevé aujourd’hui. L’importance des travaux au QC comme ailleurs se mesurent à la grandeur du retard. Cela reste une belle province même s’ils ne nous aiment pas.
Voici encore un exemple de la discrimination positive – trop éduqués, trop diplômés, trop cher … – savamment entretenue à l’égard des français au QC. Les Québécois veulent des francophones, mais pas des français, j’espère que c’est clair maintenant pour tous ceux qui voit au QC un eldorado américain en français: c’est faux! Et pour une province qui défend sa fameuse loi 101, de travailler en français etc, il FAUT ÊTRE PARFAITEMENT BILINGUE POUR TRAVAILLER. j’en ai la preuve chaque jours. Les québécois sont des français qui ont été éduqués à l’anglaise, avec ce que cela comporte de protectionnisme et de castes professionnelles. De plus le cheap labor va bientôt être composé d’immigrants syriens, plus dociles, qui parlent déjà anglais et qui ne demandent rien, ni confort, ni culture. En passant les français sont les seuls pour qui la fête nationale n’est pas un jour férié officiel et la définition des minorités ne s’applique pas à eu non plus parce que la définition parle de français comme langue maternelle… Alors que les immigrants français ne sont pas les plus nombreux dans la province. Moralité: INSTALLEZ VOUS EN ONTARIO ! Bonne chance à tous et bienvenue quand même au futur intouchables.
Petite rectification tout de même, le protectionnisme n’est pas anglais, bien au contraire les britanniques de Grande-Bretagne sont les créateurs du libre-échange économique. Paradoxalement en revanche oui ici, dans l’ensemble du Canada le protectionnisme est de rigueur…