France Insoumise Montréal, groupe local d’appui à la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle en France, organisait sa deuxième réunion publique samedi dernier à l’UQAM. L’occasion pour les électeurs et les militants de débattre du passage à la 6ème République, pierre angulaire du programme de la France Insoumise.
Jean-Luc Mélenchon l’a rappelé lors du premier débat télévisé de la campagne présidentielle : il veut être le dernier président de la 5ème République en France. Samedi dernier, 130 mille personnes avaient manifesté à Paris à l’appel du candidat pour soutenir ce passage à la 6ème République.
Quelques heures plus tard et quelques milliers kilomètres plus loin, les Insoumis de Montréal se sont invités dans la réflexion. « Un tel rassemblement à Paris pour la 6ème République, c’est un fait politique, estime Thibault Froehlich, un des représentants de France Insoumise Montréal. Nous voulions faire écho à cet événement en organisant une réunion publique sur le même thème au Québec. »
Plus de 80 personnes se sont rassemblées dans un local de l’UQAM pour prendre part à cette soirée de réflexion : des insoumis, des indécis, des curieux, des militants d’autres partis, des Français, mais pas seulement.
La réunion a commencé avec la retransmission d’une partie du discours de Jean-Luc Mélenchon prononcé quelques heures plus tôt à Paris. Régulièrement interrompu par les cris « Résistance, résistance » de la foule, M. Mélenchon a déroulé son argumentaire pour la 6ème République en martelant son intention de rendre sa souveraineté au peuple. « Ceci est une manifestation populaire, une insurrection citoyenne contre la monarchie présidentielle » a-t-il notamment lancé.
Les Insoumis de Montréal ont ensuite entrepris de donner corps à cette 6ème République en en présentant le principe fondateur : la convocation d’une assemblée constituante pour réécrire la Constitution de la République Française, par et pour le peuple.
Plusieurs représentants des Insoumis de Montréal ont passé en revue des thématiques clés du programme de la France Insoumise, comme la restitution du pouvoir aux citoyens, la conquête de nouveaux droits sociaux ou la lutte contre la marchandisation de l’information médiatique.
« On ne se rassemble pas à la gloire de Jean-Luc Mélenchon, mais bien pour défendre le programme, explique Thibault Froehlich. L’objectif est de mettre les idées de notre mouvement dans le débat public et d’en discuter avec les électeurs. »
Idées neuves et vieux désaccords
Un peu timides en début de soirée, les participants se sont rapidement réveillés pour poser leurs questions, exposer leurs points de vue ou exprimer leurs inquiétudes.
Le débat sur le rassemblement de la gauche au premier tour de l’élection présidentielle a pris beaucoup de place, les uns reprochant à Jean-Luc Mélenchon de ne pas s’être allié au candidat du Parti Socialiste Benoît Hamon, tandis que les autres ont défendu le choix de porter une candidature distincte. De même, le désaccord entre les deux hommes sur l’attitude à adopter face à l’Union Européenne a longuement alimenté les discussions.
Ces questions pourtant tranchées ont parfois éloigné le débat des enjeux propres à la 6ème République, ce que quelques participants n’ont pas manqué de reprocher aux organisateurs. « Trop bordélique ! », s’est insurgée une ancienne syndicaliste auprès d’un représentant des Insoumis de Montréal à l’issue du débat. « C’est vrai qu’on doit faire attention à se structurer, reconnaît Thibault Froehlich, mais en même temps, on veut que les discussions soient ouvertes et que le débat reste horizontal. »
Dans l’ensemble, les échanges sont toutefois restés constructifs et ont permis de faire le point sur les grandes orientations que feraient prendre à la France la 6ème République souhaitée par les Insoumis : passage d’un régime présidentiel à un régime parlementaire, intensification de la lutte contre les conflits d’intérêt et la fraude fiscale, promotion de nouveaux droits sociaux…
Cette 6ème République est présentée par les Insoumis comme un creuset d’idées neuves, notamment pour sortir de la logique néolibérale actuelle. Ainsi, certains participants n’ayant pas la nationalité française ont trouvé un intérêt à ces discussions, à l’image de ce Montréalais engagé à gauche : « Si un pays comme la France parvient à s’engager dans une voie alternative au néolibéralisme actuel, c’est un fait politique intéressant pour le reste du monde ».
Les Insoumis de Montréal organiseront leur prochaine réunion publique le 9 avril au Bar Station Host afin de détailler le programme de leur mouvement.
(crédit photo: Cédrelle Eymard)