Le 21 avril dernier, Jean-Luc Mélenchon effectuait une toute première visite de quatre jours au Québec. Le député européen veut mettre le débat des accords commerciaux AECG et TAFTA au cœur de la campagne des présidentielles en 2017. Il accordé une entrevue exclusive à l’Outarde Libérée.
Par Nathalie Simon-Clerc et Léopoldine Frowein
« L’AECG (1) est une préfiguration du TAFTA (2), c’est un grand moment politique! », assène Jean-Luc Mélenchon. Le député européen est visiblement inquiet, et il a tenu à venir en terre québécoise, « destination romantique », pour mesurer les implications des accords de libre-échange transatlantiques. Il s’est entretenu avec des syndicalistes québécois hostiles à l’accord, ainsi qu’avec des chercheurs de l’IRIS, à ce sujet. M. Mélenchon veut que ce débat soit au cœur de la prochaine élection présidentielle, pour que les Français soient informés. Mais le choix du Québec n’est pas un hasard, puisque le parlementaire imagine une francophonie politique qui prendrait le pas sur l’Europe.
Mais c’est aussi son livre, « l’Ère du peuple », que le député européen est venu promouvoir au Québec. Authentique plaidoyer pour un changement de régime, l’ouvrage dénonce un monde confronté à des enjeux écologiques, géopolitiques et économiques. Néanmoins, Jean-Luc Mélenchon ne cherche pas tellement à dénoncer l’explosion démographique ou les divers bouleversements écologiques. Ce qu’il souhaite, c’est avant tout redéfinir le rôle du peuple en évoquant le besoin d’une révolution citoyenne : « le pire de la crise, ce n’est pas les dégâts qu’elle provoque, ce serait que nous n’ayons aucune espèce d’idée de la façon d’en sortir; le pire de l’effondrement de l’Union Européenne, c’est le bazar dans lequel finira un tel effondrement». Ainsi, le futur ce n’est pas ce qui va arriver, selon lui, mais c’est ce que nous allons faire.
Le leader du Front de Gauche, qui a rassemblé plus de 10% des suffrages au sein de la communauté française du Québec, lors de la dernière élection présidentielle de 2012, fustige le libéralisme, « du chacun pour soi », et préfère le « tous ensemble » du progressisme. Il veut revoir la façon de vivre et de consommer, en intégrant l’écologie dans son programme.
Des rencontres avec des leaders québécois et des Français
Son programme « québécois » chargé l’a amené à rencontrer Québec Solidaire, et à participer à un débat, organisé par le média indépendant Ricochet, avec Gabriel Nadeau-Dubois, l’étudiant-leader du Printemps érable. D’ailleurs, il a salué le mouvement Nuit Debout qui tente de percer à Montréal. Il s’est également entretenu avec le député NPD, Alexandre Boulerice, et les péquistes Jean-François Lisée et Carole Poirier.
Mais c’est aussi avec les militants du Front de Gauche de Montréal et le conseiller consulaire Philippe Molitor, que Jean-Luc Mélenchon a souhaité se ressourcer samedi soir à l’Union Française.
Selon lui, les Français de l’étranger sont un atout considérable pour la France, et il encourage les jeunes à aller courir le monde, car « la communauté française n’est pas seulement décrite par les frontières de l’Hexagone ».
Entrevue exclusive avec Jean-Luc Mélenchon, recueillie par Nathalie Simon-Clerc :
(1) Accord Économique et Commercial Global (Canada-Europe)
(2) Traité de libre-
(Crédit photo : Toma Iczkovits – Utilisation interdite sans autorisation)