Pour la troisième année de suite, Karim Zaghib, directeur général du Centre d’excellence en électrification des transports et stockage d’énergie au sein d’Hydro-Québec, a été nommé parmi les scientifiques les plus influents du monde par Clarivate Analytics dans son palmarès The World’s Most Influential Scientific Minds, l’un des plus prestigieux classements en la matière. Le franco-québécois, spécialiste de la batterie du futur, prédit l’explosion des voitures électriques et autonomes dans les dix prochaines années.
« Ce n’est pas de la science-fiction! Dans les dix prochaines années, on va voir une présence de plus en plus importante de véhicules électriques et autonomes sur nos routes », prédit M. Zaghib. Le franco-québécois, arrivé au Québec il y a 22 ans, est une sommité dans son domaine. Spécialiste de l’électro-chimie et de la science des matériaux orienté vers les batteries, le chercheur d’Hydro-Québec travaille sur la batterie lithium-ion et une nouvelle génération de batteries solides, sans électrolyse et liquide inflammable, « pour éliminer les problèmes de sécurité ». Les plus récentes avancées découlant de ses travaux, réalisées en collaboration avec des centres de recherche étrangers, notamment de Singapour et d’Espagne, ouvrent la voie à la prochaine génération de batteries pour véhicules électriques.
Derrière le chercheur, le citoyen s’inquiète : « 75% de la pollution est due aux transports, il y a urgence quand on voit ce qui se passe en Chine par exemple ».
Selon une étude du Département américain de l’Énergie, dès que le prix du kilowattheure passera de 242$, actuellement pour une batterie de voiture électrique, à 100$, « on va se questionner sur la voiture à essence » commente Karim Zaghib. Et le scientifique est optimiste : « On est capable de l’obtenir dans les prochaines cinq années! » Voilà pourquoi il juge parfaitement « réaliste » la volonté du président Macron d’éliminer la voiture à moteur thermique des routes de France à l’horizon 2040.
Un scientifique de haut vol
Docteur en électrochimie de l’Institut polytechnique de Grenoble, le scientifique s’est donc vu attribuer en décembre, la distinction décernée aux scientifiques les plus cités par leurs pairs au cours des onze années précédentes et ayant un « impact exceptionnel » dans leur champ de recherche, par Clarivate Analytics dans son palmarès The World’s Most Influential Scientific Minds. Il faut dire qu’à 53 ans, M. Zaghib compte quelque 550 brevets, près de 400 publications et une vingtaine d’ouvrages.
Clarivate Analytics récompense ainsi environ 3 300 scientifiques parmi les 9 millions de chercheurs qu’elle recense dans le monde. Les chercheurs qui figurent sur la liste font donc partie d’un groupe exclusif qui représente moins de 1 % de l’ensemble des scientifiques.
De 1992 à 1995, il a été chercheur invité du ministère du commerce et de l’industrie du Japon. En 2002, il a reçu l’habilitation à diriger des recherches (HDR) en science des matériaux de l’Université Pierre et Marie Curie (France).
En mars 2017, lors de son congrès qui s’est tenu à Nara au Japon, l’International Battery Association a décerné à Karim Zaghib le prix IBA Technology Award 2017.
« L’Amérique offre des opportunités »
Le franco-québécois, qui vit dans la province et travaille chez Hydro-Québec depuis 22 ans, se sent bien ici. « La qualité de vie est exceptionnelle », s’enthousiasme-t-il.
Mais le chercheur reconnait aussi que « l’Amérique du Nord offre des opportunités » que la France ne lui aurait peut-être pas permises. « Dans la recherche, Hydro-Québec m’a donné toute ma liberté », explique celui qui, il y a plus de 20 ans, avait pour projet de rentrer en France pour enseigner.
Aujourd’hui, il n’envisage plus de quitter le Québec ou il a rencontré sa femme et ou ses enfants sont nés. « Je vais finir mes jours ici », assure le scientifique franco-québécois.
(crédit photo de Une: Archives – Nathalie Simon-Clerc)