crédit photo : Radio-Canada
L’éternellement jeune Janine Sutto a reçu les insignes de chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres, jeudi dernier, lors d’une cérémonie chaleureuse, au Centre Phi de Montréal. L’occasion de célébrer une vie consacrée à rapprocher le Québec et la France dans ce qu’ils partagent de plus cher : la culture.
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En France, certains insignes sont devenus galvaudés. On les remet un peu à n’importe qui, au gré des gouvernements, des modes, parfois même à la demande des décorés eux-mêmes. Dans le cas de Janine Sutto, l’hommage est amplement mérité, et c’est avec une émotion non dissimulée que l’actrice, encore active à 92 ans, est montée sur la scène du Centre Phi, afin de recevoir son insigne des mains de Nicolas Chibaeff, consul général de France.
Au-delà de la France, son pays natal, tous les proches de Janine Sutto ont tenu à être présents pour saluer la carrière de celle que Gilles Latulippe a baptisée « Notre-Dame du Théâtre ». Le comédien était d’ailleurs dans la salle, ainsi que l’écrivain Michel Tremblay. Monique Giroux, en bonne maîtresse de cérémonie avait réservé plusieurs surprises à l’actrice. La troupe de la pièce musicale Les Belles-soeurs a rendu un hommage chanté à Janine Sutto. Le peintre et ami Louis Boudreault, lui a également offert une toile de sa série Destinées, représentant la petite Janine sur sa photo de passeport, celui-là même qu’elle avait utilisé 83 ans plus tôt, pour partir à Montréal.
« Les souvenirs me montent à la tête, a commencé à raconter la comédienne, je suis venue au Canada à l’âge de 9 ans, ça a été un départ douloureux : quitter mes grands-parents, mes cousines, mes deux amies que j’ai gardées toute ma vie. » Cette séparation, Janine Sutto a passé sa vie à la combler avec sa passion : le théâtre.
Elle a d’abord rapporté de ces séjours en Hexagone le répertoire français, de Molière, en passant par Anouilh, Cocteau, Feydeau, etc. Elle a surtout contribué à donner une scène à la création québécoise et théâtrale dans son ensemble avec la fondation de la troupe de théâtre, l’Équipe, en 1938, mais aussi celle du Théâtre du Nouveau Monde, en 1951. Elle fut également l’une des pionnières de la télévision et du cinéma québécois. C’est dans le rôle d’Olivine Dubuc, de l’adaptation musicale des Belles-soeurs par René Richard Cyr, que Janine Sutto a retrouvé Paris, en 2012.
« C’est une merveilleuse vie dédiée aux arts, et à ce qui rapproche la France et le Québec. C’était le moins que notre pays pouvait faire de rendre cet hommage, parce que Madame Janine Sutto est une figure du monde des arts et des lettres», a conclu Nicolas Chibaeff, avant de céder la place à une longue salve d’applaudissements.
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Autres distinctions
1986 – Compagnon de l’Ordre du Canada
1998 – Chevalier de l’Ordre national du Québec
2000 – Prix hommage Rideau
2000 – Prix Gémeaux hommage
2001 – Prix hommage de la Soirée des Masques
2005 – Prix Gascon-Thomas
2008 – Prix hommage Québécor