Le restaurant-pub gastronomique L’Artizan Biztro, situé sur Saint-Hubert dans le quartier de la Petite-Patrie à Rosemont, lance un tout nouveau concept de « café-expo ». Le vernissage de la première exposition : « Racines » de l’artiste Camille Havas, a eu lieu le 18 octobre dernier.
Par Sarah Laou
Ouvert depuis moins de deux ans, L’Artizan Biztro est un petit endroit à l’ambiance chaleureuse et feutrée. Cuisine simple mais raffinée, décoration trendy et peintures murales, l’Art semble imprégner les lieux. Ceci est en grande partie grâce à la gérante de l’établissement, Amélie Chenel, qui est aussi étudiante en Arts visuels. Pour cette férue de culture, proposer des créations artistiques à sa clientèle était un défi passionnant. Avec son concept de « café-expo », elle souhaite soutenir les artistes émergents montréalais. « Ce n’est pas toujours facile pour ces jeunes artistes de trouver un lieu d’exposition, explique-t-elle. Et je sais de quoi je parle. On voulait favoriser l’échange, et puis c’est aussi une belle visibilité pour notre restaurant ». L’Artizan Biztro, qui ouvre le bal des expositions avec la photographe française Camille Havas, souhaite accueillir les œuvres de nouveaux artistes chaque mois.
L’exposition « Racines » : une ode à la natureAvec une série de photographies dédiées à la beauté des paysages du Québec, l’exposition est en réalité un hymne à la nature et aux éléments. À travers des clichés aux teintes douces, aux courbes harmonieuses et aux perspectives apaisantes, Camille Havas nous raconte l’histoire des arbres, révèle l’esprit des eaux et immortalise ainsi les âmes qui peuplent ces forêts. Dans les Laurentides, en Mauricie, au parc naturel du Mont-Tremblant, au Mont-Royal ou encore en Gaspésie, la photographe est allée à la rencontre de ces « êtres » d’une autre nature. Elle s’est efforcée avec respect, précise-t-elle, de les faire parler. Dans cette démarche, la photographe s’est d’ailleurs associée à l’organisme Arbre Canada. Ainsi, pour chaque photo vendue, un arbre sera planté au Québec. Une action importante pour cette amoureuse de l’environnement : « Lorsque l’on prend des modèles, on les paye, déclare-t-elle. Je ne pouvais pas concevoir faire de l’argent sur le dos de la forêt. Nous avons tellement à apprendre des arbres ».
C’est donc un travail en profondeur et en délicatesse que réalise Camille Havas. L’exposition « Racines » a le mérite de nous inviter à entrer en relation avec un « peuple » trop souvent négligé. Mais aussi, une féerie réaliste, une poésie du quotidien, qui définit bien le style de l’artiste.
[caption id="attachment_12446" align="aligncenter" width="640"] Le restaurant-bistro l’Artizan lors du vernissage de l’exposition de Camille Havas le 18 octobre 2015 (Sarah Laou)[/caption]Photographe du banal, témoin de l’extraordinaire
« Fascinée par les beautés simples et les petites absurdités du quotidien, je me considère comme une photographe du banal. J’aime brouiller les cartes, mélanger les repères, jusqu’à ce que ne plus s’étonner de rien permette de s’émerveiller de tout. », peut-on lire sur son site internet.
Avec ses cheveux rasés, son regard limpide et sa longue robe en velours orange, Camille Havas est singulière. Née à Marseille d’une mère bretonne et d’un père hongrois, elle s’est très tôt passionnée pour le cirque. Enfant, elle est différente de ses camarades de classe et se sent souvent rejetée. Elle explique : « En France, il y a beaucoup de jugements sur l’aspect physique. Dans la famille du cirque, on m’a accueillie sans poser de questions… telle que j’étais. J’ai retrouvé cela au Québec. C’est pourquoi je me sens libre d’être qui je suis ici. Je me sens chez moi ».
Bien qu’elle se sente également très proche de la culture hongroise, l’artiste, qui est au Québec depuis plus d’un an, semble donc avoir trouvé sa place. En France, elle avait entrepris des études d’informatique « pour être dans la norme », au Québec, elle est musicienne, danseuse, écrivaine, photographe et donne même des ateliers en conscience corporelle (une pratique à mi-chemin entre le yoga et la méditation).
Un parcours riche et plein d’enseignements qu’elle restitue dans ses nombreuses créations artistiques. Elle vient d’ailleurs de publier son premier livre sur l’histoire de son père : Mon père ce Hongrois. Les racines, un thème qui lui est cher…
Exposition de Camille Havas à L’Artizan Biztro jusqu’au 31 octobre. 6349 Saint-Hubert, Montréal. Pour questions ou réservations : 438 886 2556. http://lartizanbiztro.com http://photo.camillehavas.com ÉVÉNEMENT : Lecture de l’ouvrage de Camille Havas : Mon père ce Hongrois et présentation de l’exposition « Racines » ce jeudi 29 octobre à 19h30 à la Flèche rouge : Librairie et atelier de quartier 3235 rue Ontario Est, Montréal Renseignements sur la page facebook : https://www.facebook.com/events/778149535640803/ (Crédit Photos : Sarah Laou)]]>