Par Camille Feireisen et Sarah Laou
Le festival du film international pour enfant (FIFEM) a ouvert ses portes jeudi 28 février au cinéma Baubien, pour neuf jours de festivité dédiés au 7ème art. Parmi les films et courts-métrages provenant des quatre coins du globe, quatre productions françaises sont en lice pour cette 18ème édition.
La directrice artistique et générale, Jo-Anne Blouin, a donné le coup d’envoi du FIFEM avec le film français Terre des Ours de Guillaume Vincent, en 3D. Boîtes de pop corn et lunettes stéréoscopiques sur la tête, parents et enfants étaient équipés pour le lancement du festival. Ambiance bon enfant et détendue en cette veille de semaine de relâche.
Un festival haut en couleurs
Le président du jury international, Stéphane Crête, a fait quelques blagues, visiblement enthousiaste à débuter une semaine cinéphile. Pour lui, comme pour l’actrice Jacynthe René, marraine de l’événement, la programmation est inédite. « Je viens au festival depuis des années avec mes deux fils mais c’est la première fois qu’on va vraiment s’impliquer et venir ici pour travailler », rapporte-t-elle.
Son fils Louis, âgé de 11 ans, est membre du « jury enfants ». Avec ses collègues, ils auront pour mission de débattre des films et de décerner les prix. « J’ai hâte de pouvoir m’exprimer sur ces films de cultures différentes et cela va être une expérience vraiment enrichissante pour moi », explique le jeune garçon, dont le rêve est de travailler un jour, « devant ou derrière la caméra ».
Depuis 18 ans, la directrice du FIFEM met un point d’honneur à présenter des films originaux, sortant des sentiers battus. « Pendant des années, les seuls films familiaux disponibles au Québec étaient les productions américaines » indique-t-elle. D’année en année, la programmation s’est d’ailleurs enrichie, en proposant des créations de tous les genres cinématographiques.
« Le but, c’est vraiment de développer la curiosité et dire que le cinéma n’est pas une formule, précise Jo-Anne Blouin. On souhaite sortir du cinéma américain, souvent lisse et uniformisé, qui ne va pas aborder de thèmes très sérieux. Le cinéma pour enfant n’est pas un genre, il y a de tout : des documentaires, de la guerre… »
Terre des ours du français Guillaume Vincent, en vedetteTerre des ours avait déjà créé l’événement outre-Atlantique, le 29 février 2014, en se présentant comme le premier film documentaire en 3D-relief. Raconté par Marion Cotillard, le documentaire animalier français propose un voyage aux confins de la civilisation, au Kamtchatka : terre à l’état sauvage de l’Extrême-Orient russe peuplée par les ours bruns.
Avec 27 semaines de tournage dans des conditions extrêmes, ce film demeure une véritable prouesse technique au résultat impressionnant. Une esthétique chiadée, des paysages à couper le souffle et un rendu 3D parfaitement maitrisé, permettent à Terre des Ours d’être accueilli positivement par le public présent lors de cette première Montréalaise. Une ode à la maternité et au cycle perpétuel de la vie qui pourrait bien se retrouver primé au FIFEM.
« Les distributeurs français ne comprennent pas le marché québécois »
[caption id="attachment_9815" align="alignright" width="300"] Extrait de Astérix et le domaine des dieux[/caption]Concernant cette sélection française, quatre films sont à l’honneur cette année : en plus de Terre des Ours, le FIFEM présente Le promeneur d’oiseau de Philippe Muyl (une production France/Chine), Aya de Yopougon de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie, Astérix et le domaine des Dieux de Louis Clichy et Jacques et la mécanique du coeur de Mathieu Malzieu et Stéphane Berla.
Obtenir les droits de projeter des films français n’est pourtant pas toujours aussi facile, d’après Jo-Anne Blouin. Du côté des distributeurs français, on ne comprend pas bien les mécanismes du marché québécois, selon elle. « Au Québec, nous sommes sept millions et la moitié vit à Montréal, souligne-t-elle. Les vendeurs français ne comprennent pas qu’on ne peut pas payer plus que le nombre d’entrées qu’on fera ensuite en salle. »
Pour obtenir Jacques et la mécanique du coeur par exemple, les distributeurs demandaient 500 000 euros, il y a trois ans. Jo-Anne Blouin a finalement trouvé le film en Californie, qui a acheté les droits du film pour l’Amérique du nord et, grâce au marché national, la directrice peut aujourd’hui le présenter au FIFEM. « Quand une copie sort au Québec, nous remplissons les salles car nous avons habitué les gens à venir au festival, explique-t-elle. Avec Le promeneur d’oiseaux, le distributeur me le donne pour le FIFEM et le film sort un peu plus tard en salle au Québec. C’est un petit « push » pour promouvoir le film. »
Une recette gagnant-gagnant que les distributeurs français auraient parfois du mal à saisir, selon la directrice, qui regrette de n’avoir pas plus accès aux productions françaises. « Mais avec un ticket de cinéma à sept dollars, on ne peut pas se permettre de payer 2 000 euros pour une projection », rappelle-t-elle.
Toutefois, l’avantage du festival reste de viser une jeune clientèle, qui se renouvelle chaque année. Aussi, dès qu’une copie peut être achetée pour projection, Jo-Anne Blouin n’hésite pas à se la procurer pour en faire profiter les spectateurs du FIFEM. Et ce, pour le plus grand plaisir, des petits et des grands.
Le festival se poursuit jusqu’à dimanche. Les projections ont lieu à plusieurs endroits dont les cinémas Beaubien, Impérial et du Parc. Programmation complète : www.fifem.com
(crédit photo : Sarah Laou, crédit visuel : FIFEM)
Bande annonce de Terre des ours : https://www.youtube.com/watch?v=QJC44FVwAhM]]>