En arrachant l’investiture du Parti socialiste au nez et à la barbe de Ségolène Royal, pour la prochaine élection sénatoriale du 26 septembre prochain, Yan Chantrel a fait un grand pas vers le Sénat. Le conseiller consulaire fraichement réélu ne jure que par la proximité et le travail de terrain pour tenter de franchir les portes du Palais du Luxembourg.
« C’est la victoire du terrain contre toute candidature parachutée », se réjouit Yan Chantrel. Candidat déclaré depuis cet été, le conseiller consulaire avait dans son viseur une candidate de poids, Ségolène Royal. L’ancienne ministre de 67 ans, en quête d’un nouveau mandat, avait pourtant repris sa carte du Parti socialiste (PS) cet été et comptait bien mener une liste officielle aux élections sénatoriales des Français de l’étranger le 26 septembre 2021.
C’était sans compter sur la pugnacité de Yan Chantrel. Sa « liste de rassemblement de la gauche écologiste, sociale et solidaire » a convaincu les instances du parti de gauche qui lui a donné l’investiture le 6 septembre dernier. « Chantrel a su emporter l’adhésion des militants sur sa candidature. Il est le plus à même de convaincre les grands électeurs de gauche », justifie la direction du PS.
« C’est un message fort qui a été envoyé en prenant en compte les personnes qui agissent et se battent quotidiennement pour nos compatriotes hors de France. », assène Yan Chantrel triomphant.
De son côté, l’ancienne candidat à l’élection présidentielle maintient quand même sa candidature (avec sa liste Une chance pour la France) et dénonce une décision « inutilement humiliante », « prise en catimini ».
Rassembler largement, au delà de la gauche
« La démarche a été depuis le début de rassembler largement, au-delà des étiquettes de partis, des acteurs de terrain issus du monde associatif, éducatif, culturel ou entrepreneurial, et fortement engagés au service de nos compatriotes pour la justice sociale et écologique et pour la solidarité. », ajoute le conseiller consulaire de Montréal.
La stratégie semble être convaincante. Yan Chantrel reçoit de nombreux soutiens à travers le monde et dernièrement ceux du Mouvement des progressistes et du Parti radical de gauche. Pourtant, le candidat montréalais reste prudent: » Nous devons poursuivre ce rassemblement car en raison d’aventures individuelles, le risque est que quelques voix puissent manquer pour assurer un siège à la gauche écologiste ».
Il faut dire que sa large victoire lors des élections consulaires du 29 mai dernier lui a donné des ailes. Sans étiquette politique formelle, le candidat de gauche a su rassembler sur sa notoriété en remportant cinq des douze sièges montréalais en jeu (3 conseillers des Français de l’Étranger et 2 délégués). Durant la pandémie de Covid-19, le conseiller à l’AFE s’est taillé une place de choix au sein de la communauté française, en organisant des webinaires d’information qui ont rassemblé plus de 200 personnes à chaque fois.
Passion et ténacité
Ce quadragénaire qui vit à Montréal depuis 10 ans, n’en est pas à son coup d’essai. Élu conseiller consulaire de Montréal et conseiller à l’Assemblée des Français de l’Étranger (AFE) en 2014, il se lance dans la bataille des législatives en 2017, dans laquelle il échoue. Contre vents et marées, malgré la débâcle de la gauche, laminée par La République En Marche (LREM), l’homme de gauche ne se décourage pas.
Son frère, Gael Chantrel, engagé en politique fédérale canadienne à gauche, témoigne de « la passion et la ténacité [de son frère] à défendre ce qui est juste coûte que coûte ». Il ajoute: » Nous sommes une famille de passionnés. Nous avons grandi en banlieue parisienne, nous y avons été témoins d’injustice, d’inégalités et cela nous a donné le goût de nous battre pour les combattre. »
Coordonnateur dans un organisme québécois de réinsertion des personnes judiciarisées, Yan Chantrel se définit comme un « progressiste d’Amérique ». Il veut rénover la vie politique française et projette déjà, s’il est élu, de « mettre en place avec les élu-es une plateforme participative afin que les Français puissent être informés et intervenir sur l’ensemble des sujets abordés en chambre, mais aussi pour rapprocher les citoyens du Sénat et des élus. »
Une gauche dispersée
Malgré cette première victoire de l’investiture, Yan Chantrel sait que les portes du Sénat ne s’ouvriront le 26 septembre prochain que s’il parvient à ratisser large en jouant la carte de la proximité et à rassembler sur son nom et sur sa liste judicieusement intitulée, « rassemblement de la gauche écologiste, sociale et solidaire ».
La bataille promet d’être rude car outre la liste de Ségolène Royal, le candidat montréalais devra compter avec une 3ème liste de gauche dont le numéro deux n’est autre que le président de l’AFE, Marc Villard, et surtout avec une liste écologiste dont il aimerait glaner quelques voix, et sur laquelle figure un autre élu montréalais, Ramzi Sfeir.
L’élection des sénateurs des Français de l’étranger aura lieu le 26 septembre prochain. Le vote par anticipation dans les ambassades et consulats français à l’étranger aura lieu le 18 septembre 2021. Dix listes, soit 80 candidats, brigueront les six sièges mis en jeu lors de ce renouvellement. (liste des candidats)