La campagne des élections provinciales bat son plein au Québec, et Philippe Couillard, chef du Parti libéral du Québec, a dévoilé son programme en matière de formation hier à Trois-Rivières.
Parmi les mesures d’un éventuel gouvernement libéral, se trouve l’épineuse question des frais de scolarité pour les étudiants français dans les universités québécoises. Philippe Couillard souhaite mettre fin au système avantageux qui permet aux jeunes français de payer les mêmes frais de scolarité que les étudiants québécois. Il veut « revoir les frais de scolarité des étudiants issus de la Francophonie afin qu’ils paient l’équivalent de ce que paient les étudiants canadiens. Cette révision permettra d’accroître la capacité d’attraction des universités au Québec et elle sera effectuée en partenariat avec elles ».
L’entente France-Québec remise en cause
Les Français du Québec n’ont pas tardé à réagir, d’autant qu’ils sont eux aussi en campagne électorale pour les élections consulaires du 24 mai. Julien Finlay, colistier écologiste de la liste du Rassemblement de gauche conduite par Brigitte Sauvage, est dubitatif. Il explique que cette mesure ne peut aboutir » sans renégocier l’entente France-Québec et en réunissant les syndicats universitaires ». Il ajoute que les modifications de frais ne seraient applicables qu’en septembre 2015 car la session actuelle est déjà ouverte aux inscriptions. Il fait remarquer que 60% des étudiants de HEC sont Français, et il doute qu’ils acceptent de payer 6000$ au lieu de 1500$, ce qui pourrait remettre en cause l’équilibre financier de l’établissement.
Du coté de Michael Pilater, porte-parole du collectif « Non à la hausse des frais de scolarité », et par ailleurs tête de liste de l’UMP pour les élections consulaires, « c’est une très mauvaise nouvelle pour les étudiants français, qui va à l’encontre des accords de mobilité entre la France et le Québec depuis près de 40 ans ». Il ajoute que les Français ne viennent pas simplement pour bénéficier des frais de scolarité avantageux au Québec mais qu’ils y restent après leurs études pour contribuer au développement économique du Québec, qui a un réel besoin de main d’œuvre à cause d’une faible natalité. Il précise enfin que si cet accord bi-latéral est remis en question, il touchera également les Québécois qui viennent étudier en France et qui bénéficient de la quasi-gratuité des frais de scolarité.
Par ailleurs, pour le sénateur des Français établis hors de France, Richard Yung, en visite hier au Québec, « si les frais de scolarité augmentent pour les Québécois, il parait difficile de demander un traitement de faveur pour les étudiants français ». En revanche, il suggère la renégociation d’un accord global. D’après Christiane Taubira, ministre française de la Justice, Vincent Peillon, ministre français de l’Éducation Nationale, a été saisi du dossier.