Au terme d’un suspense qui s’est prolongé, Michaëlle Jean a finalement été portée à la tête de l’Organisation Internationale de la Francophonie à Dakar ce dimanche. Soutenue par le Canada et le Québec, l’ex-Gouverneure générale du Canada avait finalement reçu un timide appui de la France à l’aube de l’ouverture du XVe Sommet.
Michaëlle Jean est devenue aujourd’hui Secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) pour les cinq prochaines années. C’est la première fois qu’une femme accède à cette fonction, et c’est également la première fois qu’une américaine parvient à ce poste. En effet, le continent africain qui comprend le plus grand nombre de pays francophones dans le monde, était le pourvoyeur naturel des secrétaires généraux de l’organisation.
Abdou Diouf, qui a dirigé l’OIF pendant 10 ans, ne sollicitait pas de nouveau mandat. L’Afrique avait quatre candidats, et la France a toujours dit vouloir se rallier à un candidat de consensus africain.
Changement de ton à Paris en fin de semaine dernière, lorsque le président François Hollande évoque les qualités de Michaëlle Jean : «Au-delà du fait que c’est une femme, qu’elle a été elle-même très engagée dans un certain nombre de combats, qu’elle est d’origine haïtienne, il y a effectivement des réussites incontestables qui s’attachent à cette candidature ». La France, qui pèse pour plus de 40% dans le budget de l’organisation, a une voix qui compte dans le choix du secrétaire général.
« Les femmes doivent être plus qu’un thème de sommet »
Du côté du Canada, la candidature de l’ancienne gouverneure générale Michaëlle Jean a reçu un appui sans failles du gouvernement fédéral et des provinces du Québec et du Nouveau-Brunswick, à l’exception de l’ex-premier ministre du Québec Bernard Landry. Elle a d’ailleurs déclaré aujourd’hui : « Je tiens à remercier tout particulièrement les gouvernements du Canada, du Québec, du Nouveau-Brunswick et d’Haïti pour leur appui indéfectible à ma candidature. »
Ancienne journaliste, ex-Gouverneure générale du Canada, la canadienne Michaëlle Jean est d’origine haïtienne, et a détenu un passeport français avant d’entrer à Rideau Hall en 2005. À 57 ans, elle devient la première femme à occuper la tête de l’OIF. Christine St-Pierre, ministre de la francophonie du Gouvernement du Québec, a milité à Dakar jusqu’au bout, pour qu’une « vision moderne de la francophonie, portée par une femme », l’emporte. Dans une entrevue exclusive , Michaëlle Jean avait déclaré vendredi à Radio-Canada : « Les femmes doivent être plus qu’un thème de sommet ». Il faut dire que le thème du XVe Sommet, « Femmes et jeunes, vecteurs de paix, acteurs du développement », servait la candidature de Michaëlle Jean face à ses challengers masculins.
Dans une entrevue au Soleil en juin dernier, Michaëlle Jean disait vouloir « miser sur son côté terrain, citoyen ». Après la francophonie politique d’Abdou Diouf, Michaëlle Jean veut développer la francophonie économique, surtout pour les pays africains. Durant sa campagne, elle a visité la plupart des pays d’Afrique, et s’est rendue dans trois pays d’Asie.
L’absence de consensus parmi les quatre candidats africains, Jean-Claude de l’Estrac, ex-ministre des Affaires étrangères de Maurice, Henri Lopes, ancien premier ministre du Congo-Brazzaville, Pierre Buyoya, ancien président du Burundi, et Agustin Nze Nfumu, un Équato-Guinéen, et le ralliement français ont ainsi permis cette élection historique dans l’histoire de l’OIF. Le premier Forum économique de la francophonie, qui débute demain à Dakar, va permettre à Michaëlle Jean d’amorcer son mandat sous l’angle économique, comme elle l’a souhaité.
(crédit visuel : michaellejean.ca)