Près de 30 000 personnes, dont des personnalités politiques québécoises, ont participé à la marche silencieuse organisée par le Collectif « JesuisCharlie Montréal » ce dimanche matin à Montréal, en hommage aux 17 victimes des attentats survenus cette semaine en région parisienne. Ils étaient entre 25 000 et 30 000 participants selon l’organisation, chiffres corroborés par les forces de sécurité sur place, à être venus défendre la liberté d’expression et de la presse. Chaudement vêtus et armés de pancartes indiquant « Je suis Charlie », « Je suis Ahmed » ou colorées de caricatures, les marcheurs ont pris le départ depuis la Place des arts, vers 11h00, en direction du Consulat général de France situé sur l’avenue McGill College. Crayons brandis bien au-dessus de leur tête ou accrochés sur leur tuque, des personnes de tous les âges et de toutes les nationalités étaient présentes ce matin et les mots « solidarité » et « liberté » revenaient constamment dans les conversations entre manifestants. Drapeaux français, québécois, voire palestiniens et israéliens, ont volé à l’unisson pendant plus d’une heure. Plusieurs dignitaires ont également répondu à l’appel du Collectif, comme le maire de Montréal Denis Coderre, la ministre de la justice Stéphanie Vallée, le ministre de l’éducation Yves Bolduc, le ministre de la santé Gaëtan Barrette, le président du Conseil du trésor Martin Coiteux, et la ministre de l’immigration, la diversité et l’inclusion au Québec, Kathleen Weil, mais aussi Martine Ouellette, députée du parti Québécois (PQ) et Sadia Groguhé, députée du nouveau parti démocratique (NPD). Giovanni Rapana, membre du Conseil des Italiens de l’étranger, Chantal Rouleau, mairesse de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, et Haroun Bouazzi, de l’association des Musulmans et des Arabes pour la laïcité au Québec, faisaient partie du cortège. M. Coderre s’est dit « très fier des montréalais » et a souhaité appuyer les propos tenus par le président français François Hollande, lors de son allocution à la suite du drame. « C’est un moment historique qui s’est passé avec cette tragédie mais maintenant il faut regarder vers l’avenir, a-t-il souligné. Comme l’a dit le président Hollande, il faudra trouver un équilibre entre l’ouverture et la vigilance et s’assurer de ne pas créer des amalgames. » Se tenant par les bras, l’ensemble de la classe politique française et québécoise, suivie de près par les médias, a marché d’un pas solidaire, et en silence, en tête de cortège. Un sentiment d’unité chez les manifestants La marche s’est déroulée dans le calme et les participants auxquels nous avons parlé se sont félicités d’une telle mobilisation pour cette cause, à Montréal comme en France. Mais ils étaient aussi tous conscients du drame dont la France vient d’être le théâtre, durant ces trois jours, noirs pour la démocratie. Pour cette jeune femme musulmane, d’une vingtaine d’années, il était important d’être présent aujourd’hui, pour défendre une cause à laquelle beaucoup s’identifie et pour montrer sa fraternité. « Je suis d’origine marocaine et je fais partie du monde arabe, indique-t-elle. On doit répondre à des accusations qui sont parfois liées à des amalgames mais au-delà de toutes les différences religieuses et politiques, on est tous unis pour la même cause et pour la liberté d’expression. » Un peu plus loin, un jeune homme d’origine française juge important de représenter la France à Montréal aujourd’hui. « Ces dessinateurs sont morts pour les idéaux qu’ils défendaient », estime-t-il. Les marcheurs se sont ensuite tous rassemblés devant le Consulat de France où une minute de silence a été observée et l’hymne national entonné. Là, le Consul général de France à Montréal, Bruno Clerc, a remercié une nouvelle fois la mobilisation des Québécois et leur appui. « Hier c’était le temps du deuil, aujourd’hui, c’est le temps du sursaut », a-t-il martelé, avant que la foule ne reprenne, en chœur, « Charlie, Charlie, Charlie ». Ce rassemblement a été « la plus grosse manifestation en dehors de l’Hexagone » selon le consul, « du jamais vu à Montréal » selon la police. (Crédit photo : Rozenn Nicolle et Charlotte Lopez ) [gallery columns="5" link="file" ids="8367,8369,8380,8379,8372,8371,8370,8375,8373,8374,8376,8378,8381"]]]>