Les 23 avril et 7 mai prochains, à l’occasion d’un scrutin uninominal à deux tours, les électeurs français seront appelés aux urnes pour élire leur nouveau chef d’État. Pour des raisons historiques et culturelles, l’élection présidentielle française revêt au Québec un caractère singulier. C’est pourquoi, la presse québécoise s’attache à couvrir cet événement dont les rebondissements ne manquent pas. Contraints de composer avec un déluge de scandales polarisants qui écorchent tour à tour François Fillon, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, les observateurs québécois pourraient bien passer à côté d’un phénomène politique suscitant actuellement en France un remarquable engouement.
Les neufs mois qui viennent de s’écouler ont été marqués par une série de secousses électorales que peu d’observateurs avaient anticipées. En ce sens, les victoires inattendues du Brexit, de Donald Trump, de François Fillon à la primaire de la droite, de Benoît Hamon à la primaire de la gauche et, dans une certaine mesure, d’Emmanuella Lambropoulos dans Saint-Laurent témoignent de l’existence d’un fossé grandissant entre les aspirations populaires et la capacité des observateurs de la scène politique à prévoir le cours des événements. Dans une période où les prévisions politiques sont régulièrement contredites par les résultats qui sortent des urnes, ne devrions-nous pas nous interroger sur la pertinence d’appliquer des grilles de lectures conventionnelles à des dynamiques et des courants politiques qui émergent et se développent en dehors des circuits traditionnels ?
À bien des égards, la candidature de François Asselineau, président de l’Union Populaire Républicaine (UPR), un parti qui s’est entièrement développé sur Internet, exemplifie parfaitement les limites des méthodes prédictives actuelles. En effet, rares sont ceux qui ont vu venir ce haut fonctionnaire de 59 ans, époux et père de deux enfants qui, à la surprise générale, est parvenu à gagner la confiance des élus de la République en obtenant les fameux « 500 parrainages », condition sine qua non à toute participation officielle à la course à l’Élysée.
Pourtant, cette « surprise électorale » était relativement prévisible. Si les parrainages d’élus formaient un marché et que l’UPR était une entreprise, en voyant soudainement son carnet de commandes exploser, son site Web et sa chaîne YouTube se positionner respectivement aux premier et deuxième rangs en matière de fréquentation dans son secteur d’activité et ses clients vanter partout les mérites de ses produits, le succès appelant le succès, les investisseurs avisés ne s’y seraient pas trompés. Ainsi, en considérant des données de cette nature et en les comparant avec l’ensemble des partis en concurrence, un observateur attentif aurait repéré de loin celui qui se désigne comme étant « le candidat du Frexit ».
Ce globetrotteur invétéré et passionné d’histoire qui fonda le 25 mars 2007 le parti qui allait devenir 10 ans plus tard un des partis en plus forte croissance de la scène politique française, bien décidé à ne pas faire de la figuration, prévient qu’il pourrait bien « créer la surprise le 23 avril prochain ». S’il est vrai qu’en politique 30 jours c’est une éternité, dans la catégorie « coups de théâtre politiques 2016-2017 », François Asselineau est sans doute un outsider à surveiller.
Annick Brousseau,
Diplômée d’une maîtrise en relations internationales, politique étrangère, coopération et développement, UQÀM
Gaspard Skoda,
Délégué de l’UPR pour le Canada,
Délégué de zone de l’UPR pour la première circonscription des Français établis hors de France
L’UPR célèbre son 10e anniversaire le 25 mars prochain: loutardeliberee.com/lupr-fete-10-ans-a-montreal
(photo de Une: François Asselineau – Crédit: UPR)