Roméo Langlois et Doan Bui, récipiendaires du Prix Albert Londres 2013 à Montréal.
Crédit photo : Nathalie Simon-Clerc
C’est à la Grande Bibliothèque de Montréal hier soir, que les prix Albert-Londres ont été remis. Doan Bui, pour la presse écrite, et Roméo Langlois, pour l’audiovisuel, sont les heureux récipiendaires des récompenses 2013.
Le monde du journalisme québécois et français a célébré « le Goncourt du journalisme » à Montréal. Pour son 80ème anniversaire et la première fois de son histoire, le Prix Albert-Londres, se déplaçait en Amérique du nord, et au Québec, pour souligner la qualité du travail journalistique dans notre province.
D’ailleurs, Jean-François Lisée, ministre des relations internationales, de la francophonie, et du commerce extérieur du Québec, et lui-même ancien journaliste, a soulevé une salve d’applaudissements de la centaine de professionnels des médias présents, en rendant hommage aux journalistes québécois qui ont dénoncé la corruption. « En tant que ministre de la métropole, je veux que l’on dise dans deux ans, que Montréal est l’endroit ou l’on a mis la corruption K.O. », a-t-il ajouté. Il a rappelé le rôle essentiel de la presse, garante de la démocratie. Élaine Ayotte, responsable de la culture, du patrimoine et du design à la Ville de Montréal, a également lancé à ses anciens confrères : « Ne perdez pas votre audace d’écrire, de filmer, d’enregistrer, pour vivre dans un monde meilleur! »
Sous la présidence d’Annick Cojean, grand reporter au quotidien Le Monde, le jury a du délibérer et choisir parmi 54 candidatures en presse écrite, et 41 candidatures en audiovisuel.
C’est finalement Doan Bui, du Nouvel Observateur, qui a reçu le prix Albert-Londres en presse écrite, pour son article « Les fantômes du fleuve », publié le 10 mai 2012. Ce reportage raconte l’odyssée de migrants essayant, au péril de leur vie, de rejoindre l’espace Schengen en traversant une rivière entre la Turquie et la Grèce.
Pour l’audiovisuel, c’est Roméo Langlois, de France 24, qui a été récompensé pour son film « À balles réelles », diffusé le 20 juin 2012. Alors que le journaliste suivait une opération menée par des militaires colombiens pour démanteler un laboratoire de drogue clandestin des FARC, il a été mitraillé, blessé et capturé.
Les Québécois Marie-Ève Bédard et Sylvain Castonguay, journalistes à Radio-Canada, étaient finalistes dans cette même catégorie, et Guillaume Lavallée, de l’AFP Québec, dans la catégorie presse écrite.
Maka Kotto, ministre de la culture et des communications du Québec, ainsi que Philippe Zeller, ambassadeur de France au Canada, et Bruno Clerc, consul général de France à Montréal, avaient également tenu à honorer cette remise de prix de leur présence. Tous n’ont pas manqué de rappeler l’importance du métier de journaliste, et sa mission, à travers les mots d’Albert Londres : « Notre métier n’est pas d’être pour ou contre, non plus que de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie ».
Très belle célébration du journalisme professionnel, malheureusement encore insuffisant pour soutenir toute l’année une des rares professions dont la vérité et l’intégrité est une des valeurs fondamentales. Il n’y a encore pas apparemment de récompenses pour les journalistes web, la génération montante vidéo ou photo. On reste encore enfermé dans un prix prestigieux dont l’indispensable utilité est atténuée par sa rareté. Ce qui est rare est cher, mais en journalisme aujourd’hui ce qui est rare est d’être payé, même pas cher… Félicitation aux récipiendaires et à ceux qui ont l’admirable humilité de continuer à valoriser ce métier que la gratuité lancinante de l’exercice compromets au quotidien.