Mercredi dernier, les Républicains de Montréal accueillaient une délégation de jeunes parlementaires français pour débattre des primaires, mais aussi des réformes de fond que la droite devra engager si elle accède au pouvoir.
Par Nathalie Simon-Clerc et Théodore Doucet
Le trio de quadragénaires a débarqué au Québec la semaine dernière. Le voyage, organisé par l’ambassade du Canada à Paris, a mené les parlementaires à Ottawa, Montréal et Toronto, durant six jours.
Franck Riester, député-maire de Coulommiers, et Arnaud Robinet, député-maire de Reims, soutiennent Bruno Le Maire, tandis que Maël de Calan, conseiller départemental du Finistère, soutient Alain Juppé. Il est également le créateur d’un think-tank, La boite à idées, qu’il rebaptise volontiers « la droite des solutions ». Avec ses acolytes, il s’interroge sur l’échec de la droite durant les années Sarkozy. « Il faut arriver au pouvoir avec les idées claires et un mandat clair », explique celui qui a fait le choix du maire de Bordeaux. « Nous avons la possibilité de faire un choix, mais nous serons derrière le gagnant à l’issue de la primaire », affirme Arnaud Robinet, qui insiste sur l’unité du parti des Républicains.
Les Français de l’étranger sont une force gigantesque
« On a un problème de gouvernance dans le pays », avance Franck Riester qui veut s’attaquer aux cumuls des mandats et casser la mainmise de la haute fonction publique sur la politique; il fait partie des dix députés qui sont encore chef d’entreprise en plus d’être élus. « Il y a pour 10 ans de boulot », lâche-t-il, avant d’ajouter qu’il faut également revoir le « paritarisme » afin d’assurer la réussite des réformes. Mais à défaut de proposer une politique alternative, le trio affirme que les électeurs sont tentés de se tourner vers le Front National.
« N’oubliez pas les Français de l’étranger », ont prévenu les militants et sympathisants du parti de droite à Montréal, qui souffrent parfois d’être assimilés à des exilés fiscaux, y compris par les parlementaires de droite. Ils affirment vouloir continuer de s’investir en France, mais découragés par les réformes successives, ils se détournent parfois de leur pays. La question de la CSG-CRDS a évidemment été abordée par les Montréalais présents, qui souhaitent que les candidats se penchent sur leurs différentes problématiques. « Les Français de l’étranger sont une force gigantesque pour le pays », rassure Maël le Calan.
Alimenter la « boite à idées »
Durant cette réunion, les trois élus ont mentionné quelques inspirations récupérées au fil des entrevues (notamment à Ottawa avec le ministre des Affaires Étrangères du Canada, Stéphane Dion) et rencontres en terre canadienne. Et c’est peu dire que la « boîte à idées » recevra quelques billets supplémentaires. Franck Riester a été, par exemple, convaincu par le conseil du Trésor canadien, un organe gouvernemental d’optimisation des dépenses publiques et de surveillance de la bonne gestion des ministères. « Et ils ont créé un secrétariat qui est responsable de la réduction de la paperasse administrative », applaudit-il, avant d’envoyer une pique à Jean-Vincent Placé, secrétaire d’État chargé de la Réforme de l’État et de la simplification.
Pour Arnaud Robinet, certaines idées ne sont pas transposables en France « pour la simple et bonne raison que l’histoire et la culture ne sont pas les mêmes. Le Canada est un pays fédéral alors que la France est très centralisée, ce qui implique moins de pouvoirs aux régions et départements. En revanche, on peut transposer des méthodes par exemple sur les relations entre les administrations et le pouvoir politique : non pas une administration omniprésente mais un appareil au service du politique. »
Maël de Calan, quant à lui, retient les quotas d’immigration annuels votés qui, « bien que difficilement transposables en France », se révèlent selon lui indispensables pour éviter le regroupement familial non limité. Les trois visiteurs on également été frappés par le système très décentralisé de l’éducation au pays de l’érable (il y a 22 ministres de l’éducation pour 13 provinces et territoires).
Enfin, M. Riester soutient que « la nouvelle génération Trudeau qui est aux responsabilités crée un souffle nouveau au Canada. Il a su renouveler le pays, il y a beaucoup de volonté, d’innovation, c’est un déclic, un esprit de conquête qu’on a envie de voir en France. » Un clin d’œil à peine voilé à son candidat aux primaires des Républicains.