Sénateur des Français de l’étranger depuis près de 25 ans, ancien journaliste, Robert del Picchia a une passion pour ces Français du bout du monde. Viennois depuis quarante ans, il est également l’un des leurs. De passage à Montréal fin octobre, à l’invitation de François Lubrina, élu à l’Assemblée des Français de l’Étranger (AFE), il est venu, tel un messager, apporter la bonne parole du vieux continent, aux Français de Montréal.
« Je n’ai pas de bonnes nouvelles de la France » a asséné le sénateur en guise d’introduction.
Vice-Président de la Commission des Affaires Étrangères, de la Défense et des Forces Armées au Sénat, membre de l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP) et de l’Opposition, il a dressé un sombre tableau des premiers mois du gouvernement socialiste. Il a dénoncé un acharnement contre les mesures de l’ancien président Sarkozy, « par bêtise et idéologie ». Prenant pour exemple la suppression de l’augmentation de la TVA prévue dans le budget précédent, il a affirmé que 80% des lois du gouvernement Fillon ont été abolies par les socialistes.
Il a regretté l’absence de préoccupation pour les économies et prédit une explosion des impôts pour 2013. Mettant en avant « l’idéologie un peu sectaire, l’incapacité à gérer les finances et à manager le gouvernement », du premier ministre Ayrault, il brosse un tableau peu reluisant de l’économie française et conclue : « J’ai mal à la France ».
Les Municipales pourraient faire basculer le Sénat
Une note d’optimiste a éclairé l’exposé du Sénateur, qui prétend que les prochaines élections municipales (en 2014) pourraient traduire un mouvement d’humeur des Français contre le gouvernement actuel, et être salutaire à la droite défaite en juin dernier. En effet, les élus municipaux constituent les « grands électeurs » du Sénat, ou une fragile majorité de gauche pourrait basculer au profit de la droite. Robert del Picchia espère bien que cette future majorité soit une arme pour combattre les projets de loi du gouvernement socialiste, et marquer ainsi la reconquête du pouvoir par la droite.
Un élève français à l’étranger coûte deux fois moins cher qu’un élève en métropole
Président du Rassemblement pour les Français de l’Étranger (RFE), Robert del Picchia est particulièrement concerné par les dossiers préoccupant ses compatriotes hors de France. Il regrette la suppression de la prise en charge des frais de scolarité (la PEC) instauré par Nicolas Sarkozy. Un élève scolarisé à l’étranger coûte deux fois moins cher qu’un élève en France. La promesse de revalorisation des bourses scolaires, à hauteur du budget de la PEC de 12 millions d’euros, n’a, d’après lui, pas été honorée.
Il est revenu sur la décision de l’ancien président Sarkozy d’instaurer des députés pour les Français de l’étranger, et a qualifié de « connerie » les parachutages qui ont contribué à la défaite d’une majorité de ces onze nouveaux députés.
« L’avenir de l’UMP est un grand point d’interrogation »
Alors que François Lubrina, vice-président du RFE pour l’Amérique du nord, et élu à l’AFE, l’interrogeait sur l’avenir de l’UMP, le sénateur del Picchia est resté circonspect, et aurait préféré des « primaires » comme le Parti Socialiste l’a fait pour désigner son candidat à la Présidentielle. Il soutient l’ancien premier ministre François Fillon, mais prédit une victoire de Jean-François Copé, actuel secrétaire général de l’UMP. Le congrès pour désigner l’un des deux hommes, aura lieu le 18 novembre prochain.
Enfin, Robert del Picchia a rappelé l’origine du RFE, qu’il a créé en 1995, et qui rassemble des élus UMP et centristes, voire même non inscrits, pourvu qu’ils partagent la même préoccupation pour défendre les Français de l’étranger, et qu’ils adhèrent à « une certaine idée de la France ».
Il a également remis, au cours d’une cérémonie amicale, la médaille du Sénat, à Henri Laisné, Français établi au Canada depuis quarante ans, et propriétaire d’une imprimerie sur la rive sud de Montréal.