À 50 ans, Roland Lescure délaisse une brillante carrière au Québec et en France, pour mener sa première campagne électorale. L’ex-numéro deux de la Caisse des Dépôts et Placements du Québec (CDPQ) est le candidat d’Emmanuel Macron pour l’élection législative des 3 et 17 juin prochains en Amérique du Nord. Sous la bannière « La République en Marche », il fait partie de la cohorte de candidats issus de la société civile que le nouveau président de la République veut faire élire à l’Assemblée Nationale pour se donner une majorité.
« Il faut que les Français qui vivent en Amérique du Nord nous aident à transformer la France, pour moi c’est le plus important. Je souhaite être leur porte-voix », explique Roland Lescure pour justifier sa candidature. Dès lundi, il se lance dans un marathon électoral de quelques semaines en Amérique du Nord pour convaincre ses compatriotes. Une première pour ce Québécois d’adoption, qui depuis 2009, a mené une brillante carrière auprès de Michael Sabia avant de démissionner en mars dernier. Le virus de la politique l’a piqué en avril 2016. Il adhère au mouvement En Marche! naissant à Montréal. « La démarche d’Émmanuel Macron m’interpelait, je le suis avec intérêt depuis longtemps », confie l’ex-dirigeant de la CDPQ. Le Brexit, l’élection de Trump, la tournure de la campagne électorale française,… s’en était trop pour lui. Il lâche la CDPQ et s’engage à temps plein dans la campagne présidentielle montréalaise de celui qu’il qualifiait de « jeune homme clairvoyant et lucide » lorsqu’il le rencontre pour la première fois à l’Élysée en juin 2012.
« Je veux participer à la transformation de la France »
En « parfait accord » avec le programme et la démarche politique du nouveau président de la République, Roland Lescure veut « être élu pour participer à la transformation de la France ». Il veut apporter son expertise en économie acquise tout au long d’une carrière de 25 ans, menée en France à l’INSEE puis dans la gestion d’actifs de groupes mutualistes français, et enfin à la Caisse des Dépôts et Placements du Québec. Européen convaincu, il faisait partie de l’équipe qui a préparé l’entrée de la France dans l’Euro dans les années 90. L’Europe, ce père de trois enfants la met au cœur de sa vie personnelle. « J’ai épousé une irlandaise rencontrée à Bruxelles », s’amuse-t-il.
Polytechnicien et titulaire d’une maîtrise en économie de la London School of Economics, Roland Lescure reconnait avoir bénéficié d’un « ascenceur social et républicain » qui, selon lui, ne fonctionne plus en France. « L’éducation et la culture, au coeur du programme d’Émmanuel Macron, sont la mère de toutes les batailles et les premières discriminations », prétend le candidat, qui a grandi à Montreuil, en banlieue est de Paris.
Une réflexion plus large sur les droits et devoirs des citoyens français à l’étranger
« Les Français qui vivent en Amérique du Nord ont une perspective unique sur la France; ils savent ce qui marche bien et ce qui marche moins bien », fait valoir le candidat de La République en Marche. Pour autant, il veut également porter des propositions pour améliorer le quotidien de ses compatriotes d’Amérique du Nord.
L’éducation, bien-sûr, figure au rang de ses priorités. « L’AEFE fait face à des défis énormes de financement et de capacité », souligne-t-il. Il veut améliorer l’accès aux établissements des familles modestes en révisant le système de bourses, donner plus d’autonomie aux établissements et surtout ancrer l’enseignement français dans la réalité locale, comme c’est le cas au Collège Stanislas ou Marie-de-France. « Le lycée français doit être un pont entre la France et l’international », résume-t-il.
La décriée CSG-CRDS doit, à ses yeux, faire partie d’une réflexion plus large sur les droits et devoirs des citoyens français à l’étranger, réflexion dont il veut être un acteur. « Ça couvre les enjeux de fiscalité, de protection sociale, de retraite ou de caisse des Français de l’étranger », croit-il. Il affirme qu’Emmanuel Macron veut « remettre tout ça à plat pour avoir une réflexion globale et cohérente sur ces sujets, avec des solutions plus complètes qu’une approche unidimensionnelle ». Il renchérit: « C’est un problème essentiel, qui fait partie du lien social et financier entre les Français de l’étranger et la France, et que l’on ne peut régler en deux coups de cuillère à pot! »
Enfin, l’accès à une administration « électronique » plus fluide est également un enjeu qu’il souhaite développer durant la campagne électorale. Il vise les démarches administratives mais également le vote électronique pour toutes les élections. « Je suis persuadé qu’avec le vote électronique, on aurait eu beaucoup plus que 42% de participation à l’élection présidentielle », commente-t-il en pensant aux Français du Québec qui ne vivent pas dans les villes.
Mon ancrage est en Amérique du Nord
Dès lundi, ce battant part en campagne à travers l’Amérique du Nord, pour un périple qui pourrait bien le mener sur les bancs de l’Assemblée Nationale à Paris le 18 juin prochain. Mais ce Québécois d’adoption veut avoir « un pied de chaque côté de l’Atlantique ». « Mon ancrage est à Montréal et en Amérique du Nord », confie le candidat de La République en Marche. D’ailleurs, sa famille continuera de vivre dans la métropole québécoise. « Le Québec est un lieu fantastique pour élever des enfants », plaide celui que le Québec a aussi adopté.
(Crédit photo: Nathalie Simon-Clerc – Cédrelle Eymard – Tous droits réservés)