La Secrétaire d’État française chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, veut s’inspirer des bonnes pratiques du Québec et du Canada en matière d’école inclusive et changer le regard sur le handicap voire même sur les différences en France. Elle était en visite exploratoire de ce côté-ci de l’Atlantique la semaine dernière.
« J’ai pris la mesure de la société inclusive que forment le Canada et le Québec », explique Sophie Cluzel à notre micro, à l’issue de sa visite de cinq jours, qui l’a menée au Québec, en Ontario et au Nouveau-Brunswick. La ministre française a pu observer le parcours de la personne handicapée, depuis l’école jusqu’à l’entreprise, en passant par le logement ou encore le baluchonnage, qui permet de soulager les aidants-proches de malades d’Alzheimer.
Un parcours intégré au sein de l’école
« Le Québec est en avance sur nous pour l’école inclusive, par la coopération entre professionnels (psychologue, orthopédagogue, éducateur, …) et ce qui est très intéressant, c’est que tout se passe au sein de l’école, contrairement à la France. », raconte Mme Cluzel. Cette maman de quatre enfants sont une fille trisomique a noté avec intérêt le regard croisé des professionnels au service d’un parcours intégré, qui contribue à une meilleure construction de l’élève.
Elle apprécie ce système « gagnant-gagnant pour tout le monde » car l’élève n’est pas stigmatisé par ses sorties à l’extérieur pour aller consulter l’orthophoniste par exemple. « Il y a un vrai vivre ensemble car l’élève est vraiment élève de son école », estime la ministre française.
Le modèle québécois, Sophie Cluzel veut l’importer en France. Il y a déjà des coopérations entre les Académies de Versailles et Aix-Marseille avec des équipes du Québec et du Canada, pour mettre en œuvre l’école inclusive en France. « Mon but c’est de pouvoir amplifier cette dynamique et la déployer sur l’ensemble du territoire français », indique la ministre qui estime que c’est « possible et bénéfique ».
Elle souligne d’ailleurs qu’une feuille de route croisée avec le ministre de l’éducation nationale et le ministre de l’enseignement supérieur a été établie pour travailler à une meilleure scolarisation des élèves handicapés.
Changer le regard sur le handicap
L’école inclusive participe, selon elle, au regard bienveillant sur le handicap, mais aussi sur toutes les différences. « Le handicap est une différence parmi d’autres au Québec qui porte un regard très naturel sur ces différences », commente-t-elle. Cette politique québécoise sert au plus grand nombre. « Il y a un bienfait indéniable sur la qualité de relationnel entre les enfants, sur la tolérance, la bienveillance et la confiance », ajoute-t-elle.
Mais le levier principal de son action en faveur de l’intégration des personnes handicapés au sein de la société, c’est Édouard Philippe qui lui a donné, en rattachant directement son ministère à Matignon. « Pendant longtemps, ce ministère était rattaché à la Santé. Aujourd’hui, on peut transformer la politique du handicap en définissant une politique interministérielle en matière d’école, d’emploi, de santé, de culture, … », considère Mme Cluzel.
La ministre française explique qu’une feuille de route très précise sur la transformation de l’école en France a été établie, mais « ça ne va pas se faire du jour au lendemain ». Elle veut une école qui accueille toutes les différences : les élèves handicapés, mais aussi les élèves surdoués, les élèves avec des troubles d’apprentissage ou encore des élèves qui ne possèdent pas la langue.
Très heureuse de cette visite dense, elle ajoute que lors de sa rencontre avec Christine St-Pierre, le Québec s’est montré très intéressé par la stratégie « autisme » mise en place en France. Selon elle, il y a une vraie coopération entre la France et le Québec dans ce domaine. « On peut avancer main dans la main », conclut-elle.
Le ministère de Sophie Cluzel: https://www.gouvernement.fr/ministre/sophie-cluzel
(Photo de Une: Sophie Cluzel et Christine St-Pierre – crédit: Twitter)