Le 29 avril dernier, une centaine de personnes se sont rassemblées au Mont-Royal pour protester contre la percée du Front National lors des élections présidentielles françaises et inciter les électeurs à se mobiliser pour exprimer leur voix le 6 mai prochain en Amérique du Nord, pour le second tour.
Par Émeline Raimond
Le départ s’est fait vers 14H en bas du Mont-Royal, à partir du monument George-Etienne Cartier. Le rassemblement, Montréal se mobilise pour la République, a été conjointement organisé par En Marche Montréal, l’UDI Montréal, et Français du Monde Québec. Tous les habitants de la métropole intéressés par la démarche, sans être forcément affiliés à une bannière politique, étaient conviés à se joindre à l’évènement.
« Aujourd’hui, les électeurs associent davantage le Front National à la lutte contre le terrorisme qu’au racisme », regrette Alice, vingt-huit ans, en PVT à Montréal depuis quelques mois. « Ils oublient que les idées traversent les frontières. Je n’ai pas voté Macron au premier tour, ce n’est pas à ses convictions que je donne ma voix. Mais j’ai peur de la situation dans laquelle on risque de se retrouver si Marine le Pen devient présidente. »
Le mouvement, qui s’est dirigé vers le Belvédère du Mont-Royal, a culminé à mi-parcours avec un peu plus d’une centaine de participants. Les volontaires ont pu prendre la parole au micro pour formuler leurs déclarations et les raisons de leur présence au rassemblement, sans promouvoir l’allégeance à un candidat. Cet apolitisme affiché s’exprime aussi par l’absence de déclaration officielle des personnalités politiques locales qui ont fait le déplacement.
Au-delà des divergences, le mouvement exprimait en particulier le rejet des valeurs identitaires et la crainte d’une dérive autoritaire en cas de victoire du Front National aux élections.
« Macron? on ne peut pas prédire sa victoire avec certitude »
Le recul du droit des femmes est également une préoccupation, à l’image de ce que l’on voit aux Etats-Unis depuis l’investiture de Donald Trump : « J’ai défendu la loi Veil en France, et étudié son impact dans mes travaux universitaires, à l’époque, se souvient Françoise, qui habite le Québec depuis quarante ans. Or certains ténors du FN sont connus pour leurs prises de position anti-avortement. »
Rappelons quand même que Marine Le Pen n’a remporté que 6.4% des voix au premier tour dans la circonscription de Montréal, loin derrière Emmanuel Macron (36.1%) et Jean-Luc Mélenchon (29.6%). Les résultats de Montréal, où la présence du FN est réduite, ne sont pas représentatifs de ceux de la France territoriale.
Le climat serein régnant parmi les immigrants français d’Amérique du Nord explique peut-être en partie la faible mobilisation des habitants, au vu de la diffusion de l’évènement. Cependant, la partie n’est pas gagnée d’avance : « Beaucoup d’électeurs déçus par le premier tour choisiront de ne pas voter, s’inquiètent Suzy et Lalla, qui se sont jointes ensemble au mouvement, et sont respectivement originaires d’Irlande et du Mali. Nous sommes pour une Europe plus forte, nous soutenons le pragmatisme d’Emmanuel Macron. Mais on ne peut pas prédire sa victoire avec certitude. »
L’enjeu pour le prochain président français sera alors de dégager une majorité forte aux législatives de juin, et de gouverner en dépit des profonds clivages ayant marqué les élections.
Le reportage audio de Cédrelle Eymard:
Les résultats du 1er tour de l’élection présidentielle à Montréal: Présidentielle 2017 : Une vague En Marche en Amérique du Nord